Rock Rock > Maserati

Biographie > En voiture Simone

Né en 2000 du côté d'Athens aux USA, Maserati sort son EP inaugural un an plus tard avec 37:29:24 et enchaîne même pas douze mois après avec un premier album intitulé The langage of cities. En 2003, afin de ne pas perdre le rythme, le groupe publie un Split EP/DVD avec Gainsville et The Mercury Program. Une poignée de 7'' et autres splits collaboratifs plus tard, une tournée au Japon et quelques remaniement de line-up, Maserati connaît un "trou noir" discographique de trois ans et demi avant de débarquer chez l'une des références indé nord-américaine Temporary Residence Ltd. (Explosions in the Sky, Eluvium, Mono, Envy, The Black Heart Procession...). Label chez lequel le groupe va sortir son deuxième album, Inventions for the new season fin 2007.
S'ensuivent un disque de remixes, un split avec Zombi en 2009 puis un troisième album "long-play" cette même année : Passages. Entre-temps, s'il est resté chez son label américain, le groupe a également traversé l'Atlantique pour signer chez le (à l'époque) tout jeune Golden Antenna Records (qui depuis s'est occupé de Daturah, From Monument to Masses ou Del Rey et My Education). En 2010, Maserati passe la quatrième en publiant Pyramid of the sun.

Maserati / Chronique LP > Enter the mirror

Maserati - Enter the mirror Notre cher Aurelio avait su en parler mieux que quiconque sur nos pages durant la précédente décennie. Votre serviteur a la lourde tâche de reprendre le flambeau, à savoir parler de Maserati et, qui plus est, de son nouveau-né : Enter the mirror. En vérité, je découvre seulement maintenant et de façon attentionnée le travail sonore de ces post-rockeurs américains, et je ne vous ferai pas le coup assez dégueulasse de faire semblant de connaitre la discographie du quatuor pour aborder cet album. À vrai dire, ce n'est pas plus mal au final, la vision proposée sera sans a priori. Historiquement parlant, Maserati fête ses 20 ans cette année et n'avait plus rien sorti depuis 2015 et Rehumanizer, et pour fêter cet événement et son grand retour, le groupe a sorti une artillerie space-rock instrumentale avec ce petit quelque chose de vintage 80's qui fait du bien là où il passe. En effet, Enter the mirror a la particularité de s'être inspiré du jeu de batterie de Phil Collins (on ne peut plus eighties donc) et des effets chorus de guitares qu'on trouvait majoritairement aussi durant cette période et notamment dans la grande période des Australiens d'INXS. Tout un programme.

"2020" inaugure le disque avec ses vibrations stellaires, nous invite dans un monde où les frontières sont invisibles, et vient s'échouer sur la boucle d'"A warning in the dark". Ce morceau electro-rock très Moroderien dans l'esprit nous invite à une danse hypnotique dans laquelle les voix sous vocoder nous guident. C'est de toute beauté mais le réveil se fait brutal avec "Killing time" et son introduction très Ministry. On change de décor, le rythme martelé s'accélère et les guitares projettent leurs notes dans l'espace. "Der honig", le morceau qui suit, est la démonstration d'une bonne chanson instrumentale, progressive à souhait avec ses irrégularités et une séquence particulièrement intéressante de "questions-réponses" entre les cordes et les claviers. "Welcome to the other other side", quant à lui, nous rappelle ô combien nous aimons nous délecter des atmosphères tendues et surpuissantes que procurent l'électro-rock. D'ailleurs, "Empty" n'est pas en reste sur ce registre, un morceau qu'aurait très bien pu délivrer Le Prince Harry avec Perturbator en invité spécial. Enfin, la luminosité cosmique de "Wallwalker", titre propice aux dancefloors, vient clore cette excellente œuvre de 40 minutes mixée par l'orfèvre musical John Congleton (Baroness, Explosions in the Sky, Swans). Comme dans un parc d'attractions, Enter the mirror est à peine terminé qu'on a déjà envie de se frotter de nouveau à cette expérience hautement sensorielle et immersive.

Publié dans le Mag #43

Maserati / Chronique LP > Maserati VII

Maserati - Maserati VII Un peu moins de deux années après l'excellentissime Pyramids of the sun, Maserati remet le couvert avec Maserati VII, en étant toujours hébergé chez la référence Temporary Residence Ltd. (Eluvium, Explosions in the Sky, Mono, Pinback...), en conservant cette même envie de renverser la scène indie nord-américaine sur son passage. Et le prouve dès l'inaugural "San Angeles", véritable modèle du genre aux courbes fuselées et lignes mélodiques harmonieusement ciselées. Rythmique soutenue, gimmicks sonores électrisants, un tigre dans le moteur et un savoir-faire évident dans l'assemblage de ses pièces sonores : le groupe respire la classe.

Le bolide pop/psychédélique/space-post-rock synthétique distille ses morceaux, enfiévrés, psychédéliques, dansants, avec un sens de la bonne mesure qui confine au génie ("Martin Rev", "The eliminator"). Une sortie de post-pop/space-rock psyché et disco qui appuie sur ses turbo-propulseurs pour donner une tonalité cosmique tantôt élégamment 80's, tantôt plus résolument futuriste... pour un résultat irrémédiablement grisant. Les formats usités se ressemblent et pourtant l'usinage de l'ensemble ne laisse aucun doute sur l'inspiration créative de cet objet sonore pour le moins atypique, surtout en ces temps d'uniformisation outrancière du produit musical. Parce que Maserati oeuvre dans un registre qu'il a fait sien et dont il maîtrise par conséquent toutes les finesses, les moindres détails.

Zero défaut de construction ici : tout est pensé dans le moindre détail et ne doit pas grand chose au hasard. Passé, présent, futur : les américains savent où ils vont et comment s'y rendre ("Flashback", "Abracadabracab"). Et si Maserati VII n'atteint assurément pas la maestria de son fulgurant prédécesseur, ce nouvel album garde un niveau de maestria constante ("Earth-Like"), en s'offrant au passage quelques petits moments de bravoure qui pourraient bien lui offrir une de ces "hype" dont la sphère internet a le secret ("Solar exodus", "Lunar drift"). Sauf que celle-ci ne pourra alors être éphémère, ces gens-là ayant définitivement trop de talent pour ne pas repousser constamment leurs propres limites artistiques et révolutionner par eux-mêmes leur modèle musical. En attendant, ce Maserati là est une belle réussite au crash-test.

Maserati / Chronique LP > Pyramids of the sun

Maserati - Pyramids of the sun Il n'est jamais trop tard pour découvrir un bon groupe, alors un excellent... Même si celui-ci passe la quatrième, qu'il s'est déjà fait connaître sur au moins trois continents (outre l'Amérique du Nord et l'Europe, Maserati a également un garage en Australie avec Sugar Rush Records) pour la ligne particulièrement bien dessinée de ses compositions à la carrosserie post-rock/psychédélique élancée, à l'aérodynamique sonore à la fois élégante et raffinée. Il faut dire aussi que se glisser sous le châssis de Pyramids of the sun, c'est sans doute la meilleure approche à avoir au moment d'appréhender ce groupe qui a assurément de l'allure et bien d'autres choses sous le capot à dévoiler. Que ce soit sur l'intro ambiancée "Who can find the beast ?" ou sur l'éponyme "Pyramids of the sun", petite pépite à la dynamique "tubesque", Maserati démontre que derrière la beauté apparente de ses courbes (les amateurs de beaux objets CD ou LP seront certainement ravis d'apprendre que chez Golden Antenna Records ou Temporary Residence Ltd., on est également pointilleux sur le contenant en plus de l'être sur le contenu). Mélange de post-rock psychédélique et de pop enfievrée appuyée par des effets synthétiques, le groupe monte en pression, turbine avec ses instruments (il n'y a ici aucune trace de chant) et lâche peu à peu les chevaux (le rythmé et énergisant "We got the system to fight the system", le bondissant et très électro "They`ll no lore suffer from thirst") avant de finir en roue libre. Par instant délicieusement old-school de par l'utilisation des synthés, Maserati n'en est pas moins ouvertement moderne dans son approche post-new-vave et carbure au super tout au long de l'ombrageux et psychotrope "Ruins" qui s'intercale au beau milieu d'un "They`ll no more suffer from Hunger" tout en jams enfumés au riffing obsédant et d'un "Bye my friend, goodbye" en mode "dérapages contrôlés", succédant lui-même à "Oaxaca", single en puissance d'un album extrêmement stylisé qui, bien qu'instrumental en a sous la pédale au rayon "tubes" post-psychés/électro-rock aux affinités pop. Juste excellent de la première à la dernière minute...