L'histoire de Milgram est trop inquiétante pour passer à côté, sans savoir si le nom du groupe a été choisi en référence à ce psycholoque américain, je me lance peut-être dans une "anecdote" sans aucun rapport mais j'en doute... Dans tous les cas, elle vaut son pesant de beurre de cacahuète. En voilà un résumé, en 1963, Milgram veut tester la soumission à l'autorité, des volontaires vont jouer le rôle de prof et interroger d'autres soit-disant volontaires (en fait, ce sont des complices de Milgram) sur leurs capacités à mémoriser des associations de mots (un truc quasi impossible), si l'élève se trompe, le "prof" doit lui envoyer une décharge électrique de plus en plus importante "pour le bien de l'expérience" tout en sachant que la décharge ultime provoque la mort. Résultat ? 67% des "professeurs" ont tué leur élève... les autres se sont arrêtés quand le complice simulait le coma...
Côté rock, c'est pas forcément moins scientifique mais Milgram vient de Dunkerque, joue depuis pas mal d'années sur le littoral et se compose de Fred (guitare), Nico (basse), Jeremie (guitare, clavier) et Teddy (batterie). Signé chez le jeune micro label Golden Delicious, ils sortent en avril 2006 un (quatrième) album auto-enregistré et mixé par Fred Norguet au nom royal de Another one buys the dust.
[
Milgram
Biographie > un kilo
Milgram / Chronique LP > Another one buys the dust
Sans renier le clin d'oeil à Queen dans son choix de titre d'album, les Milgram avouent que c'est surtout pour l'acheteur de disque, une espèce en voix de disparition, la musique étant aussi volatile que la poussière... L'artwork est superbe (bon courage pour trouver toutes les références), on peut maintenant passer à la musique... Complètement instrumental, Milgram n'est pourtant pas facilement assimilable au mouvement post-rock, les Dunkerquois jouent depuis une dizaine d'années ensemble et même si leur rock noisy au bon goût garage s'est épuré dans le son, ils ont conservé des constructions très rock, très directes, au diable les ambiances pesantes et les envolées lyriques des guitares post-rock, ici sont mises en valeur les attaques frontales ("Good buy") ou des mélodies pop venimeuses ("Van Alfred"). Des titres courts, efficaces tout de suite, des titres où chaque instrument trouve sa place, même ceux qui ne sont invités que de temps en temps (l'orgue qui déboule sur "Agent Tyna" par exemple). Cependant, il ne faudrait pas penser que Milgram joue la facilité, loin de là, si on parle parfois de math rock, ce n'est pas pour rien... Leur rock donne parfois dans l'élitisme pour celui qui voudrait le décortiquer en profondeur et tenter de comprendre la provenance de ses différentes couleurs ("Arpegeoide"), et bien que très riches, les Milgram peuvent nous faire vibrer aussi rapidement que Pillow ("Cream son"). Bref, c'est très agréable en surface et ultra solide à l'intérieur !
Et comme nombre de groupes instrumentaux, une partie de l'esprit du combo passe par le choix des titres de morceaux, ici, c'est un festival de jeu de mots que soient ciblées des références cultissimes ("Stairway to StarWars", "Cream son", "Hulk organ"), que soient emmêlées des sonorités ("Good buy", "Arpegeoide") ou que soit mise en valeur une appartenance régionale ("Wassingue machine"), le tout étant forcément souvent lié...