Les Melvins comptent avec leurs doigts Les Melvins comptent avec leurs doigts Une discographie longue comme le carnet d'adresses de DSK, des albums cultes à la pelle (Houdini, Stoner Witch, (A) senile animal, Bleach, rohh ça va on déconne...), des collaborations fructueuses (Jello Biafra, Big Business, Fantômas...), une capacité à se renouveler qui fait souvent mouche et force le respect parmi les amateurs de musique farouchement indé. Oui, les (The) Melvins ont effectué un arrêt par la métropole lilloise dans un Grand Mix qui semble afficher complet avec un package qui reste familial puisque ce sont les Big Business qui sont de la (première) partie.

La salle est comble lorsque Big Business commence son set. Le cas du trio est intriguant, autant leur collaboration avec les (The) Melvins a engendré des albums incroyable, surtout l'animal sénile, autant leurs albums nous ont toujours laissé froid. C'est brillamment exécuté mais ils leur manque définitivement un truc à leur heavy-sludge rock assez banal. Et le verdict sera assez similaire en live. C'est de toute évidence toujours un plaisir de voir Coady se démener derrière les futs mais il est difficile de ne pas constater le rendu scolaire de leur musique et le rôle passablement accessoire du guitariste. Après quelques morceaux et le fameux round d'observation, une partie du public s'est vite empressé de fumer une cigarette ou de se rafraichir à l'excellent bar du Grand Mix.

Juste le temps d'aller regarder le stand merchandising ou les (The) Melvins ne semble pas avoir renoncé à leur mauvais goût assumé en matière de T-shirt et le concert commence. Les instruments laissés sur scène laissent très peu de mystère quand au déroulement de la soirée : les Big Business vont forcément les rejoindre à un moment ou un autre pour un affrontement main dans la main. Niveau actualité, c'est avec un album de reprises (Everybody loves sausages) sous le bras que le groupe vient nous visiter mais c'est Freak puke qui sera plus particulièrement à l'honneur ce soir et c'est avec une formation inédite (en trio, avec le fantastique Trevor Dunn à la contrebasse) que le groupe nous livrera un set sinusoïdale du point de vue de l'intensité, jouant sur un registre light qui leur sied plutôt bien. Buzz Osborne est toujours aussi charismatique et avare en communication mais s'il y a un mec qui sait tenir une scène, c'est bien lui. Dale Crover est toujours un batteur fascinant à regarder. Quant à Trevor Dunn, il livre une performance impressionnante. Les morceaux sont d'ailleurs entrecoupés de fantaisies bruitistes ou l'ex-bassiste de Mr Bungle (également Fantômas, Secret Chiefs 3 et 12000 disques avec John Zorn...) s'illustre à merveille. Reste que ce n'est pas sans conséquence sur la dynamique en dents de scie du show. Reste (bis) que les (The) Melvins font le boulot, enchainent les titres pas forcément les plus catchy ("Eyes flys", "Captain Pugent", quoique "Hooch" d'Houdini, quand même...) de leur répertoire pour ensuite se consacrer à Freak puke ("Mr Rip off", "Leon vs the revolution"), pas leur meilleur album de la décennie mais un disque qui ne démérite pas dans leur discographie. Au final, même si ce n'est pas le concert percutant et heavy as fuck que l'on attendait, ce fut quand même une sacré expérience que de voir un groupe que l'on adore dans une incarnation diffèrente. Une version un poil plus arty qui manquait parfois de jus mais le groupe sauve le tout grâce à l'huile de coude magique dont il sont détenteurs depuis plus de vingt ans et à un panache/une classe omniprésent(e). Merci à l'équipe du Grand Mix, une salle à la programmation toujours variée pour nos oreilles d'amateurs exigeants.