Rock Rock > Molotov

Biographie > préparez les cocktails

Du Mexique, on ne connaît que peu de choses musicalement parlant, si ce n'est Titan ou El Gran Silencio. Cela fait pourtant 6 ans qu'à la manière d'un Rage Against The Machine latino, les Molotov lancent sans relâche leurs cocktails explosifs de fusion hip hop contre les murs de l'establishment en en appelant à la revolucion, ne fusse-t-elle que culturelle. Parfois plus proches de l'esprit potache des Beastie Boys que du gang de L.A auxquels ils sont si souvent comparés de ce côté du Rio Grande, les Molotov parviennent aisément à concilier cynisme, beauf attitude exagérée et engagement frontal contre la politique mexicaine comme l'impérialisme états-unien, sans cesse préoccupés par la façon dont vivent ceux de leurs compatriotes qui se sont laissé aveugler par les lumières du rêve américain. En 1996, Donde jugaran las ninas et sa pochette explicite (les cuisses entrouvertes d'une nina au fond d'une voiture) les révélaient, puis Apocalypshit (1999) confirmait leur potentiel de fournisseurs de tubes fusions latinos à l'extrême opposé de Ricky Martin. On les croyait morts, mais après 4 ans les Molotov peuvent encore danser sur la tombe de leurs ennemis avec de Dance and dense denso plus touffu qu'un parterre de cactus.

Molotov / Chronique LP > Dance and dense denso

Molotov : Dance and dense denso Pas étonnant que l'on ne cesse de comparer ces chicanos aux défunts RATM, tant ils possèdent en commun ce sens inné du riff de fusion imparable et perturbateur ("Noko") permettant les pires exactions hip hop sur leurs surfaces lisses et leurs rythmiques carrés comme un oeuf. Dans ces moments-là, on aurait même plutôt tendance à les rapprocher des errances hispaniques des Cypress Hill époque Los grandos existo in espanol... On préfère définitivement cet usage haché de la langue de Cervantès aux chansonnettes désoeuvrées de monseigneur Chao ! En sautant allégrement de l'espagnol à l'anglais, les Molotov colorent encore plus des chansons qui n'en demandaient pas tant, toutes aussi fortes les unes que les autres. "Nostradamus mucho" rappelleraient un Ska-P faisant honneur à son P au lieu d'écrire des chansons pour petits-bourgeois endimanchés s'offrant le grand frisson en boîte à coup de "Légalisation" branchés. "E. Charles White" lui rend hommage sur un beat furieux peuplé de phrasés extraits sans nul doute d'un épisode de "Speedy Gonzales a trop fumé", alors que sur "Here we kum", Molotov boxe dans sa catégorie, tout en scratch de guitares et chaloupement du popotin. Des grooves endiablés que les Mexicains mettent à profit pour exterminer en quelques mots les rigolos du rock'n'roll ("No me da mi navidad") et les racistes de tout poil sur su "Frijolero" qui donne froid dans le dos. Et quand Molotov ralentit la cadence, ça donne un "Hit me" semi-acoustique et balancé à faire pâlir Dr. Dre, sans mauvais jeu de mot bien sûr. José Bové a voulu les enrôler dans sa milice privée, les mac do s'en méfient comme de la peste, mais Molotov préfère danser sur la piste aux étoiles.