Mogul

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En 2001, du côté de Waregem, l'appel du rock se fait sentir chez une bande de zikos qui veulent se faire plaisir en rendant hommage au stoner rock, religion qu'ils vénèrent depuis leur prime jeunesse. Ils montent alors un groupe qu'ils baptisent A last fine day. Comme ce n'est pas très rock'n roll, ils le renomment finalement Mogul, en référence au projet "Mogul" : un programme de l'armée américaine top secret datant de 1947 dont l'objectif était d'envoyer des ballons-sondes espions en URSS pour prendre des renseignements sur l'avancée de la conception des armes nucléaires soviétiques. Selon la rumeurs, ce serait du reste l'un de ces ballons-sondes qui se seraient écrasés à Roswell lors d'un test mené par l'Air Force, d'où le mythe que l'on connaît désormais et qui attire autant les illuminés mordus d'X-Files que les férus d'ufologie ou les habituels théoriciens du complot de tous bords (ou les trois réunis... sic).
Concernant le groupe, le premier EP des Belges sort en 2006 et permet au groupe d'affiner son identité musicale, influencée notamment par l'oeuvre de Chris Goss (Masters of Reality, QOTSA...). Mogul signe alors chez Buzzville Records (Cabron, Deville, Kube, Generous Maria, Glowsun, Monkey3...) et enregistrent à l'automne 2007 son premier album long-format. Intitulé Build me a hunchback, celui-ci sort dans les bacs quelques douze mois plus tard...

Mogul / Chronique LP > Build me a hunchback

Mogul - Build me a hunchback Sans doute impulsée par l'existence et l'impact de ce qui demeure au fil des années un label de référence, Buzzville Records, la scène stoner/heavy/blues rock belge affiche depuis quelques temps un dynamisme à toute épreuve. En marge des Cabron, Kube et autres Killbots, les combos de qualité prolifèrent pour la plus grande joie des inconditionnels du genre, ravis de ne plus avoir à tourner leurs esgourdes du côté du continent nord-américain pour rassasier leur soif de décibels. Ainsi a-t-on vu fleurir des groupes comme Bad Preachers, Ramon Zarate, Solenoid, The Whocares ou les Mogul qui font l'objet de la présente chronique...
Alors, comme ils ont signés chez Buzzville Records (un gage de qualité en soit) et que le dossier de presse annonce que pour ces cinq Belges, le desert rock des Masters of Reality de Chris Goss est un peu LA référence, on se presse d'enfourner le bébé dans le mange-disques et d'en écouter ce qui sort. Et dès "Sick & tired" puis "Return to the blues" on se dit que c'est quand même foutrement bien gaulé ce truc. "Narrow shoes" débarque et là on est littéralement conquis. Dans le genre "groupe qui convainc en 3 titres", Mogul se pose là. Certes, ils ne vont pas nécessairement révolutionner les fondations du genre avec cet album mais vous savez quoi ? On s'en cogne royalement. Build me a hunchback ce n'est pas un album typique, c'est un véritable catalogue du genre. Un mise en route tendance punky wave, une suite qui alourdis un peu le propos, lâchant ici quelques riffs brûlant soutenus par une basse qui nous envoie au septième ciel. "Genie 18" sort de sa lampe et exauce en direct nos voeux les plus chers. On se sent soudainement chez Kyuss et en écoutant le chanteur, on ne peut s'empêcher par instants de penser à John Garcia (Hermano, Unida, Slo Burn et surtout Kyuss...). Atmosphères propices à l'évasion à travers la route 66, instrumentations vénéneuses, rock lourd et incisif, mélodies littéralement addictive, en presque 8 minutes, Mogul a commis rien moins que son petit chef d'oeuvre.
On pense avoir tout vu de Build me a hunchback, en fait, on n'a pas encore vu grand chose, car les natifs de Waregem ont décidé de nous mettre à genou et ont vraisemblablement les moyens de leurs ambitions. Pour ce faire, ils sortent "Low tide" de leur manche et semblent mettre tout ce qu'ils ont dans les tripes pour nous visser à la platine. Lourd, puissant, accrocheur. En un mot : ultime. Sauf que ce n'est toujours pas fini. Car une fois passée l'instrumental "Arlett" où Mogul la joue "Monkey3-like cosmique" sans avoir un instant à souffrir de la comparaison avec les Suisses, les Belges en remettent une couche. La première fois, c'est hallucinant et toutes les fois suivantes... c'est encore mieux. Après le cyclone psychédélique d'"Arlett", le quintet met un peu de heavy made in 70's dans son rock au groove désormais électrisant. On enfile son cuir, on monte sur sa harley, on met les gaz et on s'embarque pour un road trip crapuleux façon Clutch meets Artimus Pyledriver ("Hold on", "Side kick"). En guise de final, Mogul nous offre une sortie de scène en beauté avec un triple loops puis double saut périlleux arrière et "Intro" + " All of my bleeding " + "Outro" monstrueux de feeling desert rock. Intense, efficace et furieusement rock. La grande classe qu'on vous dit...