the melvins : nude with boots The Melvins. Quelques syllabes et un patronyme culte qui raisonne comme la promesse d'un disque excellent à venir pour le fan inconditionnel du groupe de Seattle. Le duo (désormais quatuor) a su en effet aligner les albums de qualité avec une constance métronomique et, aura culte oblige, la sortie d'un album des Melvins est toujours un événement. D'autant plus qu'ils nous avaient laissé un excellent souvenir avec un (A) senile animal de haute volée complètement barge et fracassé : c'est revigoré qu'ils nous sont apparus de cette collaboration avec les Big Business. D'autant plus (bis) que Buzz Ozborne lui-même dit de ce nouvel album qu'il figure parmi ses cinq albums favoris des Melvins. C'est qu'il sait trouver les mots qui convient pour appâter le chaland le père Buzz.
Qu'est ce que l'on attend d'un album des The Melvins ? les vocalises hallucinées et possédées ainsi que les riffs cinglants made in King Buzzo, une section rythmique au groove pachydermique et à la précision infaillible, une bonne dose d'heavy rock'n'roll et des expérimentations "melvinesque" mais surtout ce que l'on attend des Melvins qu'ils ne se répètent pas : une remise en question qu'ils ont su appliquer avec une certaine variabilité dans leur carrière. Et bien bonne nouvelle, ce n'est pas avec Nude with boots que les quadragénaires les plus cool du rock underground vont nous décevoir. Les Melvins ont gardé la même formation d'(A) senile animal mais curieusement, cette option ne va pas se ressentir dans cet album qui va demeurer plus traditionnel dans le sens "Melvinsien" du terme : exit l'euphorie de la collaboration, place à la sagesse de musiciens expérimentés. Les Melvins étalent donc leur maestria du rock heavy déjanté sur 11 titres qui démontrent cette capacité du groupe à être sur plusieurs fronts à la fois : brûlots rock'n'roll heavy rock qui perpétue le savoir-faire des Melvins en la matière ("Billy fish", "The smiling cobra") et des titres où ils prennent un malin plaisir/un soin particulier à étaler et installer les ambiances (le dantesque "Dog island"). Pas de changement notable à signaler sur le fond donc, c'est véritablement du Melvins comme on l'aime : une ode constante à des racines 70's (une référence à un grand groupe anglais est dissimulé...à vous de trouver). C'est plutôt sur la forme et du coté de la production qu'il faut aller voir une évolution marquante par rapport à (A) senile animal : elle s'avère tout simplement moins clinquante et plus "roots", les guitares se font moins tranchantes et incisives, la voix du grand manitou paraît un poil plus en retrait. On pourrait traduire cela par une possible volonté du groupe de délaisser ces artifices pour remettre la qualité des morceaux au centre des attentions. Un pari plus que réussi.
Au final, si on fait abstraction de la béatitude systématique qu'attire ce groupe à chaque sortie, les Melvins nous livre avec Nude with boots un album d'un très bon cru mais qui souffre un peu de la comparaison avec leur précédent effort. Ici, la folie exacerbée d'(A) senile animal semble atténuée mais laisse la place à une musique plus réfléchie (presque raisonnable) et collant probablement peut-être plus avec les aspirations de ces musiciens à la longévité exemplaire. Toutefois, il est difficile de ne pas penser que les Melvins semblent un peu prisonniers de la cage dorée qu'ils se sont eux même fabriqués. Les uns pesteront contre cet album parce que les changements d'un disque à un autre sont mineurs et les Melvins nous servent "encore" du Melvins tout craché (et font du neuf avec du vieux par la même occasion). Les autres se réjouiront d'un album d'une très bonne facture et se diront que de toute façon, les Melvins nous abreuvent de cet effet de surprise lors de leurs excursions avec des musiciens divers (notamment avec l'ex-Dead Kennedys Jello Biafra). Et ils auront peut-être raison !