Forcément, le chroniqueur écrit en fonction de ce qui l'entoure, il n'est pas insensible (sinon, quel intérêt de parler de musique ?) et la situation de ce printemps fait que le coronavirus va contaminer tous nos articles. C'est un fait. Pour autant, dans la plupart des cas, ce sera insidieux, asymptomatique diraient les spécialistes, mais parfois, ce sera évident. Pour Matt Elliott, ça va être plus que ça... il faut dire que notre voisin anglais le cherche... Il a intitulé son énième album solo "Adieu à ceux qu'on connaît" (Farewell to all we know) et c'est à peu près ce qu'on a tous fait en se cloisonnant courant mars... A peu près tous car Outre-Manche, ils préfèrent sacrifier une partie de la population plutôt que l'économie... pendant un temps.
Ensuite, il place un homme au centre de son artwork, logique, l'humain prévaut ces temps-ci et c'est pas plus mal... Par contre, le mec est en plein brouillard et semble un peu perdu, c'est exactement où nous en sommes. Au milieu d'un nulle part jamais expérimenté sans savoir vraiment où on va et si on s'en sortira tous... Enfin, et c'est là le principal, le leader de The Third Eye Fondation est évidemment un des défenseurs de la slow life ! Profiter de tous les instants au ralenti, apprécier des choses simples, revenir à l'essentiel et ne pas courir dans tous les sens, acheter, consommer, jeter comme des porcs... Bon, là, ok, on a quelques spécimens en France qui se comportent comme des gros gros porcs en ces temps de crise et qui n'ont pas conscience de ce que sont les mots "respect" ou "civisme", ceux-là n'écoutent pas Matt Eliott, d'ailleurs, ils n'écoutent personne, seul leur petit ego compte. Rien à voir avec l'univers musical qui nous englobe durant cette dizaine de titres où chant et guitare acoustique nous promènent en douceur dans un pays ouaté où le temps n'a plus d'importance. Pour moi, ce genre de musique très reposante, c'est celle du dimanche matin, celle qu'on écoute bien au chaud, ça tombe bien, il fait bon et en ce moment, c'est dimanche tous les jours.
Publié dans le Mag #42