Après le Heart flesh skull bones des Harmonic Generator et le Shreds of tales de Grit, voilà un nouvel album "puzzle". Débutée au printemps 2016, l'aventure devait amener les Monkypolis à sortir 4 EPs numériques (un par trimestre), enchaîner les clips et les concerts avant de regrouper l'ensemble des morceaux sur un seul "vrai" album. Les aléas et les difficultés du monde de la musique ont fait que le combo a dû revoir quelque peu son ambition à la baisse préférant zapper la quatrième étape et livrer les trois deniers morceaux sur cet album intitulé Jet lag sans les isoler sur un EP coloré.
Les titres sont mélangés, et peuvent du coup se présenter autrement, ainsi, le court "Jet lag", dynamique et punchy, qui était annoncé comme un bonus sur #B4CC03 se retrouve ici en première position, celle qui donne le ton et donne surtout envie d'écouter la suite, l'explosivité et le petit grain de folie de cette centaine de secondes correspond bien aux Monkypolis, jamais avares dans la dépense d'énergie et l'intégration de passages plus osés via des effets, des sonorités, des instruments ou des invités. Il ne faut d'ailleurs pas attendre bien longtemps avant de croiser l'un d'entre eux en la personne de DJ Fong Fong, champion du monde de platines en 2012 et qui scratch le single bleu (#42C0EE), à savoir ""To the bone". "Tonight" était encore inconnu de nos services, il est porté par une belle ligne de basse et une mélodie entraînante mais à côté du gimmick de "Give me some love" et la magie de "Crazy game" que j'ai déjà en tête depuis quelques mois, le match n'a pas lieu... Parus sur le tout premier EP (le rose, #HD2D8D), "Children of the sun" et "Every single day" sont plus nuancés dans les rythmes et les sons, moins percutants, ils sont tout de même une étape intéressante de ce voyage qui amène à "Jump into the fire". Là encore, le gimmick de guitare sert de pièce d'identité au morceau dont l'atmosphère prog-pop est plus que charmeuse. L'autre inédit des Grenoblois est "Happiness", un titre tout en douceur acoustique avec au chant une petite surprise puisque c'est Nicolas qui prend le micro et prouve qu'il ne sait pas que jouer de la batterie. Le tempo remonte avec "Car crash" mais la cerise sur le gâteau reste à (re)venir puisque le dernier titre, le "bonus", est bien entendu leur cover du "Shout" de Tears For Fears. A la fois ouatée et puissante, Come on I'm talking to you, elle est irrésistible.
Avec un peu de retard, Jet lag a fini par atterrir, il permet à Monkypolis d'affirmer sa personnalité en délivrant quelques tubes qu'il est facile de louper dans la jungle numérique mais un peu moins quand on a le CD entre les mains. Espérons maintenant que leur énergie contagieuse trouve à se produire live ailleurs que dans le quart Sud-Est du pays...
Publié dans le Mag #32