MMOB - Totem one Bon, faut être honnête, au moment où l'on déchire l'enveloppe et qu'on découvre un disque répondant au doux nom de Totem one signé Master Musicians of Bukkake, on se demande un peu ce qu'il se passe. Quand bien même la galette en question débarque tout droit de chez Conspiracy Records, un label de référence sur le vieux continent et qui nous a déjà habitué à signer des groupes aux noms improbables (remember Kiss the Anus of a Black Cat), là on se dit quand même qu'on est tombé sur des clients... On jette un oeil sur la pochette... bariolée et d'un goût assez particulier, on se décide à faire confiance aux gens du label Belge et au casting quand même intrignant de MMOB (deux Earth et un Burning Witch tout de même). Et là... ce qu'il se passe est assez déroutant.
Dès "Bardo chikkhai" et ce, jusqu'à "Eaglewolf", on se retrouve embarqué avec ces musiciens, dans un drôle de trip halluciné. Psychédélique annonce le groupe, en évoquant le "jihad joe" (ça c'est de la vanne...) sur son MySpace, Totem one est donc un disque en forme de voyage initiatique et psychotrope où l'on a l'impression d'expérimenter toutes sortes de substances un peu bizarroïdes et pas bien légales... le plus légalement du monde ("In the lightness of sonoran"). Sonorités amérindiennes ou arabisantes, guitares flottant dans l'atmosphère, petites rythmiques disséminées ci et là, MMOB nous fait entrer dans un univers qui n'appartient qu'à lui. Dépaysement assuré. Des choeurs complètement possédés par l'ambiance... hippie et bien embrumée, quelques textures rock psyché sur "Schism prisme / Adamantios", les Master Musicians of Bukkake enclenchent la marche avant en dévoilant un ébouriffant cocktail de fuzz nonchalant et de transe chamanique.
Comme si le temps s'était arrêté quelque part entre Woodstock et maintenant, le collectif américain se laisse aller à quelques vagues improvisations tout en faisant paradoxalement attention à garder le contrôle de ce qu'il écrit... Toujours cette volonté de déstabiliser l'auditeur en gardant l'esprit léger... Pourquoi ? On ne le saura pas ici. Mais toujours est-il qu'entre psychédélisme narcotique et rites ancestraux ("Cascade cathedral"), fuzz enfumé et musique traditionnelle, MMOB livre avec Totem one, le premier chapitre d'une trilogie s'annonçant comme quelque chose d'assez unique en son genre.