Maudits - Angle mort Si Maudits a repris beaucoup d'ingrédients découverts avec son premier opus (déclinaison de l'artwork, nouvelle version d'un titre, ambiance peu réjouissante...), le trio a calmé ses (h)ardeurs pour presque gommer ses aspects métalliques (quelques embardées du côté de l'obscur "Epäselvä" prouvent qu'ils n'ont pas totalement rangé les pédales de distorsion), et peut être simplement désormais qualifié de post rock.

Comme si le premier album devait assurer une liaison avec leurs autres activités et qu'ils avaient pris conscience de pouvoir réussir ailleurs, Chris et Olivier, désormais accompagnés d'Erwan (qui a donc remplacé Anthony à la basse), se sont laissés porter par leurs envies, étirant les idées, mélangeant les sons, faisant exploser les petites barrières qui pouvaient encore résister à leurs désirs d'aller plus loin. En amenant des éléments forts dans certains titres, ils assurent une identification des morceaux et apportent de la diversité dans une œuvre qui sans cela pourrait sembler monolithique. Ainsi Nicolas Zivkovich (Fiend, Ddent, Les Tigres Du Futur...) prête sa voix sur "Verdoemd" (qu'on traduit par "Condamné"), non pas pour y chanter mais pour lâcher quelques mots comme sortis d'une communication téléphonique lointaine, un texte qui contrebalance la clarté de la guitare et nous plonge dans l'angoisse avant que le violoncelle de Raphaël Verguin (à l'œuvre entre autres chez Psygnosis) ne vienne rapporter un peu de chaleur et donner une teinte plus mélancolique à l'ensemble. Oui, la tristesse a gardé toute sa place chez Maudits, peu optimiste le combo paraît cette année assez peu combattif (serait-ce vraiment "Perdu d'avance" ?). C'est une forme de spleen qui domine l'ensemble, on a donc des notes lancinantes, des distorsions assez douces, quelques graves assez pesants, bien qu'annonçant (encore) une sorte de résilience, dans ce titre ("Résilience 2021"), on encaisse le coup, le rebond n'est pas pour tout de suite quand bien même un peu de lumière filtre à travers la composition. Des rais vite balayés par "Epäselvä", plus dur, plus rapide, plus saturé.

La règle se confirme une fois de plus, il faut toujours surveiller l'Angle mort. Encore incroyablement chargé en émotion, ce nouvel album de Maudits témoigne de l'intérêt de ses géniteurs pour une musique différente et de leur volonté à faire vivre ce projet qui n'est clairement pas qu'un "à côté".