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Metz / Chronique LP > Up on gravity hill

Metz - Up On Gravity Hill Metz, c'est l'histoire d'un trio de rock canadien qui en 2012 se présente au public avec un 1er album éponyme de noise rock/grunge/punk trop bon et pertinent pour des débuts. Qui plus est signé chez Sub Pop (ils y sont toujours 12 ans après, c'est que les affaires marchent plutôt bien). Bref, ils ont tout pour eux, et il est assez facile de faire le parallèle avec un groupe comme Rage Against The Machine qui avec un éponyme, eux aussi, avait déjà écrit une grande partie de leur histoire, avec la hype qui vadrouille bien comme il faut autour. Que peut-on proposer après ça ? Depuis cette première offrande, Metz a lancé trois albums studios en cinq ans avec le constat qu'il lui était assez difficile de sortir de ses sentiers battus, tout en restant quand même une formation de bon goût. Là où RATM s'est dissous au bout de 3/4 albums en moins de 10 ans, les Canadiens, eux, peinaient à se renouveler jusqu'à la découverte de ce Up on gravity hill sorti cette année. Faisant ressortir davantage son côté grunge et post-hardcore, Metz brouille son identité et sa patte sonore pour tenter de se réinventer. Et, croyez-moi, c'est une joie et un soulagement car ce nouvel album est une réelle cure de jouvence salvatrice. Conjuguer cette volonté de distiller une intensité avec des mélodies lumineuses (le final "Light your way home" en est le meilleur exemple) nous fait dire spontanément : "Enfin !".

Publié dans le Mag #62

Metz / Chronique LP > Strange peace

Metz - Strange peace Ayant toujours suivi plus (l'éponyme inaugural) ou moins (II) de près les aventures des Canadiens de Metz, c'est sans a priori que je découvre Strange peace. Une paix étrange ? Tiens donc, auraient-ils levé le pied ? Cela ne m'étonnerait pas, tant la troisième œuvre d'un groupe est en général synonyme d'évolution marquante dûe à une certaine maturité et du recul sur son propre travail. En tout cas, dès le premier titre de ce nouvel album ("Mess of wires"), j'en suis pas totalement convaincu, le mur du son à la A Place To Bury Strangers fait son effet direct, une belle mandale dans la gueule, les riffs sont acérés, le rythme et le rendu sonore sont puissants et pesants. On se souvient qu'à l'époque notre cher et tendre collègue et néanmoins ami Cactus vilipendait gentiment la production des premiers disque du trio, sur ce présent méfait, il ne risque pas de s'en plaindre puisque ce sont Steve Albini (reconnu pour ses travaux avec Nirvana, Jesus Lizard, Neurosis et les Pixies) et l'habituel Graham Walsh (artisan sonore de Viet Cong, Alvvays ou Young Rival) qui se sont chargés de la production maousse costaud de ce Strange peace.

Ce fait est, inutile de vous préciser que la profondeur et la densité du son pour un trio sont exceptionnelles, un rendu qui, s'il sonne comme tel en live, fera un ravage et poussera le public dans ses retranchements. J'ai envie de vous dire qu'heureusement, par moments, le groupe sait ouvrir son champ musical à de belles harmonies (comme "Cellophane" et "Raw materials", d'inspiration Fugaziennes) et à des ambiances plus relâchées (qui font franchement du bien !) comme dans la longue interlude "Caterpillar" ou dans "Sink". Le reste n'est que grosso merdo du Metz tel qu'on le connaît depuis ses débuts. Entre noise rock et post-punk, Strange peace n'accorde finalement que peu de répit à l'auditeur qui sera d'ailleurs pris à parti avec un fulgurant brûlot punk-garage nommé "Dig a hole" à la (presque) toute fin. En somme, pour mieux l'achever et qu'il creuse lui-même son propre trou.

Durant ces 36 minutes enregistrées "en direct" en quatre jours, jamais l'ennui nous ronge. C'est la force d'un bon album et si Metz s'est taillé une sacrée bonne renommée avec ses deux premiers opus, nul doute que cette "paix étrange" viendra l'asseoir encore plus.

Publié dans le Mag #31

Metz / Chronique LP > Metz

Metz - Metz Alex Edkins, Hayden Menzies et Chris Slorach sont Metz, un power-trio canadien qui (Metz)-câline (tentative de vanne épisode 1) Shellac, Pixies et autres The Jesus Lizard dans le tube à essai des influences avouées, trio magique d'une catégorie musicale dont on se réfère aujourd'hui autant pour se donner un genre que pour confirmer des prédispositions aisément devinées. Metz se voue au sein (Metz + sein = on ne dirait pas comme ça mais essaie des les travailler nos vannes) du label Sub Pop, un incontournable de sa catégorie (Dinosaur Jr, Mudhoney, Nirvana ou encore Soundgarden) sensé lui assurer une exposition maximum. A raison puisque le groupe tourne avec Oneida mais également Mudhoney et autres NoMeansNo. Mais surtout fait rapidement le buzz autour de lui...

Lequel se révèle justifié. Musicalement, on en prend d'entrée plein les conduits avec un "Headache" qui tape fort sur ses fûts en égrainant ses harangues rageuses, dopées par des riffs teigneux et une basse pesante qui colle les tympans aux amplis. Une puissance de feu considérable pour le genre et un objet sonore qui évoque assez immédiatement la déflagration A Place To Bury Strangers dans cette manière d'incendier les enceintes avec une fougue peu commune. Fatalement on se prend au jeu et on laisse alors Metz aligner sur la platine les torpilles post-punk sans baisser de rythme ni de ton (le fuselé "Get off", un "Rats" aussi sauvage que carnivore). Mais entre-temps, le groupe a le culot de larguer à pleine vitesse un "Sad pricks" thermonucléaire. Le compteur de décibels dans le rouge, une hargne contaminatrice et une envie débordante : on est KO debout mais on a le sourire.

Eponyme, l'album est ainsi une collection grenades noise-indie-rock-post-punk dégoupillées avec ce qu'il faut d'assurance pour faire de jolis dégâts dans la tuyauterie. Un disque gueulard ("Knive in the water") qui s'offre un interlude ouvertement anti-mélodique avec l'acide et grinçant "Nausea" pour mieux propulser quelques instants un "Wet blanket" en forme de single détonnant mais évident. Sauf que pas selon les canons de l'industrie. Une sorte de coup de Trafalgar façon Metz lequel en propose ici un véritable modèle du genre. A Metz dans les oreilles de toute urgence... Surtout quand c'est pour enchaîner avec "Wasted" ou "The mule" et enfin "Negative space", toujours sans la moindre retenue ni hésitation mais une sacrée envie de faire cracher les flammes de l'indie-rock pour les aviver à coup de post-punk incendiaire.

Pas une simple découverte de plus, non. Une véritable claque en bonne et due forme qui arrache les tympans comme rarement par les temps qui courent. Prends ça dans les dents le formatage pour les masses obéissant aux diktats de l'industrie du disque.