MMOB - Totem three Parce que les meilleures trilogies sont toujours en trois épisodes, les Master Musicians of Bukkake, bouclent la leur en parvenant au terme d'une épopée mystique musicale à nulle autre pareille, ce voyage fait de post-krautrock fantasmatique, de noise hallucinatoire, de doom psychédélique et de musique folklorique traditionnelle, pour donner un amalgame aussi bizarroïde que jubilatoire aux influences 60's qui semble inverser la courbe du temps (et parfois de l'espace aussi) pour mieux imprimer sa marque. Totem three est donc dans la lignée de ces deux prédécesseurs, ou plutôt dans l'esprit des disques qui ont composé les deux premiers volets de cette trilogie, les Master Musicians se plaisant à invariablement emmener l'auditeur sur des sentiers musicaux quasi inexplorés avant leur passage. Un espace d'expression assez inédit dans son genre, ou la danse de la pluie revue et corrigée par trois illuminés perdus dans leurs hallucinations artificielles, c'est selon.
Par contre là où le bât blesse légèrement, c'est qu'à force de repousser les limites de son art, à ignorer tout ce que l'on a l'habitude d'écouter, pour en faire que ce qu'il lui vient à l'esprit, le groupe a une légère tendance à s'enfermer dans un trip égotique sous acide, ce qui tend à prouver qu'il était aussi grand temps que cette trilogie parvienne à son terme. Parce qu'aussi hors-norme que soit la musique du trio, le concept finit un peu à s'essouffler, le délire laissant place à un début d'ennui, du moins sur disque (en live, l'expérience sensorielle serait apparemment mille fois plus intense bien qu'assez brumeuse là-encore) et qui sous-entend que le les Master Musicians of Bukkake vont devoir se renouveler lors de leurs prochaines sorties. Par contre, question artwork bigarré, ils peuvent continuer leurs coloriages, c'est complètement à l'image de ce qu'ils sont... soit est une incongruité à l'époque du conformisme forcené, un paradoxe temporel original dont l'oeuvre, fabuleusement barrée, bien que pas toujours aussi brillante qu'on aurait pu l'espérer, est le produit des inspirations étranges et possédées de trois cerveaux décidément bien barrés.