Natif de Lawrence dans le Kansas (USA), Matt Pryor est un musicien et songwriter américain qui fait ses premiers pas dans la musique au début des années 90 avec le groupe Secret Decoder Ring avant de connaître ses premières heures de gloire avec le groupe The Get Up Kids, l'un des étendards de la scène indie/emo/rock nord-américaine actif pendant dix ans entre 1995 et 2005 puis reformé en 2009 et toujours "vivant" à ce jour. Le groupe est alors signé chez Vagrant, tourne avec Green Day et Weezer aux quatre coins du globe et livre dans cet intervalle 4 albums studio (un cinquième sortira en 2011 après sa reformation).
En parallèle à The Get Up Kids, Matthew monte en 2000 un side-project baptisé The New Amsterdams ainsi qu'un "alter-ego", en 2005, possédant le même line-up mais dont la musique est destinée aux enfants. Pourtant déjà bien occupé (il joue aussi parfois dans le side-project de James Dewees de The Get Up Kids, Reggie and the Full Effect, Matt Pryor sort en 2008 un album solo intitulé Confidence. Trois ans et demi plus tard, alors que la reformation de The Get Up Kids a, on l'a dit, notamment abouti à un album studio, il livre un deuxième effort en solo avec May day.
Matt Pryor
Biographie > Matthew Pryor
Matt Pryor / Chronique LP > Wrist slitter
Quelques semaines après avoir livré un EP collaboratif avec James Dewees, son compère au sein de Reggie and the Full Effect et The Get Up Kids, le toujours très actif Matt Pryor revient à son projet solo avec un nouvel effort, sorti moins de deux ans après l'excellent May day, encore une fois par le biais du label Arctic Rodeo Recordings (Far, I is Another, Retisonic...). Un disque de songwriter dans la lignée des travaux de son auteur : soit à la fois indie, pop-punk, rock et aussi classieux que racé, personnel qu'insaisissable.
Une intro qui, il faut bien l'admettre, ne sert pas à grand-chose, mais qui laisse place à une mélodie typiquement californienne, "The house hears everything" est déjà joliment décomplexé, aussi fun que réellement agréable. Le potentiel de sympathie de l'hyperactif américain (également dans The New Amsterdams et The Terrible Twos) est évident et celui-ci en joue à fond en expédiant un "Kinda go to pieces" respirant la sincérité comme l'efficacité du petit tube sans prétention et fuselé qui peut tourner en boucle sur la platine sans jamais lasser son auditoire. Et si le très court interlude éponyme "Wrist slitter" joue avec les traditions musicales nord-américaines, c'est surtout la suite qui interpelle l'auditeur.
Qu'il promène sa coolitude évidente sur un "Words get in the way" plutôt élégant ou qu'il retombe dans ses jeunes années avec le très pop-punk lycéen "Before my tongue becomes a sword", Matt Pryor fait à peu près ce qu'il veut avec un résultat de qualité égale : très appréciable. Même s'il n'est jamais aussi tranchant et inspiré que lorsqu'il dynamite ses compositions à l'ancienne avec ce "If I wear a disguise" très court et qui ne préfigure pas du petit bijou qu'est sa suite immédiate : le somptueux "As perfect as we'll ever be" et ses arrangements à cordes à la beauté ensorcelante. Le leader naturel de The Get Up Kids y sublime alors son écriture pour mettre l'émotion de l'auditeur à nu et s'en emparer tout en douceur pour ne plus jamais la relâcher. Un morceau d'une telle classe qu'il est difficile de passer à la suite, pourtant celle-ci reste encore très honorable.
Une ballade folk/rock rythmée ("Foolish kids"), une pop-song à fleur de peau mais évitant avec soin l'écueil de la mièvrerie pataude ("So many questions") et une nouvelle pépite effleurant l'intime avec "There is no us" suffisent à faire succomber un auditeur qui s'offre un dernier petit bonheur avec le final endiablé qu'est "Won't speak to me". Une conclusion à l'image de l'album : légère et efficace.
Matt Pryor / Chronique LP > May day
Quand le vocaliste/guitariste de The Get Up Kids et The New Amsterdams s'échappe en solo le temps d'une douzaine de compos folk/pop/rock/indie de premier choix, cela donne un album d'une simplicité confondante, d'une classe folle et en même temps l'écho évident d'un plaisir pur et immédiat de mélomane. T'en veux encore ? Bon, on développe donc. Les morceaux s'enchaînent merveilleusement dès le départ ('Dont' let the bastards get you down", "The les are keeping me here"), Matt Pryor joue la carte d'une musique à la fois aérienne et lumineuse, fleurant bon l'americana des lointaines contrées américaines mais surtout, le fait avec une élégance rare.
Evidemment, rien de bien original là-dedans, l'idée et même clairement de ne pas trop s'éloigner des standards du genre, de certains codes présupposés sur cette scène musicale pour écrire ses propres chansons et ainsi se distinguer (ou pas). Mais ça, en excellent songwriter qu'il est, Matthew assure et le prouve avec "Where do we go from here", "Like a professional" et surtout un "Polish the broken glass" en forme de tube imparable au classicisme feutré. Rien pour ce titre, l'album vaut le coup et si quelques autres sonnent un peu trop "faciles" (on pense à "Unhappy is the only happy that You'll ever be" ou "Your new favorite" notamment), certaines pistes de May day sont de vraies pépites et nous font aisément succomber encore quelques fois, en témoigne le très beau "As lies go... this one is beautiful".
Cette capacité qu'a Matt Pryor a rebondir après un morceau en deça de ce dont on le sait désormais capable n'est pas la moindre des qualités de son deuxième effort solo, et l'américain ne se prive pas de le démontrer avec l'épuré "I was a witness". Si bien qu'au moment de boucler la boucle, "What my tired eyes would view" vient nous convaincre qu'il ne faut finalement pas toujours grand chose pour écrire de beaux albums... pour peu que l'on en ait le talent.