Melvins - The bride screamed murder Ces mecs sont incroyables. Ils sortent des disques avec une régularité proprement ahurissante, mettent tout le monde dans leur poche, influencent toute une génération de musiciens et mélomanes, collaborent avec la crème de ce qu'il se fait depuis vingt ans et tout ça, sans trop avoir l'air de forcer. Et même si la critique (hexagonale notamment) leur passe un peu tout, les Melvins, puisque c'est d'eux dont il s'agit, ont quand même empilé depuis près de trois décennies ans une étonnante quantité de (très) bons disques. On pense notamment aux incontournables Houdini, Stoner witch ou plus récemment A senile animal pour n'en citer que trois... Mais même quand ils pondent un disque mineur, comme leur dernier méfait en date avant ce The bride screamed murder, en l'occurrence Nude with boots, le résultat reste tout de même plus qu'honorable. Jamais médiocres, souvent brillants, les Melvins ont pourtant un défaut majeur, celui de ne pas toujours parvenir au niveau de génie dont on les sait capables... qui de fait rend toujours plus exigent l'auditeur désireux de ne pas céder au cliché du fan transi qui a perdu tout sens critique.

Assez logiquement, la question qui brûle donc les lèvres au moment de déposer ce nouvel album dans le lecteur est de savoir à quel niveau va évoluer le groupe tout au long des neuf pièces que compte The bride who screamed murder. Etape 1 : on s'envoie d'abord une monstrueuse intro pour "The water glass" dans les écoutilles, avec une seconde partie bien casse-gueule. Etape 2 : on enchaîne avec un "Evil new war God" fougueusement électrisant. Etape 3 : on obtient la réponse : le Melvins cuvée 2010 va se situer dans la rangée des très bons disques du gang de Montesano, malgré un final raté (mais on y revient plus tard). Pour le moment, le groupe se lâche. D'entrée de jeu, le riff alerte, cinglant comme jamais, surtout qu'il nous arrive dans les tuyaux par pack de douze, King Buzzo est au sommet de sa forme (c'est tout dire...) et les Californiens envoient le gros bois dans les enceintes histoire de démontrer une fois pour toute qu'après 30 ans de carrière, ils n'ont peut-être pas les coups de génie d'Houdini, mais n'ont rien perdu de leur fougue juvénile. Et pour confirmer cette impression naissante, le groupe se fend d'un excellent et bien furieux "Pig house" avant d'être à la limite de la sortie de route sur "I'll finish you off" : joyeusement bordélique, complètement décousu et finalement à deux doigts du crash électrique. Dans le genre, c'est bien là le genre de morceau qui passe... ou casse... Bon ici ça passe. Normal, ce sont les Melvins qui exécutent la sentence. Et comme en plus derrière, ça enfile les titres comme des perles... Au choix un "Electric flower", qui épouse élégamment les contours d'un rock heavy habité par l'esprit créatif et un peu barré (ok complètement barré alors) de ses glorieux géniteurs ; ou alors un "Hospital up", petite pépite branchée stoner à la coolitude assumée, armée d'un groove imparable et d'un final free-jazz bien allumé. La classe en sommes. Et pour poursuivre dans la même veine, les Melvins assènent alors un "Inhumanity and death" en mode rock punky décadent bien comme il faut avant de louper un peu leur sortie sur une dernière paire de titres qui ne fonctionnent qu'à moitié ("My generation", "P.g x3 "). A force de tout tenter, même eux peuvent passer à côté d'un sujet. Pour le reste, c'est simple, inventif et efficace, bref ça frise la mention très bien.