Mono-Oath En France, le mot qui flotte dans l'air : haine, au Japon : amour. En tout cas, c'est ce que je ressens au contact du nouvel album de Mono. De la douceur, de la quiétude, une chaleur délicate qui nous entoure à mesure que se propagent dans la pièce les notes de Oath qui pourrait, pour le coup, mal se prononcer "ouate". Un truc bien moche à la française, mais qui colle également à ces sensations. En anglais, le mot évoque un serment, une promesse, certainement celle que se fait le couple iconique sur la pochette qui utilise la paréidolie et certainement une Intelligence Artificielle (coucou Klone). Deux destins liés pour l'éternité avec pour témoins le soleil et un ciel bleu.

Il y a bien quelques tempêtes ("Oath") ou moments plus lourds ("Time goes by"), mais pendant plus d'une heure, les guitares nous cajolent et nous éblouissent de leur classe. Et si ce n'était pas suffisant, le groupe ajoute d'autres cordes (violons et violoncelles) comme sur une des pièces maîtresses qu'est "Run on" ou sur l'émouvant "Moonlight drawing", et même des cuivres assez cinématographiques (quand l'orage "Oath" n'est encore qu'une menace). S'il est devenu une référence du genre, ce n'est pas pour rien, Mono démontre qu'il peut amalgamer aisément d'autres sonorités à son post-rock pour construire un édifice qui occupe l'esprit et capte notre attention bien au-delà des standards du monde moderne où le swipe et le zapping règnent. Appel à la pause, à la contemplation, à la réflexion, à ce pourquoi et pour qui on est là, sans aucun mot, ces compositions venus du Japon font passer bien plus de messages qu'avec des textes.

Seul petit détail qui m'a chagriné à l'écoute, c'est la prod' un peu "sourde" de la batterie, c'est une des marques de fabrique de Steve Albini, mais je ne suis pas certain que ça colle avec la couleur de cet album bien plus "pure" dans l'ensemble. Mais on ne change pas une équipe qui gagne et c'est avec tristesse qu'on pense à eux et tous les groupes, désormais orphelins, qui vouent un amour immortel à ce grand producteur.

Mais comme cet album est tout simplement sublime, le mieux c'est de se taire, d'écouter et d'aimer.