mono_one_step_more_and_you_die.jpg Au pays du soleil levant, il y a donc ce groupe de post-rock amateur de disto bien senties, d'envolées stratosphériques et de mélodies finement apprivoisées, un groupe comme il y en a tant d'autres mais qui fait ça avec une classe dont peu de contemporains peuvent se targuer. Avec One step more and you die, Mono montre qu'on peut ne pas forcément révolutionner un genre tout en livrant un album pour le moins brillant. En lâchant la bride à des guitares qui n'hésitent pas à s'engager dans des déluges s'abattant sur Tokyo, en faisant frémir les murs avec ses murs de puissance tellurique ou au contraire en jouant tout en retenue pour laisse parler le frémissement de ses instrumentations bercées de caresses atmosphériques, Mono frappe fort et marque durablement les esprits.
On l'a dit le quartet japonais n'a pas forcément inventé un genre, mais ce qu'il fait, il le fait particulièrement bien, érigeant quasiment la notion d'efficacité au rang d'obsession. "Where I am ?", "Com ?", "Sabbath", les morceaux se suivent, Mono impressionne toujours plus. Entre Mogwai et Godspeed You! Black Emperor le groupe déplie ses orchestrations denses et majestueuses en même temps qu'il distille avec subtilité des mélodies tristes à en pleurer, sublimes à se damner... Noir c'est noir. La pochette de cet album vient confirmer cette impression et le déluge sonore qui s'abat sur nos tympans vacillants éprouve assurément les sens du plus blasés des amateurs du genre. Un clavier dément sur "Morning mopish halation wiper", des compositions exaltantes et dantesques, Mono ne se laisse jamais aller, poussant le vice jusqu'à "Speeding car" pour nous plonger dans les entrailles d'une crevasse aux profondeurs insondables. Saisissant. Parfaitement huilée, la mécanique japonaise semble à la fois implacable et fataliste ("Loco tracks", "Halo"). Une nostalgie à fleur de peau dominée par des instruments classiques (piano, xylophone, violon), une capacité à varier les plaisirs en un quart de seconde, entre passages feutrées et effluves post-apocalyptiques, Mono livre avec One step more and you die un disque sanguin, raffiné et soigneusement déposé entre nos tympans avec beaucoup d'humilité... Impressionnant.