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Biographie > Les gars qui font du folk ?

Contrairement à son nom, Menfolk n'est pas (du tout) un groupe de folk à chanter autour d'un feu de camp sur fond de grattes sèches. Menfolk a préféré choisir depuis plusieurs années la voie du noise-rock, entre Shellac et Ricaine, pour schématiser. En fait, la fin du siècle dernier a été très riche pour le groupe et l'année 1999 un tournant décisif. En effet, entre 1994 et 1998 les différents membres du groupe ont collaboré au sein d'une formation noise-rock dénommée Prune. Une fois l'aventure Prune terminée, le groupe (alors sous forme de trio) change de nom pour celui de Menfolk, quitte son Skaelskoer natal pour la capitale Copenhage et s'associe à quelques groupes locaux pour créer le label Play/Rec. En 2000, le groupe devient un quatuor à l'original line-up : un guitariste-chanteur, un batteur et... deux bassistes !
C'est en 2001 que Menfolk inaugure sa carrière discographique en compagnie de The Unit à travers un split 7" (Double date). Fin 2002, les Danois enregistrent quelques titres en vue d'un premier album mais le départ d'un des bassistes perturbe les plans du groupe. Mais qu'importe, Menfolk réussit à publier ces titres sur un split 12" (Are we enemies) en le partageant avec Barra Head en 2004. A nouveau à quatre, grâce à l'arrivée d'un nouveau bassiste, le groupe enregistre (enfin) en avril 2005 son premier album. Et c'est le 21 novembre 2005 que Colossus voit le jour via Play/Rec. En 2006, le groupe participe à la compilation Play/Rec five years fêtant les 5 ans du label en interprétant un titre de Monoton. Actuellement, Menfolk est composé de Lars Thor (guitare et chant), Soren Kirk Jakobsen (basse), Per Jorgensen (basse) et Per Chnöeldh (batterie). [ Play/Rec: Site du label (204 hits)  External  ]

Menfolk / Chronique LP > Colossus

Menfolk - Colossus Partageant le tronc commun hissé par Shellac, Menfolk se trouve sur une branche voisine de celle sur laquelle est accroché Ricaine, à quelques décimètres du buisson Fugazi. En prodiguant un tonique noise-rock mais entrouvert à d'alléchantes divagations math-rock, Menfolk ne doit pas se sentir si étranger d'une formation comme Faraquet.
Une guitare larsène avant de prendre forme puis de vadrouiller à nouveau, le trio composant la section rythmique abat son jeu massif. Il ne reste plus qu'à attendre le chant de Lars, presque caché derrière ses complices mais libéré par la suite et l'abrupt "Hell is in texas" ouvre Colossus. En guise d'entrée en matière, on a entendu des choses plus subtiles. Mais là le quatuor tient à indiquer immédiatement à quel jeu il joue et dans quelle cours il le pratique. Et au fil des huit pistes, jusqu'à la dernière intitulée bizarrement "Nine", il en va de même. Une basse percutante et l'autre sous-jacente cohabitent avec la batterie d'un dynamisme et d'un allant dissuasifs, tandis que s'apposent des plans de guitare souvent échevelés (sans être incompréhensibles) et que la voix de Lars navigue entre chant posé et scansions écorchées. Menfolk propose une musique cérébrale sans être prétentieuse ("The simplicity of not knowing"), lâche des bribes assez binaires (intro de "Nine") ou surgit sauvagement à certains moment ("Ghosts") et en enrobe d'autres de sonorités adoucies, afin de reprendre subrepticement son souffle. Si une intensité hors normes mène de bout en bout Colossus, Menfolk la fait régner de différentes façons, soit en évoluant et variant autour d'un thème ("Colossus"), en s'aventurant aux limites de l'expérimentation ("Zero is also a number") ou en intervenant différemment sur le climat d'un même morceau ("The well").
Les amateurs de noise-rock, particulièrement de Shellac et Ricaine ne devraient pas être déçus de découvrir Menfolk puisque les Danois ont signé un album à la fois nerveux et maîtrisé. Un album servi par des choix de production très corrects, ce qui n'ôte rien au plaisir, bien au contraire !