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Derrière le nom très improbable de Master Musicians of Bukkake (sic), se cachent rien moins que deux membres de Earth (Milky et Don McGreevy) et un Burning Witch (Brad Mowen) et quelques autres moins connus, composant un line-up à géométrie assez variable. En admirant le pedigree de la bestiole, on pourrait ça t'attendre à quelques chose de très lourd, lent, lympathique même et très doom... Sauf que MMOB s'il ne renie pas forcément les passifs de ces membres, navigue dans les sphères d'une musique psychédélique complètement hallucinée. Chronologiquement, le groupe se forme en 2003 du côté de la prolifique Seattle et sort son premier disque deux ans plus tard (Visible sign of the invisible order), un enregistrement partiellement improvisé et contenant déjà les bases du style de MMOB, soit un savant mélange de rock psyché, de transe hallucinogène et de musique rituelles traditionnelles. Quatre ans plus tard, le collectif a signé chez Conspiracy Records (Isis, Fear Falls Burning, Kiss the Anus of a Black Cat, Monno) et sort Totem one, un deuxième album annoncé comme le chapitre inaugural d'une trilogie discographique.

Master Musicians of Bukkake / Chronique LP > Totem three

MMOB - Totem three Parce que les meilleures trilogies sont toujours en trois épisodes, les Master Musicians of Bukkake, bouclent la leur en parvenant au terme d'une épopée mystique musicale à nulle autre pareille, ce voyage fait de post-krautrock fantasmatique, de noise hallucinatoire, de doom psychédélique et de musique folklorique traditionnelle, pour donner un amalgame aussi bizarroïde que jubilatoire aux influences 60's qui semble inverser la courbe du temps (et parfois de l'espace aussi) pour mieux imprimer sa marque. Totem three est donc dans la lignée de ces deux prédécesseurs, ou plutôt dans l'esprit des disques qui ont composé les deux premiers volets de cette trilogie, les Master Musicians se plaisant à invariablement emmener l'auditeur sur des sentiers musicaux quasi inexplorés avant leur passage. Un espace d'expression assez inédit dans son genre, ou la danse de la pluie revue et corrigée par trois illuminés perdus dans leurs hallucinations artificielles, c'est selon.
Par contre là où le bât blesse légèrement, c'est qu'à force de repousser les limites de son art, à ignorer tout ce que l'on a l'habitude d'écouter, pour en faire que ce qu'il lui vient à l'esprit, le groupe a une légère tendance à s'enfermer dans un trip égotique sous acide, ce qui tend à prouver qu'il était aussi grand temps que cette trilogie parvienne à son terme. Parce qu'aussi hors-norme que soit la musique du trio, le concept finit un peu à s'essouffler, le délire laissant place à un début d'ennui, du moins sur disque (en live, l'expérience sensorielle serait apparemment mille fois plus intense bien qu'assez brumeuse là-encore) et qui sous-entend que le les Master Musicians of Bukkake vont devoir se renouveler lors de leurs prochaines sorties. Par contre, question artwork bigarré, ils peuvent continuer leurs coloriages, c'est complètement à l'image de ce qu'ils sont... soit est une incongruité à l'époque du conformisme forcené, un paradoxe temporel original dont l'oeuvre, fabuleusement barrée, bien que pas toujours aussi brillante qu'on aurait pu l'espérer, est le produit des inspirations étranges et possédées de trois cerveaux décidément bien barrés.

Master Musicians of Bukkake / Chronique LP > Totem two

MMOB - Totem two Voici le deuxième volet de la trilogie du totem des étranges Master Musicians of Bukkake qui, les années passant, voient leur communauté d'adeptes s'agrandir lentement mais sûrement de manière à former une "secte" de mélomanes avertis, de fidèles amoureux des harmonies opiacées et de cette transe narcotique qui bercent chacune des oeuvres du groupe. Totem one était un monument de psychédélisme immersif et enfumé, sa séquelle poursuit le cheminement intérieur du collectif vers un Eden hypnotique absolu. Morceaux aux résonances post-doom lardées de drones, un savant mélange de psyché, de post-space-rock instrumental et de musiques traditionnelles, au moyen d'instruments divers et variés (guitares, orgues, harmonium, violons, synthés analogiques, trompette tibétaine), ce Totem two est, plus encore que le premier volet de cette trilogie discographique, un "very good trip" dans les sphères hallucinées d'une bande de musiciens pas forcément tout à fait clairs dans leur esprit, ou dans leurs idées.
La musique des MMOB (qui, on le rappelle, comprend des membres d'Asva, Earth et Burning Witch, ce qui vous pose un homme quand même) se fraie un chemin dans les méandres de notre psychée, laissant en elle les réminiscences indélébiles d'une matière musicale transcendantale foncièrement anti-conformiste, parfois radicale dans son aspect le plus expérimental. En invitant notamment Timb Harris (les très cultes Secret Chiefs 3 et Estradasphere), le groupe, qui a sorti ce Totem two chez Important Records (Acid Mothers Temple, Aun, Grails, Nadja, Merzbow...) et non plus Conspiracy Records comme le précédent, a accentué ici son côté insaisissable et imprévisible bien que l'on sache paradoxalement qu'il faille forcément s'attendre à quelque chose de non-conventionnel avec eux. Et les morceaux qui composent ce deuxième "Totem", gorgés d'exotisme hallucinogène, n'en sont que plus exaltants bien que parfois déroutants, la plongée en rappel dans l'univers de cette entité hors-norme qu'est MMOB ne se faisant pas sans un certain effort, une ouverture d'esprit qui s'harmonise parfaitement avec le voyage spirituel dans lequel nous embarque le groupe.

Master Musicians of Bukkake / Chronique LP > Totem one

MMOB - Totem one Bon, faut être honnête, au moment où l'on déchire l'enveloppe et qu'on découvre un disque répondant au doux nom de Totem one signé Master Musicians of Bukkake, on se demande un peu ce qu'il se passe. Quand bien même la galette en question débarque tout droit de chez Conspiracy Records, un label de référence sur le vieux continent et qui nous a déjà habitué à signer des groupes aux noms improbables (remember Kiss the Anus of a Black Cat), là on se dit quand même qu'on est tombé sur des clients... On jette un oeil sur la pochette... bariolée et d'un goût assez particulier, on se décide à faire confiance aux gens du label Belge et au casting quand même intrignant de MMOB (deux Earth et un Burning Witch tout de même). Et là... ce qu'il se passe est assez déroutant.
Dès "Bardo chikkhai" et ce, jusqu'à "Eaglewolf", on se retrouve embarqué avec ces musiciens, dans un drôle de trip halluciné. Psychédélique annonce le groupe, en évoquant le "jihad joe" (ça c'est de la vanne...) sur son MySpace, Totem one est donc un disque en forme de voyage initiatique et psychotrope où l'on a l'impression d'expérimenter toutes sortes de substances un peu bizarroïdes et pas bien légales... le plus légalement du monde ("In the lightness of sonoran"). Sonorités amérindiennes ou arabisantes, guitares flottant dans l'atmosphère, petites rythmiques disséminées ci et là, MMOB nous fait entrer dans un univers qui n'appartient qu'à lui. Dépaysement assuré. Des choeurs complètement possédés par l'ambiance... hippie et bien embrumée, quelques textures rock psyché sur "Schism prisme / Adamantios", les Master Musicians of Bukkake enclenchent la marche avant en dévoilant un ébouriffant cocktail de fuzz nonchalant et de transe chamanique.
Comme si le temps s'était arrêté quelque part entre Woodstock et maintenant, le collectif américain se laisse aller à quelques vagues improvisations tout en faisant paradoxalement attention à garder le contrôle de ce qu'il écrit... Toujours cette volonté de déstabiliser l'auditeur en gardant l'esprit léger... Pourquoi ? On ne le saura pas ici. Mais toujours est-il qu'entre psychédélisme narcotique et rites ancestraux ("Cascade cathedral"), fuzz enfumé et musique traditionnelle, MMOB livre avec Totem one, le premier chapitre d'une trilogie s'annonçant comme quelque chose d'assez unique en son genre.