Lorsque l'on pratique une musique aussi aride et que Morkobot, ça aide quand même pas mal de soigner l'objet. En l'occurrence ici, avec Morbo, le label SupernaturalCat Records, qui travaille notamment avec le fameux collectif d'artistes visuels Malleus, et a l'habitude de soigner tout particulièrement ses productions (Ufomammut, I.C.O, Lento notamment...), a assuré le coup en livrant l'album en édition limitée CD+LP ou uniquement CD emballé dans un élégant digipak 3 volets. Plutôt très classe et un bon point au moment où vient le moment d'appréhender le nouvel album de la formation math-doom-noise-rock expérimentale italienne.
Premier titre assez long et quelques sept minutes trente d'un rock organique et assez exigeant à se mettre sous la dent, dès l'apéro, ça calme. Le groupe y développe une musique dont la répétitivité exacerbée ("Ultramorth") donne à l'assemblage de lignes instrumentales un aspect particulièrement compact et un côté semi-hypnotique soit addictif, soit repoussant, selon la manière de voir les choses. Un titre inaugural assez ardu donc mais qui, une fois assimilé, fait voir l'album sous un autre angle. "Orkotomb" joue ainsi la carte d'un math-rock échevelé et volubile à la mécanique rythmique de très haute précision. Bluffant si ce n'est qu'au bout d'un moment, on a quand même un peu l'expression d'assister à une démonstration de technicité de pointe... et c'est tout. Brillant certes mais un poil roboratif sur la longueur.
"Orbothord" puis "Oktrombo" raccourcissent les formats et restent en dessous de la barre des cinq minutes pour distiller à peu de choses près la même recette que les titres précédents, mais en l'assaisonnant mieux. Une maîtrise plus absolue, des ingrédients sans doute mieux mariés et des saveurs plus prononcées en limitant les excès. On déguste et on en reprend avec plaisir alors Morkobot en remet deux trois plâtrées avec un "MoR" dentelé et une double basse qui tartine pendant que la batterie tente de maîtriser les (d)ébats avec "Oktomorb". Racé, le groupe qui évolue tout de même dans un format de (power)trio comme on en voit assez peu se plaie à briser tous les codes du genre dans lequel il évolue, insufflant à son cocktail noise-heavy-doom-sludge rock un peu de drone pour rendre l'ensemble assez déstabilisant de part son minimalisme mais en même temps résolument inventif. En guise de final, les italiens s'offrent un dernier tour de piste en roue libre avec un "Obrom" qui boucle la boucle de la manière la plus évidente qui soit : en envoyant des décibels s'éparpiller aux quatre coins de la pièce tout en respectant à la virgule près les dogmes de leur musique : originale, foudroyante, exigeante.
Malleus (251 hits)