Medication - Prince Valium D'Audioslave aux Velvet Revolver en passant par les Army of anyone, "les supergroupes" ont connu un essor flagrant ces dernières années. Réunissant des musiciens aux passés glorieux, ces puzzles de talents n'ont souvent pas répondu aux espérances en terme de qualité et les musiciens, comme les fans d'ailleurs, s'en sont déjà retournés vers leurs premiers amours : Scott Weiland et les frères De Leo chez Stone Temple Pilots, les Rage Against The Machine de nouveau acoquiné avec Zack de la Rocha et pourquoi pas une possible reformation de Soundgarden quand Chris Cornell en aura marre de se vautrer dans une carrière solo médiocre.
S'il est un "supergroupe" qui est passé quasiment inaperçu, c'est bien Medication. La faute à des musiciens au parcours moins flamboyant et donc à l'aura moins vendeuse. Prenez deux caractériels talentueux aux backgrounds différents : Withfield Crane (Ugly Kid Joe, un bref passage dans Life of Agony, Another Animal...) et Logan Mader (Machine Head, Soulfly), faites-les travailler ensemble et vous obtenez Prince Valium, un premier album convaincant et surprenant. Oubliez toutes les références liées à ces deux personnalités, Medication ne ressemble ni au hard-rock rigolo d'Ugly Kid Joe, ni au métal gonflé à la testostérone de Machine Head. A la différence de beaucoup d'autres "all-stars bands" qui se sont contentés de greffer un univers déjà défini à un autre, les Medication ont élaboré une identité inédite et propre à l'alchimie de cette rencontre. Prince Valium propose donc durant ¾ d'heures un rock ombrageux à la fois puissant et léger avec des relents pop radiophoniques calibrés (comprenez par-là des refrains sangsues qui collent aux parois du cerveau) : une direction étonnante comme l'est la prestation de Whitfield Crane que l'on a pas connu si en verve et inspiré depuis le dernier disque d'Ugly Kid Joe justement (Motel California, 1996). Celui-ci aborde une palette des émotions nouvelles notamment sur le fameux "Inside" où il explose littéralement de hargne sur le refrain. Le duo de voix qu'il forme avec celle plus banale de Logan Mader permet de nourrir un contraste qui rend ses interventions encore plus jouissives.
Prince Valium est une belle curiosité pour qui s'intéresse à l'une de ces deux personnalités mais c'est également un album bien foutu qui mérite amplement que l'on s'y attarde. A découvrir ou re-découvrir...