Monkey3 - Beyond the black sky Dans un monde "parfait", Beyond the black sky serait parvenu de lui-même jusqu'à la tanière du W-Fenec, sans trop qu'on ait à en faire. Mais le petit monde du business de la musique étant ce qu'il est, avec les plaisirs aléatoires de la communication/promotion dite "professionnelle" qu'il implique, ce ne fut (évidemment...) pas le cas, ceci expliquant par conséquent que le troisième album des suisses ne soit chroniqué dans ces pages qu'un an et demi après sa sortie officielle chez Headstrong Music/Stickman Records/Season of Mist. La séance de rattrapage s'imposait donc d'elle-même.

Et force est de constater que dès le "Camhell" inaugural, les suisses n'ont absolument rien perdu de ce qui faisait l'objet de fascination de leur psycho-stoner enfumé et atypique. Une transe hypnotique qui emmène l'auditeur naviguer entre 70's et 90's, au beau milieu de jams narcotiques entrecroisés avec un riffing stoner bien cadenassé, qui poursuit son cheminement intérieur sur un "One zero zero one" complètement habité par les dieux du (stoner) rock psychédélique. Foncièrement heavy mais également mélodique, Monkey3 évolue en (a)pesanteur, baladant sa nonchalance feinte mêlée de puissance avérée pour tisser une toile électrique piégeant magnifiquement l'auditeur au cœur de l'intense et sublime "Black maiden" (aux fausses influences à peine voilées).

On a souvent l'habitude de dire que le troisième album d'un groupe est celui de la maturité. Adage ou cliché ? Monkey3 s'en fout et répond par des compositions instrumentales, emmenant avec lui l'auditeur sur des hauteurs psychédéliques bien perchées (un assez court "Tuco the ugly"), pour par la suite le faire redescendre sur un terre et un sol bien rocailleux, l'accompagnant dans une traversée solaire du Grand Canyon avec "K.I" avec une virée sur un "Motorcycle broer" groovy, nappée de ce psychédélisme latent qui fait la marque de fabrique du stoner-rock des suisses. Entre old-school 70's sous acide et rock post-moderne ("Gate 57"), les Monkey3 poursuivent, avec Beyond the black sky, un peu plus leurs pérégrinations musicales en forme de voyages space rock interstellaires en territoires stoner ("Through the desert") aussi puissants qu'envoûtants. Classe, évidemment.