Si on les considère, à tort ou à raison, comme les alter-ego orientaux de Mogwai, les Mono ne doivent leur succès qu'à eux-mêmes. Leur productivité étonnante : 3 EP's, 4 albums, des splits, des collaborations et un DVD en 7 ans seulement, leur vie de globe-trotters (ils parcourent inlassablement l'Europe, le continent nord-américain et leur japon natal) et bien évidemment leur capacité à produire un post-rock aventureux et tout en explositions de guitares et sages moments d'introspection, Takaakira "Taka" Goto (guitare), Tamaki (basse), Yasunori Takada (batterie) et Yoda (guitare) en sont les seuls responsables. La "faute" à une carrière débuté en 2000, alors que les membres du groupe n'ont qu'une petite vingtaine d'années. Rapidement, un premier essai voit le jour (Hey, you EP, 2000), bientôt suivi d'un premier album "long plau" (Under the pipal tree, 2001) puis d'un second (One step more and you die, 2002). Le succès est rapide, public et critique suit le groupe qui tourne, tourne et tourne un peu partout, sans jamais s'arrêter de composer puisqu'à partir de 2004, Mono ne s'arrête plus : un album de remixes de One step more... (New York Soundtracks), un troisième LP (Walking cloud and deep red sky, Flag fluttered and the sun shined), un split avec Pelican, une toute petite pause puis encore un album You are there et un EP 10'' Memorie dal futuro (2006). L'année 2007 voit le groupe occuper le terrain alors qu'il est désormais très largement reconnu comme les des tous meilleurs groupe de post-rock de la scène internationale et enchaîne les sorties sur un rythme effrené : un vinyle EP dans les cadres de la série Travels in constant du label Temporary Residence, distribué en France par Differ-Ant (The phoenix tree), un DVD (The Sky remains the same as ever) et une compilation de morceaux rares ou inédits (Gone). En 2009, Mono enfante via Conspiracy Records de son sixième album : un chef d'oeuvre répondant au doux nom, d'Hymn to the immortal wind.
Infos sur Mono
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Et ça tu connais ?
Liens pour Mono
- monoofjapan.com: site officiel (395 hits)
- monoofjapan: bandcamp (416 hits)
Mono discographie sélective
lp :
Oath
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lp :
Pilgrimage of the soul
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lp :
Requiem for hell
...
split :
Transcendental
...
lp :
For my parents
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cddvd :
Holy ground : NYC Live
...
lp :
Hymn to the immortal wind
...
dvd :
The sky remains the same as ever
...
ep :
Gone
...
ep :
One step more and you die
...
Mono dans le magazine
Numéro :
Mag #61
On voulait absolument sortir un mag pour partir au Hellfest l'esprit tranquille alors on n'a pas chômé et voici le résultat ! Avec à l'affiche les Johnny Mafia (interview + chronique + photos + live report !) mais aussi d'autres groupes qui ont répondu à nos questions comme Dätcha Mandala, Sooma, Madame Robert, Junon, Killer Kid Mozart, Really Big Really Clever et un membre de la Fabsonic qui a permis à Tsar de se produire en "son immersif". Il y a aussi des questions de choix pour Seb Radix et d'autres qui éclairent l'emploi du temps de Stéphane Labas (directeur de la salle de l'Empreinte à Savigny).
Liens Internet
- The HardCore Source : Webzine HardCore
- Métalorgie : webzine punk-métal
- Coreandco Webzine : Le zine qui en veut en-core...
Rock > Mono
Biographie > Songs from the rising sun
Interview : Mono, The Ocean en stereo (février 2016)
Mono / Chronique LP > Oath
En France, le mot qui flotte dans l'air : haine, au Japon : amour. En tout cas, c'est ce que je ressens au contact du nouvel album de Mono. De la douceur, de la quiétude, une chaleur délicate qui nous entoure à mesure que se propagent dans la pièce les notes de Oath qui pourrait, pour le coup, mal se prononcer "ouate". Un truc bien moche à la française, mais qui colle également à ces sensations. En anglais, le mot évoque un serment, une promesse, certainement celle que se fait le couple iconique sur la pochette qui utilise la paréidolie et certainement une Intelligence Artificielle (coucou Klone). Deux destins liés pour l'éternité avec pour témoins le soleil et un ciel bleu.
Il y a bien quelques tempêtes ("Oath") ou moments plus lourds ("Time goes by"), mais pendant plus d'une heure, les guitares nous cajolent et nous éblouissent de leur classe. Et si ce n'était pas suffisant, le groupe ajoute d'autres cordes (violons et violoncelles) comme sur une des pièces maîtresses qu'est "Run on" ou sur l'émouvant "Moonlight drawing", et même des cuivres assez cinématographiques (quand l'orage "Oath" n'est encore qu'une menace). S'il est devenu une référence du genre, ce n'est pas pour rien, Mono démontre qu'il peut amalgamer aisément d'autres sonorités à son post-rock pour construire un édifice qui occupe l'esprit et capte notre attention bien au-delà des standards du monde moderne où le swipe et le zapping règnent. Appel à la pause, à la contemplation, à la réflexion, à ce pourquoi et pour qui on est là, sans aucun mot, ces compositions venus du Japon font passer bien plus de messages qu'avec des textes.
Seul petit détail qui m'a chagriné à l'écoute, c'est la prod' un peu "sourde" de la batterie, c'est une des marques de fabrique de Steve Albini, mais je ne suis pas certain que ça colle avec la couleur de cet album bien plus "pure" dans l'ensemble. Mais on ne change pas une équipe qui gagne et c'est avec tristesse qu'on pense à eux et tous les groupes, désormais orphelins, qui vouent un amour immortel à ce grand producteur.
Mais comme cet album est tout simplement sublime, le mieux c'est de se taire, d'écouter et d'aimer.
Publié dans le Mag #61
Mono / Chronique LP > Nowhere now here
Mono a toujours bossé ses artworks mais là, ils se sont surpassés, on oublie le petit couple pour ne garder que la jeune fille qui danse ou fait la girouette au sommet d'un clocher perdu au cœur d'une ville construite dans tous les sens, comme si un peu d'art et de légèreté pouvaient / devaient éclairer un monde où le béton s'étend et favorise malgré cela le repli sur soi. C'est nulle part mais ici et maintenant, Nowhere now here, c'est une des plus belles pochettes de ces dernières années. Dommage qu'ils n'aient pas davantage exploité l'idée dans le clip de "Breathe" où les images de la ville sont trop rares. Mais leur talent, c'est la musique, alors venons-y.
Et c'est encore une fois, un album particulièrement réussi que nous proposent les Japonais, la suite logique de leur Requiem for hell où les orchestrations étaient revenues pour créer une sorte de synthèse entre Godspeed You! Black Emperor et Mogwai. Idée renforcée par l'apparition de quelques mots posés sur "Breathe", comme si les Ecossais avaient ouvert le chant des possibles à des combos enfermés dans un post rock uniquement instrumental, encore que ce morceau soit plus trip hop que pop. C'est le titre qui a été choisi pour le clip mais c'est un titre anecdotique car tous les autres restent sans voix. S'il fallait extraire un morceau plus représentatif des idées de Nowhere now here, je choisirais certainement l'éponyme, une plage agrémentée de cuivres au tempo d'abord très lent qui ne fait que gagner en tension (oui, là encore on sort la sempiternelle référence à John Murphy) et où les distorsions créent la tempête autant que la douceur au cœur de l'œil du cyclone. Et si avec "Sorrow" ou "Meet us where the night ends", les Tokyoïtes démontrent une nouvelle fois l'art de s'étendre sur de longs moments totalement maîtrisés, ils apportent aussi beaucoup de puissance sur des morceaux plus courts comme ce monumental "After you comes the flood" (dont je recommande l'écoute également) ou alors quelques nuages de calme qui ne seront jamais déchirés ("Far and further", "Parting") même si l'atmosphère peut être pesante ("Funeral song"), piano, violons, violoncelles se marient alors sublimement aux guitares et percussions.
En s'ouvrant à de nouvelles expériences dans la continuité de leur histoire, Mono conserve toute sa classe et prouve que le post-rock ne tourne pas en rond. Alors certes, le genre n'est pas bouleversé par les petites touches déposées par les Nippons mais l'effet produit est là, le transport et les émotions fortes sont garanties.
Publié dans le Mag #37
Mono / Chronique LP > Requiem for hell
Le petit couple qui se promène dans leurs artworks depuis quelques années a grandi et semble se retrouver au début du tunnel, au fond, une lumière blanche scintille, les anges tourbillonnent, serait-ce la fin annoncée d'une aventure ? Toujours est-il que Mono nous propose un Requiem for hell. Un requiem, c'est pas franchement synonyme de grosse déconne, les Nippons n'étant pas non plus les rois de la fête, tu as compris que ce nouvel opus, malgré des sonorités parfois ultra claires, porte en lui son poids de douleurs.
Une peine mentale mais également physique car Steve Albini continue le même type de travail avec Mono, assourdissant un peu le son de batterie, salissant des guitares aux distorsions métalliques à l'opposé d'un son clair pur, jouant sur les dissonnances pour faire paraître encore plus vrai et faire ressentir la présence du groupe au plus proche de l'auditeur. Ferme les yeux et le quatuor te semblera être chez toi, si tu les rouvres assez vite, tu pourras apercevoir leurs ombres disparaître.
La chaleur dégagée par le son est à peu près inversement proportionnelle à l'espoir distillé dans les cinq pistes... Avec pour débuter, un terrain presque connu puisque "Death in rebirth" est une variation de "Death in reverse" paru sur le split partagé avec The Ocean il y a quelques mois (Transcendental), le petit gimmick fait toujours son effet, au même titre que le tintement cristallin des clochettes de "Stellar". Au cœur de la bête, "Requiem for hell" offre 18 minutes de progression insoutenable vers une explosion longtemps retenue, alors que "Elys heartbeat" permet de redescendre une à une les marches gravies précédemment. L'ultime étape, c'est "The last scene", une musique de fin cinématographique, le tunnel semble traversé, la lumière est éblouissante, l'électrocardiogramme devient plat, c'est terminé. On peut revenir à la vie, allégé d'avoir partagé nos souffrances avec la musique. Merci Mono.
Mono / Chronique Split > Transcendental
Quand The Ocean et Mono partagent un split, on embarque dans un trip où l'innocente délicatesse est sans cesse menacée par des ombres qui gagnent progressivement du terrain. Pour les deux groupes, le combat entre l'ombre et la lumière est un leitmotiv : des accords plus gras et une rythmique plus sourde pour le collectif qui livre "The quiet observer", des distorsions échevelées et un tempo davantage appuyé pour les Japonais qui offrent "Death in reverse", mais au final, la sensation que le calme revient toujours après la tempête. Les combos qui ont tourné ensemble à l'automne à travers l'Europe (avec également Solstafir qu'on aurait aimé voir sur ce split...) ont beaucoup en commun dans leur approche de la musique, depuis les constructions alambiquées estampillables "post" jusqu'à la capacité à retenir au maximum une débauche d'énergie qui finit, toujours, par éclater pour le plus grand plaisir de nos sens. Un régal pour les oreilles qui ouvrira peut-être les portes du post-HardCore aux fans de post-rock à moins que ce ne soit l'inverse. Maintenant, on a hâte d'écouter d'autres titres alors au boulot les gars !
Mono / Chronique LP > For my parents
On avait laissé les Japonais de Mono il n'y a pas si longtemps avec leur album live enregistré au Holy Ground de New York, lui-même faisant suite au majestueux Hymn to the immortal wind, chef d'œuvre absolu derrière lequel il était difficile de passer, tant cet opus apparaissait comme étant la quintessence d'un post-rock symphonique à la maestria étourdissante. Enfin pas pour les nippons apparemment, lesquels livrent aujourd'hui un nouvel effort au titre évocateur. Un album intimiste dans ce qu'il évoque en sous-texte, encore plus personnel que les précédents, mais au souffle épique qui en fait la bande-son rêvée d'une épopée cinématographique à filmer.
Si le film n'existe pas, sa trame musicale elle, est déjà composée. Et prend son envol sur un "Legend" fleuve et opératique, un morceau inaugural qui quelques douze minutes durant, pose les bases de sa trame sonore, dense et grandiloquente (un peu trop parfois) avec emphase et sans doute la volonté d'en mettre plein les enceintes pour assumer son côté spectaculaire. Mais pas que. Car si ce premier titre charge un peu trop son propos, la suite avec "Nostalgia", plus mesurée et dans le même temps plus sûre de son fait, maîtrise bien mieux ses effets. Portée par une écriture exaltée jusqu'au vertige, cette seconde piste de l'album est un ravissement de tous les instants, un sommet de post-rock destiné à en briser les limitations réductrices pour s'en aller convoler avec des inspirations néo-classiques aventureuses et passionnantes.
L'ivresse des profondeurs musicales par Mono a alors quelque chose de grisant, troublant et l'on se prend à rêver de ce que la transposition live d'un titre comme "Dream odyssey" peut offrir comme sensations immédiates. Beau à en pleurer, For my parents est de ces albums proposant des lignes mélodiques classieuses mais renversantes, avant de les envelopper dans des instrumentations qui font vibrer la corde sensible de l'auditeur ("Unseen harbor"). Et si certaines ficelles de compositions sont parfois un peu faciles, le résultat est invariablement d'une classe folle. à telle point que l'on ressort de ce disque, au terme d'un vibrant "A quiet place (Together we go)" final, encore une fois touché en plein cœur, chancelant, tant la formation du Soleil Levant survole son sujet et délivre une musique bouleversante.
Mono fait plus que du post-rock au sens strict du terme, plus qu'une énième bande-son de film qui n'attend plus que d'être tourné. Mono va plus loin, se réinvente, repousse sans cesse ses propres limites et écrit la musique classique du XXIe siècle.
Mono / Chronique LP > Holy ground : NYC Live
A l'aube de son dixième anniversaire, désirant célébrer l'évènement comme il se devait, Mono a décidé d'enregistrer un concert de sa tournée nord-américaine, en l'occurrence au Holy Ground de New York, en se faisant accompagner par The Wordless Music Orchestra (24 musiciens tout de même), et de capter ça en CD et DVD pour faire les choses en grand. Dans un cas (en audio uniquement) comme dans l'autre (avec le son + l'image), il faut bien reconnaître une chose : le résultat final est une réussite. Planant dans les hautes sphères du post-rock depuis son dernier album en date (le sublime Hymn to the immortal wind au passage largement mis à l'honneur de ce live), Mono semble, après avoir dix ans de carrière, atteint sa plénitude artistique et le fait ici ressentir à son auditoire. Autant par la mise en scène "visuelle", le groupe est au centre de la scène, entouré par l'orchestre et la caméra prend le soin de filmer tout cela en plan large comme pour laisser tout le champ aux "acteurs" de s'exprimer, qu'au niveau de la prise de son, cet Holy ground : NYC live est un must have.
Au rayon setlist, pas grand chose à redire (ou si peu) : "Ashes in the snow" (et son final renversant) est monumental, porté par le souffle épique de l'orchestre qui accompagne et sublime la musique du collectif nippon, "Silent flight, sleeping dawn" est une merveille de retenue pudique quand "Burial at Sea" (morceau phare de la discographie du groupe) joue avec nos nerfs, entre recueillement feutré et tremblement de terre à la densité rarement égalée. Niveau intensité : là non plus, le spectateur présent ce soir là n'est certainement pas à plaindre, l'heureux détenteur de l'objet présentement chroniqué non plus d'ailleurs, ce live ayant été enregistré et mixé par Matt Bayles (Isis, Mastodon) pour faire propre... Du Mono au sommet de son art, capable de déchaîner les éléments à un moment, puis de transporter l'auditeur dans des contrées où tout n'est plus qu'onirisme et apaisement l'instant d'après ("Are you there ?", "2 candles, 1 wish", "Where am I"). Entre post-rock et musique classique, cette collaboration unique des japonais avec le Wordless Music Orchestra n'est certes pas exempte de défauts (sur "Pure as snow", titre sans réelle âme ni saveur, par exemple), mais l'harmonie qui s'en dégage prend tout son sens sur un "Halcyon" en forme de déflagration émotionnelle de tout premier ordre, avant de transporter une dernière fois l'assistance dans des contrées voisines du royaume des songes ("Everlasting night"). La (très) grande classe...
Mono / Chronique LP > Hymn to the immortal wind
Ils sont quand même très fort chez Conspiracy Records. Partant du constat qu'un groupe répondant au doux nom de Mono marchait très fort, le label Belge, a alors signé une formation se dissimulant tant bien que mal sous le pseudo de Monno. Et après avoir brouillé les pistes, les deux formations précitées n'évoluant absolument pas dans les mêmes sphères musicales, la structure pousse la provocation jusqu'à sortir le nouvel album de Mono, les fameux cousins nippons (ni mauvais, oui on sait mais la blague n'est plus drôle au bout d'un moment...) de Mogwai. Un nouvel album à l'artwork particulièrement soigné et une présence sur un label à la ligne éditoriale exigeante qui promet un disque plus tourmenté ou tout du moins, imprévisible que ces prédécesseurs (?)... La question méritait d'être, au moins indirectement; posée. Un visuel qui renvoie à l'imagerie de notre innocence enfantine, à l'image de son DVD (The Sky remains the same as ever paru en 2007 NDR), Mono semble avoir voulu soigner aussi bien le contenu que le contenant. Et ce n'est donc pas sans une certaine appréhension, mêlée d'une petite pointe d'excitation, que l'on se décide à écouter le dernier album en date des Japonais : Hymn to the immortal wind, produit par Monsieur Steve Albini (excusez du peu) que les premiers échos annoncent comme un excellent cru et qui pourtant pose la question du renouvellement chez un groupe qui a longtemps oeuvré dans des sillons post-rock empruntés par nombre de ses contemporains. Une seule solution : play...
Et là cher lecteur, on doit avouer que l'on est littéralement soufflé par la puissance électrique et l'intensité passionnelle qui se dégage d'"Ashes in the snow", titre inaugural de ce nouvel opus. Post-rock symphonique au spectre musical étendu aux musiques d'inspiration cinématographique, ce premier titre instille un onirisme renvoyant à la culture asiatique en même temps qu'il se base sur les fondamentaux du mouvement post-rock... pour les sublimer jusqu'à un niveau rarement atteint jusque là. Orchestrations majestueuses au lyrisme enfiévré, guitares poussant la saturation de manière à tourmenter l'auditeur pris dans un véritable cyclone émotionnel, Hymn to the immortal wind se révèle comme étant la bande-son idéale d'une fresque historique portée sur grand-écran. Du quatrième art distingué par Georg W.F Hegel dans Esthétique au septième, évoqué par l'écrivain italien Ricciotto Canudo, Mono lève ici le voile sur quelques morceaux d'une puissance rarement égalée et livre par là-même une véritable symphonie post-rock. Aux mille nuances. Accompagné par un orchestre de chambre, le groupe magnifie littéralement les codes du genre ("Burial at sea") et se réinvente au passage pour nous offrir dans un sublime écrin (magnifique digipack soit dit en passant...), quelques instants de poésie pure et de féérie précieuse portée par une mélancolie à fleur de peau ("Silent flight, sleeping dawn"). Si les derniers albums du groupe avaient pu être critiqués de par leur "classicisme" ou leur manque d'inventivité, le sixième effort long-format de Mono nous dévoile un groupe transfiguré, touché par la grâce et capable de faire naître le merveilleux en n'importe quel instant, ce, avec une régularité absolument confondante ("Pure as snow (Trails of the winter storm)", "The battle to Heaven"). Majestueux. Et au final, lorsque vient le moment de refermer ce recueil de compositions avec "Everlasting light ", le groupe ne nous laisse qu'une seule impression. Celle qui revient à dire qu'en sept titres et autant de pépites, les nippons ont assurément enfanté ici de leur chef-d'oeuvre...
Mono / Chronique DVD > The sky remains the same as ever
Alors que je suis le premier à m'insurger contre la pauvreté esthétique de certains albums, de la médiocrité visuelle des artworks et du peu d'intérêt du contenant, quand les petits génies qui soufflent le chaud et le froid sur l'industrie du disque, n'en finissent plus de se triturer les méninges pour savoir comme enrayer le phénomène de la baisse vertigineuse des ventes de disques ou de DVD's musicaux, je dois reconnaître que Mono vient de sortir un DVD qui en visuellement en jette... Là où très récemment Minus a fait dans le grotesque de mauvais goût (ou à prendre au 143° degré peut-être... sic), les post-rockeurs japonais livrent un objet classieux et élégant qui, s'il n'atteint pas encore le niveau du fabuleux Heima de Sigur Ros, a le mérite d'attirer le regard du vrai passionné de musique. Un packaging cartonné plutôt sympathique (ça change du sempiternel boîtier plastique), un visuel onirique et inspiré, au premier coup d'oeil, The Sky remains the same as ever séduit.
Entre le DVD live classique et le documentaire rock, cet objet propose deux heures d'images et de vidéos en immersion dans l'univers de l'une des formations phares de la scène post-rock actuelle. En noir et blanc ou en couleur, des dizaines d'extraits live de leur dernière tournée, montrant essentiellement un groupe complètement habité par sa musique et en pleine communion avec son public. Des images extraites des sessions d'enregistrement, alors que les japonais travaillent leurs arrangements avec un orchestre à cordes, des caméras qui captent habilement l'essence de la musique de Mono en s'attardant discrètement sur des instants de la vie d'un groupe concentré sur son art et le plaisir qu'il lui procure. Véritable plongée en apnée dans l'univers musical de la formation japonaise, filmant des instantanés des répétitions, des enregistrements, de l'avant-concert, de l'après-concert en passant par le show lui-même, The Sky remains the same as ever est un peu l'anti-DVD promotionnel et autocomplaisant (d'ailleurs, il n'y a quasiment pas de dialogues). Là où les groupes les plus inintéressants se sont massivement emparés du support DVD pour compenser la baisse du chiffre des ventes de CD's (sans succès d'ailleurs...), Mono livre un objet qui délaisse complètement le raisonnement mercantile pour se concentrer uniquement sur la passion de sa musique. Classe.
Mono / Chronique LP > Gone
Recueil de raretés qui mérite plus le détour que la plupart des compilations du même genre, Gone : A collection of EP's 2000-2007, permet de faire un retour sur la discographie de Mono en s'attardant sur des morceaux, souvent parus sur des EP's pressés à quelques centaines d'exemplaires ou des splits et autres collaborations publiées en édition limitées. Quoiqu'il en soit le résultat est le même, la plupart des morceaux figurant sur Gone ne sont, pour la plupart, connus que des inconditionnels du groupe et du mouvement post-rock. Tout l'intérêt ici, étant l'enchaînement des titres dans l'ordre chronologique de leur parution. On retrouve ainsi les morceaux de l'EP Hey you, "Finlandia" et "Black woods", (sorti en 2000 - les deux seuls titres ne figurant pas sur ce disque se trouvent sur le premier album du groupe : Under the pipal tree), un morceau intitulé Yearning" et figurant sur le split partagé avec Pelican, un autre baptisé "Since I've been waiting for you" - sorti sur une compilation du label Temporary Residence (en l'occurence Thankful) ainsi que l'intégralité des EP's Memorie dal futuro (2006) et The phoenix tree (2007), ce dernier publié dans la série des maxis Travels in Constants du label Temporary Residence.
Une radiographie passionnante de l'oeuvre d'un groupe phare de la scène post-rock, au même titre que Mogwai, Godspeed You! Black Emperor ou Explosions in the Sky, Gone revient donc en l'espace de 10 morceaux sur la carrière de la formation japonaise, ou comment réaliser un best-of sans jamais citer un morceau connu... Des titres aux crescendo tempétueux et à l'écriture toute en intensité orageuse, des mélodies plus fragiles, jouant l'épure minimale pour contraster avec des élans plus rock avant les avalanches de guitares délicieusement noisy. Mono est adepte de musique à l'intensité émotionnelle forte et pour ce faire, use parfois d'arrangements à cordes qui viennent se poser avec une classe folle sur des orchestrations plus massives qui renvoient inévitablement à Mogwai ou Explosions in the Sky. Et là où l'on aurait pu craindre d'avoir à se mettre sous le tympan des titres relativement quelconques ou assez peu représentatif de son oeuvre, le groupe livre avec Gone une compil dense et raffinée au tracklisting soigné et cohérent, en même temps qu'un excellent résumé de sa carrière déjà bien remplie... A conseiller donc aux inconditionnels comme aux néophytes.
Mono / Chronique LP > One step more and you die
Au pays du soleil levant, il y a donc ce groupe de post-rock amateur de disto bien senties, d'envolées stratosphériques et de mélodies finement apprivoisées, un groupe comme il y en a tant d'autres mais qui fait ça avec une classe dont peu de contemporains peuvent se targuer. Avec One step more and you die, Mono montre qu'on peut ne pas forcément révolutionner un genre tout en livrant un album pour le moins brillant. En lâchant la bride à des guitares qui n'hésitent pas à s'engager dans des déluges s'abattant sur Tokyo, en faisant frémir les murs avec ses murs de puissance tellurique ou au contraire en jouant tout en retenue pour laisse parler le frémissement de ses instrumentations bercées de caresses atmosphériques, Mono frappe fort et marque durablement les esprits.
On l'a dit le quartet japonais n'a pas forcément inventé un genre, mais ce qu'il fait, il le fait particulièrement bien, érigeant quasiment la notion d'efficacité au rang d'obsession. "Where I am ?", "Com ?", "Sabbath", les morceaux se suivent, Mono impressionne toujours plus. Entre Mogwai et Godspeed You! Black Emperor le groupe déplie ses orchestrations denses et majestueuses en même temps qu'il distille avec subtilité des mélodies tristes à en pleurer, sublimes à se damner... Noir c'est noir. La pochette de cet album vient confirmer cette impression et le déluge sonore qui s'abat sur nos tympans vacillants éprouve assurément les sens du plus blasés des amateurs du genre. Un clavier dément sur "Morning mopish halation wiper", des compositions exaltantes et dantesques, Mono ne se laisse jamais aller, poussant le vice jusqu'à "Speeding car" pour nous plonger dans les entrailles d'une crevasse aux profondeurs insondables. Saisissant. Parfaitement huilée, la mécanique japonaise semble à la fois implacable et fataliste ("Loco tracks", "Halo"). Une nostalgie à fleur de peau dominée par des instruments classiques (piano, xylophone, violon), une capacité à varier les plaisirs en un quart de seconde, entre passages feutrées et effluves post-apocalyptiques, Mono livre avec One step more and you die un disque sanguin, raffiné et soigneusement déposé entre nos tympans avec beaucoup d'humilité... Impressionnant.