Metro Verlaine Comment s'est passée cette période de pandémie ? Vous avez préparé la sortie de l'album ou au contraire cette période a été mise à profit pour des choses plus personnelles ?
La période de pandémie a été vraiment difficile pour nous comme pour beaucoup de monde. L'arrêt des concerts, devoir rester enfermés chez nous, c'était vraiment difficile. On a soif de liberté en permanence et c'était vraiment compliqué d'être à l'arrêt comme ça. On s'est mis à vraiment travailler sur le disque en 2021 en croisant les doigts pour que la vie reprenne. Objectivement on a moins souffert que les gens qui n'ont pas arrêté de bosser, notamment dans les hôpitaux mais aujourd'hui on ressent vraiment le besoin de vivre chaque moment à fond. On s'est nourri de ce qu'on pouvait, des livres, des films... mais la poésie c'est dans la rue ou dans les bars qu'on la trouve.

Votre biographie indique qu'une première session d'enregistrement était calée à New-York pour travailler avec Jared Artaud (Vacant Lots) juste avant le confinement et a dû être annulée.
Pensez-vous que vous auriez fait un album différent si le covid n'avait pas entraîné tous ces confinements ?

Oui c'est une certitude. Si on était allé à New York comme prévu, je pense qu'on se serait vachement imprégné de la ville, de son énergie. On vit tous les deux à Evreux, alors New York c'est vachement exotique pour nous. Et puis on a mis pas mal de nos colères dans Funeral party. On a travaillé à trois avec Arthur Guegan du Octopus Garden studio, mais c'est vraiment en duo qu'on a créé ce disque. Si on avait travaillé avec Jared, on lui aurait sans doute laissé plus la main en terme de production.

Vous sortez votre album avec un premier clip avant-coureur, éponyme à l'album, pourquoi cet oxymore ?
Funeral party c'était notre titre de travail pour cet album. On voulait mettre un maximum de nous dans ce disque et passer à autre chose. On a grandi tous les deux et on a pas mal évolué. Ce titre c'était une façon de régler les comptes avec nos propres vies. C'est aussi une référence à un morceau de The Cure qu'on adore.

Le fait d'avoir une "front woman" change-t-il quelque chose dans votre façon de voir la scène ? Que pensez-vous de l'initiative "more women on stage " de Lola de P3C mais également de l'hashtag #musictoo ? De nombreux groupes comme WHYPD, SheWolf ou encore Ottis Coeur ont repris le slogan inscrit sur la basse de Lola, c'est quelque chose qui vous touche ?
Il est souvent arrivé qu'on se prenne des réflexions déplacées parce que je suis une femme qui chante dans un groupe post-punk et que nos lives sont plutôt sauvages. Et ça, ça n'arrive pas aux garçons à la fin des concerts. Notamment de la part de certains "pros" qui sont en fait des gros salopards. Mais à l'intérieur du groupe il n'y a jamais eu le moindre problème, je me sens hyper soutenue et ça me pousse à assumer complètement ce rôle de front. Oui on aimerait voir plus de femmes sur scène mais aussi aux postes clés des salles de concerts. On soutient à mort More women on stage et #musictoo et on appelle aussi les gens à être vigilants pendant les concerts. Les filles aussi ont le droit de sortir, de kiffer un concert, de danser, de monter sur scène ou encore de se bourrer la gueule sans devenir des proies.

Y a-t-il une scène Normande (WHYPD, You said Strange, etc.) car nous sentons une réelle émulation ? Même si vous êtes présents depuis près d'une décennie, nous sentons que les choses s'accélèrent.
Oui, il y a clairement une scène Normande hyper intéressante et au fil du temps, tout le monde se connaît plus ou moins. On a commencé un peu après You said Strange et on se suit de près depuis toutes ces années. C'est cool de voir que ça bouge autant.

C'est aussi visuellement présent avec la photo de Charlotte Romer qui gravite autour de cette "team " Normande. Il n'y a pas un risque d'uniformisation car elle a fait de mémoire la dernière pochette des You said Strange ?
Charlotte est une amie et une photographe dont on apprécie beaucoup le travail. On a beaucoup discuté avant de faire la photo de l'album et elle s'est vraiment plongée dans notre univers tout comme Pauline Lallement qui a désigné la pochette. Je ne crois pas à l'uniformisation mais plutôt à l'émulation. Nos deux pochettes sont très différentes et si on reconnaît la patte des filles c'est plutôt une bonne chose. La plupart des groupes jouent sur le même type de guitare et pourtant ils ne sonnent pas tous pareil.

Passer par les labels Le Cèpe Records / Kids are Lo-Fi vous a permis plus de liberté dans la réalisation et une sorte de "do it yourself" ?
On a toujours été très libre et on a toujours travaillé comme on l'entendait. Pour notre premier LP Cut-up c'est nous qui avons demandé à Charles Rowell de produire le disque et ça a été une aventure humaine formidable. Pour Funeral party c'est pareil, on a produit notre disque avec Arthur et on a gardé la main sur l'ensemble de la réalisation. On a toujours baigné dans le DIY. Mais c'est cool de se sentir soutenus par Le Cèpe et Kids are Lo-Fi, ils comprennent où on va et on discute beaucoup de nos idées parfois délirantes. Ce sont vraiment deux labels très humains et c'est un plaisir de bosser avec eux.

Êtes-vous nés du mauvais côté de la Manche ? Nous nous souvenons de ces paroles "J'irai mourir à Manchester en écoutant du Joy Division..." issue du titre "Manchester" de votre premier album. C'est toujours un projet de vie/mort de finir dans la "perfide Albion" ?
"Manchester" c'était un appel à la vie, au voyage, à l'exotisme. Bien sûr que la puissance créatrice des grandes villes et des grandes scènes, ça fait rêver mais on ne serait pas Metro Verlaine si on était né ailleurs qu'ici. C'est notre grisaille qui nous pousse à créer et à nous battre. Un jour Axel ira sans doute s'installer à Manchester pour pouvoir aller au stade de foot tous les weekends ou peut-être qu'il ira se terrer dans une forêt avec ses vinyles et ses bouquins... Mais en tout cas on adore tourner au Royaume-Uni et on a vraiment hâte d'y retourner.

Quel est le moteur de Metro Verlaine et qu'est ce qui détermine le choix de la langue dans vos chansons, un thème qui sera mieux traité en français, une mélodie ?
Metro Verlaine on le vit comme une aventure romantique au sens littéraire. On a envie de tout vivre et de ne passer à côté de rien. C'est l'envie de brûler la vie qui nous pousse à écrire des chansons. Quand on écrit on se laisse le choix du français ou de l'anglais. "Laisse tomber la nuit " par exemple c'est un poème qu'Axel a écrit pendant le confinement. Pas question de l'adapter en anglais. C'est vraiment une question d'envie et d'énergie.

Metro Verlaine Funeral party Revenons sur ce nom intrigant de quel Verlaine parlez-vous, Tom ou Paul ? Les deux semblent vous correspondre. Et à quoi correspond le terme "Metro " ?
Tom ou Paul ? Et bien les deux. Television et toute la scène CBGB's c'est clairement notre trip. Et puis Paul pour le poète maudit, l'amant de Rimbaud, l'outsider. On voulait coller deux images l'une à côté de l'autre. La poésie pour nous c'est quelque chose qui vient des tripes, qui sent la pisse et qui file à toute allure. L'idée du Metro nous plaisait bien.

Difficile de parler des groupes de la nouvelle scène sans parler de la compilation "Sick Sad World - Volume 1 ", constat pessimiste dans le titre mais belle initiative. Comment s'est fait le choix de la reprise Outkast n'est pas très "Manchester" ?
L'idée c'était de faire une reprise qui sorte un peu des sentiers battus et qui soit tirée des 90's / 00's. C'est Raphaëlle qui a proposé ce titre et franchement on s'est bien amusé à le faire. C'est un morceau de notre adolescence qui passait non-stop en radio. On écoute Joy Division mais on a quand même un peu d'humour.

Avez-vous déjà une tournée de prévue ?
On a des dates qui rentrent pour cet été et on espère commencer une tournée à l'automne !

Le mot de la fin ?
Life is a riot !