Un an après la sortie de A walk with love & death, les Melvins mettent dans les bacs Pinkus abortion technician. En passant par le label Ipecac Recordings, ils allongent encore une discographie déjà longue comme le bras et même plus. Venu en 2016 sur l'album Basses loaded, Steven McDonald récidive pour tenir une partie des lignes de basse. Pour compléter le travail du musicien de Redd Kross, rien de moins que la participation de Jeff Pinkus. Un bassiste qui lui, est apparu sur plusieurs disques des Melvins (Hold it in, Basses loaded) et qui a une influence importante sur la formation de Buzz Osborne et Dale Crover. Le titre de l'album Pinkus abortion technician est composé du nom du musicien et d'un album qu'il a enregistré avec Butthole Surfers : Locust abortion technician.
Les Melvins entament ce nouveau disque par "Stop moving to Florida". C'est un medley de "Stop" de The James Gang (1969 - Yer'Album) et de "Moving to Florida" de Butthole Surfers (1986 - Cream corn from the socket of Davis). Personne n'est ménagé dans la première partie du titre où l'ensemble est très énergique. Arrivés aux deux minutes, les Melvins ne prennent pas le temps d'aménager une transition. La fracture est nette. Le morceau se poursuit sur une voix sans mélodie accompagnée des plus gros effets de la section rythmique. "Embrace the rub" est un superbe punk dopé qui passe en 1:40' sans prendre le temps de respirer. "Don't forget to breathe" fait parler le contraste. Lent et lourd, il s'inscrit davantage dans le registre auquel les Melvins nous habituent. Perché sur ses 7:53', il est sans conteste le morceau le plus long de l'album. Le gong vient littéralement mettre fin à la composition. "Flomboyant duck" fait apparaître la guitare acoustique des Melvins. Sur l'amorce, le rêve pourrait être présent dans le chant mais il est cassé par quelques gros riffs dont la formation a le secret. Malgré quelques plaintes lancinantes de la guitare électrique, l'acoustique pose ensuite un jeu hypnotisant. C'est bien sûr le calme avant la tempête : "Flamboyant duck" finit dans un barouf d'enfer. Les Melvins poursuivent en semant le chaos sur "I want to hold your hand" des Beatles (1963). La reprise donne dans le noise et se retrouve dépouillée de son essence pop destinée à plaire aux bonnes familles américaines. On finit par oublier les quatre garçons dans le vent et par trouver un court moment quelques similitudes avec "Endless nameless" de Nirvana (1991 - Nevermind). Avec "Brenup Butter", les Melvins font à nouveau parler la poudre. Effort poursuivi sur la reprise de "Graveyard" de Butthole Surfers (1987 - Locust abortion technician). Le nouveau chapitre de la formation américaine se ferme. Les Melvins sont toujours colossaux. Leur univers agite les fantômes du passé et ne perd pas un grain de ténèbres.
Publié dans le Mag #33