(The) Melvins - Basses loaded Dans sa jeunesse, Kurt Cobain apprend à jouer de la guitare grâce à un copain d'Aberdeen : Buzz « King Buzzo » Osborne. Avec un batteur du nom de Dale Crover, ce dernier forme les Melvins. Trop nerveux pour se lancer avec eux, le blondinet passe son tour et préfère jouer les roadies en attendant de créer Nirvana avec Krist Novoselic. Intiment liés, les Melvins donnent des coups de main à cette nouvelle formation. Dale Crover joue les batteurs quand cela est nécessaire et assure même quelques tournées. Quand à Buzz Osbourne, il cherche un nouveau batteur pour Nirvana et le trouve en la personne de Dave Grohl (ex-Nirvana, Foo Fighters). Quand dans les années 90, Nirvana fait trembler la terre entière avec Nevermind, un appel d'air vers les artistes de Seattle se fait. La star du grunge se noie dans le succès et l'héroïne mais n'en n'oublie pas les copains. C'est ainsi qu'à cette période les projecteurs se tournent vers les Melvins. Leur album Houdini est alors signé chez Atlantic Records et Kurt Cobain assure la production de la moitié des pistes. Dans le temps, les Melvins révèlent - à raison de un ou deux albums par an - une véritable force de création.

Deuxième de l'année 2016, Basses loaded a pour particularité de faire intervenir une myriade de bassistes : Steven McDonald (Redd Kross), Jared Warren (Big Business), Trevor Dunn (Mr. Bungle), Krist Novoselic (ex-Nirvana), Jeff Pinkus (The Butthole Surfers) et Dale Crover habituellement derrière les fûts des Melvins. Autrement dit, une belle brochette prête à en découdre...

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Basses loaded démarre très fort. Après quelques accords dissonants qui pourraient être empruntés à Sonic Youth, "The decay of lying" - meilleur titre de l'album à mon humble avis - renvoie quelque chose d'extrêmement théâtrale. Comme si le groupe, du haut d'un sommet chantait un air qui domine le monde. Le tout s'agrémente d'une structure blues arrangée à la sauce underground puisée dans les rues d'Aberdeen. Il ne faut pas longtemps pour que je chante le refrain : "We were like heroes of the world, We died before we filled them, There was no screaming, only sleeping, To wear us down". Le titre passe en boucle...Assez lente, "Beer hippie" contient les mêmes propriétés et fait écho au premier titre de l'album.

Dans un registre Rock'roll, "I want to tell you" est très entraînante et dévoile une ambiance plus positive. L'instant d'après les Melvins se jettent bien volontiers dans un métal déchaîné. La tempête passe et le calme revient avec "Planet distructo". Dans un premier temps, le morceau s'inscrit dans un rock aérien. A la 3ème minute, tout bascule ; la basse de Trevor Dunn prend les devants pour s'imposer sur près de deux minutes de jazz ! La pause est terminée et la formation américaine repart pied au plancher. Ces allers et venues dans le rythme global de l'album sont les bienvenus. Comment contraster plus ? La réponse est dans "Maybe I am amused" et dans "Take me out to the ballgame". La première - dans laquelle joue Krist Novoselic - est un rock on ne peut plus folk qui se trimbale son petit accordéon. Quand au morceau de la fin...C'est une chanson de Noël chantée en chœur par des pirates. Tout simplement ! Et franchement, ce petit brin de déconnade fait du bien.

Avec Basses loaded, le groupe montre qu'il est - après plus de trente années de carrière - capable de nous surprendre en apportant mille contrastes en un seul album. Toujours bien entourés, les Melvins ont ce génie de changer d'univers comme de chemise tout en restant fidèles à eux-même. Messieurs, Salutations bien basses.