minus_the_bear_planet_of_ice.jpg Il ne faut pas se leurrer, Minus the Bear n'est pas la formation indie-rock nord-américaine la plus renommée de ce côté de l'Atlantique... pourtant, si elle jouit d'une certaine reconnaissance critique et publique, ce n'est évidemment pas pour rien. Car MTB est de ces groupes qui ne font jamais de cartons commerciaux, mais qui ont su, au fil des années, des concerts, EP et albums de qualité, se forger un socle d'amateurs éclairés suffisamment solide pour continuer sa route avec la même indépendance artistique. Sur des mélodies indie pop, Minus the Bear greffe quelques lignes de guitare finement ciselées, quelques arrangements synthétiques soignés et une section rythmique qui se dévoile sur un tempo relativement enlevé. Un seul morceau et dès les premières secondes, "Burying luck" visse instantanément ses mélodies graciles dans notre esprit. Plus funky mais toujours ouvertement indie, "Ice monster" prend le temps d'envelopper sa ligne mélodique dans une atmosphère feutrée, presque intimiste qui fait qu'on a l'impression d'être seul en communion avec le groupe.
Et, sans même s'en rendre compte, on comprend par là, que Minus the Bear est déjà parvenu à créer quelque chose d'inimitable, une griffe musicale originale faite d'une multitudes de détails pop/ rock/ post-rock/ éléctro qui font l'essence de sa musique. Quelques discrètes touches éléctroniques, un chant en phase avec ses comparses instrumentistes, un songwriting particulièrement affiné, MTB n'est jamais bassement commercial, mais toujours intelligemment accrocheur ("Knights", "White mystery"). Quelques accents math-rock ci et là (le phénoménal "Dr.L'Ling"), et l'air de rien, les américains emballent le tout avec une facilité déconcertante. C'est léger, inventif, maîtrisé de la première note au dernier soupir et surtout, en variant couleurs et ambiances, l'ourson Minus voltige d'un morceau à l'autre avec l'aisance d'un funambule du Cirque du Soleil. Quelques accords de guitare acoustique, une atmosphères progressive clairement floydienne, le psychédélique "Part 2" manie ses effets de manche avec élégance et retenue. Envoûtant. Décidé à ne pas se limiter à quelconque style, Minus the Bear enchaîne directement avec la power-pop enlevée et énergisante de "Throwin' shapes". Le groupe aime élargir son spectre musical en passant allègrement d'une structure math-rock à une autre plus indie-pop, mais ce que les américains aiment par-dessus tout, c'est mélanger ces deux plaisirs, avec talent et sobriété. En résulte un cocktail musical math-éléctro-pop-rock aussi frais qu'étincelant ("When we escape", "Double vision quest"). Parce que toute bonne chose a nécessairement une fin, MTB se plie à la règle sans difficulté et conclue l'affaire sur un "Lotus" qui apparaît comme étant la synthèse idéale d'un album décomplexé et finement ouvragé.