Microfilm - AF127 Avec ses trois albums au compteur, Microfilm, formation (post)-rock instrumental et cinématique à part sur la scène hexagonale (mais aussi continentale) est désormais une référence du genre au pays de l'exception culturelle et même un peu au-delà. Un griffe musicale atypique : une structure post-rock classieuse posée sur quelques poussée de fièvre électrique et enveloppée d'une nuée de samples de dialogues de films datant des années 50/60, un résultat qui faisait des merveilles sur Stereodrama ou The bay of future passed notamment. Jusqu'à cet AF 127 au patronyme pour le mois énigmatique.

On pense à nom de vol qui irait de paire avec les atmosphères stratosphériques ("Flying guillotine", "Icebar") d'un disque de rock aérien mais pas que, une oeuvre extrêmement maîtrisée techniquement parlant, dont l'élégance racée ("Carnival") lui évite bien des écueils sur lesquels viennent régulièrement s'échouer tant de contemporains gravitant dans ces sphères post-rock environnantes. Même si sur le long climax de l'album, "Claude" et ses presque treize minutes d'une plongée sonore sans filin dans un univers musical interlope, on sent que Microfilm n'est à plus grand chose de tourner parfois en rond, la magie opère encore. La sensation, à peine perceptible à ce moment de l'album, que quelque chose se passe toujours certes mais ne parvient plus à reproduire les mêmes effets qu'avant.

Des titres qui se suivent et s'assemblent, s'imbriquent de manière homogène jusqu'à former un tout d'une logique et cohérence parfaitement pensée, de ce point de vue là, AF 127 est une réussite, sauf qu'à force, ce que l'on pressentait après quelques titres se produit : et l'on commence à s'ennuyer un peu. La logique est ici imparable et pourtant, le temps de quelques morceaux ("The intruder", "Stranden", "Rio"), si Microfilm habille toujours ses compositions de ses costumes instrumentaux dont il a le secret, ses entrelacs mélodiques mêlés à des samples qui se plaisent emmener l'auditeur dans des directions différentes, il manque ce supplément d'âme qui faisait la classe des précédentes livraisons du groupe. Frustrant. Ne serait-ce dès lors pas le moment de faire voler le concept en éclat et de révolutionner un concept qui pourrait bien être sur le point de s'essoufler ("Beauregard", "Dept.7", "Wolf") ? La question mérite sans doute d'être posée.