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Biographie > 15 ans d'expérience ou comment se contruire une légende?

Mercury Rev se créé à la fin des années 80 à Buffalo aux Etats-Unis. Le groupe se compose alors de David Baker (chant), Jonathan Donahue (guitare, chant), Grasshoper (guitare, chant), Suzanne Thorpe (basse), Dave Fridmann (basse) et Jimy Chambers (batterie). La formation de base ne cessera de se modifier avec le temps. Leurs premiers enregistrements sont réalisés afin de servir de bande sonore pour des films expérimentaux qu'eux-mêmes ou leurs amis ont réalisé à l'université alors qu'ils étaient étudiants en cinéma.
En 1990, Jonathan Donahue, sous le pseudo de Dingus, devient le guitariste des Flaming Lips, et enregristre avec eux l'album In a prieust driven ambulance, produit par Dave Fridmann.
Les musiciens de Mercury Rev habitent dans différents Etats de la Côte Est et répètent rarement. Pour financer leur premier album, ils acceptent les emplois les plus variés, comme filmer des procès, vendre leur sang ou participer à des expériences psychiatriques ("Tu bois un verre de vodka, ils te passent un film porno et observent tes réactions", raconte Donahue aux Inrocks en 1992).
En 1991, Mercury Rev signe alors son premier album Yerself is steam mais la faillite de son label empêche une bonne commercialistion et une bonne distribution. Cela n'empêche pas le groupe de tourner beaucoup, même s'il est sur le point de se désintégrer à tout moment : pendant leur prestation, le groupe joue sans playlist, les musiciens jouent souvent deux morceaux en même temps et David Baker délaisse fréquemment son micro pour aller se chercher un verre, squatter le bar ou se joindre à la foule qui les huent.
Malgré tout, en 1992, Mercury Rev se produit en première partie de My Bloody Valentine et, plus étonnant, Bob Dylan. Le groupe est fidèle à sa réputation: pendant cette période chaotique, Donahue tente d'énucléer Grasshoper avec une petite cuillère à bord d'un avion (ce qui leur vaudra d'être banni de la compagnie aérienne) et Fridmann dépense la somme avait été avancée au groupe pour un enregistrement en payant des vacances aux Bermudes à sa mère.
En 1993, alors que des dissensions tiraillent le groupe, Mercury Rev signe Boces. Pour l'occasion, le groupe a rassemblé des échantillons musicaux d'horizons très divers: des bruitages provenant de la NASA mais aussi des bruits étranges issus d'expériences auditives. L'orgine du nom Boces aurait lui été choisi en l'honneur d'une école de New York d'aide aux enfants inadaptés, certainement en souvenir du passé de certains membres du groupe. Même s'il faut bien y voir une part de légende, Jonathan Donahue aurait rencontré Grasshoper à l'âge de dix ans dans un centre pour jeunes délinquants, où le guitariste aurait été placé pour avoir "laissé malencontreusement tomber un marteau sur la tête d'une gamine alors qu'il construisait une cabane dans les bois".
Commencent alors une longue série d'aventures rocambolesques. Le groupe participe au festival américain Lollapalooza, d'où il se fait virer pedant sa prestation à cause d'un niveau sonore excessif.
David Baker est ensuite viré du groupe et signe en solo en 1994 l'album World.
Mercury Rev, réduit à cinq, enregistre See you on the other void en 1995. L'album fait un vrai flop et comme si cela ne suffisait pas, le groupe doit alors faire face à une série de problèmes, dont le pire se déroule à Londres. Leur van tombe en panne et ils se font voler une partie de leur matériel. Comble de la malchance, le responsable de leur stand T-Shirt sur leurs concerts, oublie alors la recette du merchandising de la tournée dans un taxi, laissant ainsi s'envoler 5000 livres! Jonathan et Grasshoper décident alors de s'isoler à New York et recrutent deux nouveaux musiciens, Adam Snyder et Jeff Mercel.
Sous le nom de Harmony Rockets, Mercury Rev, en formation réduite, signe ensuite Paralysed mind of the archangel void. Suit en 1998, Deserter's soongs. Trois ans après, sort le décevant All is dream.
En 2005, le groupe sort The secret migration. En octobre 2006, le groupe sort son best-of The essential mercury rev et la bande originale Hello blackbird.

Mercury Rev / Chronique B.O. > Hello blackbird

Mercury Rev - Hello blackbird Au moment de la sortie de son double best-of, Mercury Rev a aussi publié un autre disque, accomplissement d'un travail différent (dans l'approche) de ce dont la bande à Grasshopper et Donahue nous habitue depuis plusieurs années. Cette fois, le groupe s'est essayé à la confection d'une bande originale, celle du film "Bye bye blackbird" et en a fait part sur ce disque intitulé différemment, en l'occurrence Hello blackbird.
Beaucoup moins extravagante et outrancière que certains passages de The secret migration, la musique proposée par Mercury Rev a gagné en humilité en retrouvant une certaine simplicité et semble avoir fait un bond en arrière dans le temps. A l'exception de son dernier fragment (l'éthéré et rétro "Simply because"), l'enregistrement n'est constitué que de pistes instrumentales. Ces morceaux, pour la plupart très courts (une large majorité fait moins de 2'30), sont articulés autour des pièces principales que sont "Blackbird's call", "The white birds" (et ses quasi-10 minutes) et "Departed angels". Le format particulièrement court de ces "pastilles" ayant simplement pour but de souligner quelques passages de "Bye bye blackbird" et non pas d'imposer la musique de Mercury Rev.
C'est l'occasion pour le groupe d'y aller en douceur, de déployer doucement violon et mellotron, d'utiliser avec parcimonie les percussions, de travailler en profondeur les arrangements afin de disséminer textures féériques et saveurs mélancoliques ("Robert y Roberto"). Mais les esprits ne resteront pas totalement chagrins puisque des plages plus enjouées viennent casser cette fausse monotonie ("Waltz for Alice", "The chimpy waltz"). Sans avoir vu le film en question mais ayant lu son synopsis, la musique instillée par Mercury Rev tisse facilement (et c'est la moindre des choses) des atmosphères ("The white birds") que l'on imagine aisément prendre place dans cette coproduction austro-britanno-germano-luxembourgeoise (ça ne s'invente pas !).
Une section multimédia agrémente le tout, composée en fait de deux petites vidéos en bonus. La première permet de voir Mercury Rev à la tache, en train d'enregistrer la musique devant la projection du film et une seconde ("Grasshopper's wild ride") présente les pérégrinations de Grasshopper se mettant en scène aux abords d'un cirque, lieu où se déroule le film.
A travers cette bande originale, Mercury Rev semble être redescendu sur terre, éveille les sens en finesse, sans grandiloquence mal placée en prodiguant une musique touchante. Une réorientation peut-être indicatrice de leur prochain opus, qui sait ?

Mercury Rev / Chronique LP > The essential mercury rev

Mercury Rev : The essential mercury rev - stillness breathes (1991-2006) Alors qu'au moment de la sortie de The secret migration je m'étais promis de vous chroniquer les 5 premiers albums du groupe, je n'ai réussi à vaincre que son premier opus : Yerself is steam. Terrassé par la nonchalance, vaincu par une pile de disques grandissante, n'ayant pas la force et la vitesse de frappe d'un Aurélio, je dû, donc, jeter l'éponge. Autant dire que la sortie de The essential mercury rev est une véritable aubaine. Et à plus d'un titre. Car le premier disque de cette double et épique compilation (2h29 au compteur !) permet de survoler la carrière du groupe avec des titres tirés des différents albums, de Yerself is steam à The secret migration. On découvrira aussi "Car wash hair" dans sa version courte (près de 5 minutes, tout de même !) qui se trouvait originellement sur un single et quelques compilations dont Mint humbucker.
Fort logiquement ce sont les 3 derniers albums (Deserter's songs, All is dream et The secret migration) qui sont le plus représentés ici avec huit titres sur les quatorze (dont les immanquables "Opus 40", "Goddess on a hiway" ou "A drop in time"). Logique, en effet, car c'est depuis 1998 et Deserter's songs que le groupe a assis sa réputation. Mais le groupe n'a pas pour autant mis de coté ses premiers faits d'armes. Effectivement, on pourra aussi bien se replonger dans leurs derniers élans grandiloquents ("The dark is rising") que voyager a travers les premières épopées tumultueuses telles que "Chasing a bee" ou "Empire state (son house in excelsis)". En presque une heure et quart, c'est un panorama d'une soixantaine de titres, divers et variés dans leur contenu, qui est synthétisé et offre un coup d'oreille sur la carrière (hors du commun) de Mercury Rev, et ce, sans oublier leur trois premiers albums (Yerself is steam, Boces et See you on the other side). Mais nous n'en sommes qu'à la moitié du périple !
L'objet s'adresse à tous, même aux fans les plus chevronnés de Mercury Rev, détenteurs des singles, maxis, compil's auxquelles le groupe a participé puisque se glissent dans la deuxième galette, exclusivement composée de raretés, 3 titres inédits. Impossible de décortiquer les 18 titres du deuxième disque (et ses 76 minutes) de façon concise, je vais plutôt m'attarder sur quelques coups de coeur. Parmi les différentes reprises qu'a effectué Mercury Rev durant sa carrière, on soulignera celle de "Lucy in the sky with diamonds" des Beatles (jusque là inédite), plus éclatante que celle de John Lennon en solo ("I don't wanna be a soldier"). On notera aussi les reprises de Captain Beefheart ("Observatory crest") et de Nico ("Afraid"), toutes deux habilement habitées par Mercury Rev. Sont plus anecdotiques, celles du caméléon David Bowie ("Memory of a free festival") et du récemment disparu parrain de la soul James Brown (avec "It's a man's man's man's world").
Le groupe s'est aussi essayé à transposer un standard des années 30 ("I only have eyes for you" composé par Al Dubin et Harry Warren) ou des morceaux traditionnels comme "Streets of laredo" déjà popularisé par Johnny Cash et "He was a friend of mine" interprété par Bob Dylan. Le résultat de ces deux premiers titres est à la hauteur de nos espérances, dommage que le dernier nous fasse trop penser à la version du prêtre du folksong.
A cela s'ajoutent deux compos inédites de Mercury Rev ("Clamor", apparemment pré-1995 et "Seagull", visiblement plus récent), un remix assez bien vu de leur "Delta sun bottleneck stomp" (Deserter's songs) par The Chemical Brothers et encore quelques titres à découvrir.
Au sujet du premier disque, on pourra toujours pinailler autour du choix des titres (j'aurais préféré un titre de Boces à "Black forest (lorelei)"), de leur ordre d'apparition (un ordre chronologique aurait-il été préférable ?) ; au sujet du second, son remplacement par un DVD et reléguer les raretés sur un troisième disque ou consacrer deux disques à la discographie "standard" du groupe peuvent être discuter. N'empêche qu'avec deux galettes (et près de 2h30 de son !), The essential mercury rev s'impose comme un opus indispensable aussi bien chez l'auditeur averti du groupe que chez le néophyte qui aimerait prendre le train "Mercury Rev" en route. En attendant son prochain opus, la formation offre de quoi se nourrir les oreilles, que dis-je, se les gaver !

Mercury Rev / Chronique LP > Yerself is steam

Mercury Rev : Yerself is steam Bien qu'étant constitué que de 8 titres, il s'agit bien d'un album à part entière puisque sa durée approxime les 50 minutes. Deux morceaux sont courts (moins de 3 minutes) dont l'intermède «Continuous trucks and thunder under a mother's smile» dont le temps nécessaire à sa lecture (sans se tromper et sans hésitation) doit correspondre avec la durée dudit morceau puisqu'il ne dure que 43 secondes. Les autres compositions prennent plus facilement des allures d'épopée, surtout «Very sleepy rivers» qui du haut de ses 12 minutes fait office d'épitaphe pour ce Yerself is steam.
Une fois passées ces considérations temporelles, quel contenu est proposé par cette première sortie du gang de Buffalo ? Lumières psychédéliques, obscures étincelles et constructions loufoques sont semées sur ce premier album du groupe.Parfois les instruments forment un bruit blanc tourbillonnant comme au travers du punkisant "Syringe mouth", l'ombre d'un Sonic Youth n'étant plus très éloignée ou alors s'évaporent dans une brume plus douce ("Frittering"). Mais

Yerself is steam a du mal à convaincre car les bonnes idées sont noyées au milieu d'une sorte de cahier de brouillon bien fatigué (l'intriguant "Blue and black"). Les compos sont assez sauvages et sont alors (très) loin des vols-planés acoustiques délivrés quelques albums plus tard.
Avec le recul et la notoriété acquise par Mercury Rev plusieurs années après ce disque, il est plus facile de trouver quelques idées intéressantes ça et là ("Chasing a bee", "Sweet oddysee of a cancer cell t' th' center of yer heart") mais on comprend aussi pourquoi cet album n'ai pas marqué les foules. Une production hasardeuse et l'absence de réelle moelle épinière, laissant les idées fuser de toute part sans réelle cohérence laissent une impression en demi-teinte. D'autant plus que Yerself is steam était sorti sur un petit label qui s'est rapidement effondré rendant cet enregistrement difficilement disponible durant plusieurs années.

Mercury Rev / Chronique LP > The secret migration

album the secret migration Une fois de plus, Mercury Rev bat tous les records de mauvais goût pour le choix esthétique de sa pochette d'album. Que comprendre à la vue de ce papillon hideux, sinon que le groupe cherche à éloigner les curieux qui tenteraient d'entrer dans leur univers sans y avoir été invité.
La musique est toujours travaillée et chargée jusqu'à l'écoeurement et la voix maniérée de Jonathan Donahue est loin d'alléger le tout. On approche donc parfois de l'indigestion comme avec "Diamonds" où Donahue frise l'imbécile heureux poussé par un accompagnement se perdant dans des cieux bien trop lointain de nous.
Malgré tout, Mercury Rev a délaissé les délires dignes d'une BO Disney de leur dernier album pour revenir à un rock qui leur ressemble plus. On n'en reste pas moins dans la démesure grandiloquente : guitares aux sonorités ampoulées et claviers omniprésents surchargent une pop qui peine à s'imposer.
Quelques petits bijoux viennent tout de même justifier à eux seuls ce nouvel album : leur magnifique premier single "Vermillon", mais aussi "In the wilderness" ou "In a funny way". Ce The secret migration ne restera donc pas dans les annales mais devrait ravir les fans du groupe tout en laissant présager, qui sait, du très grand Mercury Rev pour le prochain album.