Chez W-Fenec, on adore le métissage musical, encore plus quand il nous surprend et nous fait dérailler de notre ligne éditoriale historique. Et quand on tombe sur un album de la trempe de Siltane de la chanteuse haïtienne Moonlight Benjamin, on se dit qu'on devrait plus souvent pousser ce concept, si ce n'est pas déjà fait. Car, pourquoi se priver de l'écoute d'un disque qui mélange avec une facilité déconcertante le blues-rock de papa aux accents mélodiques africains et aux rythmes vaudous caribéens ? Le décor est posé, l'imaginaire est en action mais quand on presse "play", il se dissipe progressivement lorsqu'on s'immerge dans cette mixture aussi entraînante (dès l'introductive "Memwah'n", "Moso moso", "Tan malouk") que mystérieuse ("Simbi", "Mèt agwe"), tout en faisant honneur de manière évidente à ses influences bluesy ("Slitane" et ses airs très proches des Black Keys ou "Chan dayiva") qui sont là pour amener un équilibre et du liant à l'ensemble. La Toulousaine d'adoption ne s'amuse pas à alambiquer ou complexifier sa musique, préférant privilégier un message d'espoir et nous conter en créole et en français la souffrance du peuple de son île (sur "Doux pays" notamment). C'est tout à son honneur.
Publié dans le Mag #35