Mono - Hymn toe the immortal wind Ils sont quand même très fort chez Conspiracy Records. Partant du constat qu'un groupe répondant au doux nom de Mono marchait très fort, le label Belge, a alors signé une formation se dissimulant tant bien que mal sous le pseudo de Monno. Et après avoir brouillé les pistes, les deux formations précitées n'évoluant absolument pas dans les mêmes sphères musicales, la structure pousse la provocation jusqu'à sortir le nouvel album de Mono, les fameux cousins nippons (ni mauvais, oui on sait mais la blague n'est plus drôle au bout d'un moment...) de Mogwai. Un nouvel album à l'artwork particulièrement soigné et une présence sur un label à la ligne éditoriale exigeante qui promet un disque plus tourmenté ou tout du moins, imprévisible que ces prédécesseurs (?)... La question méritait d'être, au moins indirectement; posée. Un visuel qui renvoie à l'imagerie de notre innocence enfantine, à l'image de son DVD (The sky remains the same as ever paru en 2007 NDR), Mono semble avoir voulu soigner aussi bien le contenu que le contenant. Et ce n'est donc pas sans une certaine appréhension, mêlée d'une petite pointe d'excitation, que l'on se décide à écouter le dernier album en date des Japonais : Hymn to the immortal wind, produit par Monsieur Steve Albini (excusez du peu) que les premiers échos annoncent comme un excellent cru et qui pourtant pose la question du renouvellement chez un groupe qui a longtemps oeuvré dans des sillons post-rock empruntés par nombre de ses contemporains. Une seule solution : play...
Et là cher lecteur, on doit avouer que l'on est littéralement soufflé par la puissance électrique et l'intensité passionnelle qui se dégage d'"Ashes in the snow", titre inaugural de ce nouvel opus. Post-rock symphonique au spectre musical étendu aux musiques d'inspiration cinématographique, ce premier titre instille un onirisme renvoyant à la culture asiatique en même temps qu'il se base sur les fondamentaux du mouvement post-rock... pour les sublimer jusqu'à un niveau rarement atteint jusque là. Orchestrations majestueuses au lyrisme enfiévré, guitares poussant la saturation de manière à tourmenter l'auditeur pris dans un véritable cyclone émotionnel, Hymn to the immortal wind se révèle comme étant la bande-son idéale d'une fresque historique portée sur grand-écran. Du quatrième art distingué par Georg W.F Hegel dans Esthétique au septième, évoqué par l'écrivain italien Ricciotto Canudo, Mono lève ici le voile sur quelques morceaux d'une puissance rarement égalée et livre par là-même une véritable symphonie post-rock. Aux mille nuances. Accompagné par un orchestre de chambre, le groupe magnifie littéralement les codes du genre ("Burial at sea") et se réinvente au passage pour nous offrir dans un sublime écrin (magnifique digipack soit dit en passant...), quelques instants de poésie pure et de féérie précieuse portée par une mélancolie à fleur de peau ("Silent flight, sleeping dawn"). Si les derniers albums du groupe avaient pu être critiqués de par leur "classicisme" ou leur manque d'inventivité, le sixième effort long-format de Mono nous dévoile un groupe transfiguré, touché par la grâce et capable de faire naître le merveilleux en n'importe quel instant, ce, avec une régularité absolument confondante ("Pure as snow (Trails of the winter storm)", "The battle to Heaven"). Majestueux. Et au final, lorsque vient le moment de refermer ce recueil de compositions avec "Everlasting light ", le groupe ne nous laisse qu'une seule impression. Celle qui revient à dire qu'en sept titres et autant de pépites, les nippons ont assurément enfanté ici de leur chef-d'oeuvre...