Mono - Holy ground : NYC Live A l'aube de son dixième anniversaire, désirant célébrer l'évènement comme il se devait, Mono a décidé d'enregistrer un concert de sa tournée nord-américaine, en l'occurrence au Holy Ground de New York, en se faisant accompagner par The Wordless Music Orchestra (24 musiciens tout de même), et de capter ça en CD et DVD pour faire les choses en grand. Dans un cas (en audio uniquement) comme dans l'autre (avec le son + l'image), il faut bien reconnaître une chose : le résultat final est une réussite. Planant dans les hautes sphères du post-rock depuis son dernier album en date (le sublime Hymn to the immortal wind au passage largement mis à l'honneur de ce live), Mono semble, après avoir dix ans de carrière, atteint sa plénitude artistique et le fait ici ressentir à son auditoire. Autant par la mise en scène "visuelle", le groupe est au centre de la scène, entouré par l'orchestre et la caméra prend le soin de filmer tout cela en plan large comme pour laisser tout le champ aux "acteurs" de s'exprimer, qu'au niveau de la prise de son, cet Holy ground : NYC live est un must have.
Au rayon setlist, pas grand chose à redire (ou si peu) : "Ashes in the snow" (et son final renversant) est monumental, porté par le souffle épique de l'orchestre qui accompagne et sublime la musique du collectif nippon, "Silent flight, sleeping dawn" est une merveille de retenue pudique quand "Burial at Sea" (morceau phare de la discographie du groupe) joue avec nos nerfs, entre recueillement feutré et tremblement de terre à la densité rarement égalée. Niveau intensité : là non plus, le spectateur présent ce soir là n'est certainement pas à plaindre, l'heureux détenteur de l'objet présentement chroniqué non plus d'ailleurs, ce live ayant été enregistré et mixé par Matt Bayles (Isis, Mastodon) pour faire propre... Du Mono au sommet de son art, capable de déchaîner les éléments à un moment, puis de transporter l'auditeur dans des contrées où tout n'est plus qu'onirisme et apaisement l'instant d'après ("Are you there ?", "2 candles, 1 wish", "Where am I"). Entre post-rock et musique classique, cette collaboration unique des japonais avec le Wordless Music Orchestra n'est certes pas exempte de défauts (sur "Pure as snow", titre sans réelle âme ni saveur, par exemple), mais l'harmonie qui s'en dégage prend tout son sens sur un "Halcyon" en forme de déflagration émotionnelle de tout premier ordre, avant de transporter une dernière fois l'assistance dans des contrées voisines du royaume des songes ("Everlasting night"). La (très) grande classe...