Mars Red Sky - Stranded In Arcadia Partis enregistrés au Brésil, les Mars Red Sky ont été marqués par le pays au point de "commander" un artwork, très inspiré, mettant en scène une "boule" et un canot qui permette le débarquement sur une plage de Rio de trois êtres (à en juger par les traces de pas) qui sèment suffisamment le chaos pour faire rougir le ciel et faire valser la célébrissime statue du Christ Rédempteur tombée du Corcovado. Les choeurs d'intro de l'album ("The light beyond") ayant un petit côté religieux, on a donc un opus marqué à la fois par la foi et la samba. Non je déconne. Ou alors une samba aux rythmes hachés, sacrément ralentie et agrémentée de fuzz agogô.

Le changement de batteur et le succès critique comme public de l'éponyme Mars Red Sky n'ont pas changé l'idée directrice qui conduit le groupe, avec Stranded in Arcadia il assume son rang et déploie de plus gros moyens pour encore nous impressionner. MRS n'était pas qu'une comète traversant l'espace, ils sont là pour durer et réunir les générations. Parce que les amateurs des seventies se retrouveront autant dans ces huit nouveaux titres que les jeunes passionnés de stoner, qu'on ait 60, 40 ou 20 ans, peu importe, les sensations procurées par cette musique sont intemporelles et touchent tout le monde. D'ailleurs, Aurélio n'avait pas joué la carte Led Zeppelin en 2011, je me permets donc (quitte à ne pas être original du tout) de balancer une punchline de fainéants en comparant certaines ambiances à du Led Zep après une retombée d'acides. Le chant de Robert Plant est forcément l'un des modèles de Julien et le côté lancinant halluciné correspond assez bien à l'image de Houses of the Holy et à ce morceau d'anthologie qu'est "No quarter". Dans l'ensemble Stranded in Arcadia ne donne pas pour autant dans le hard rock, la chaleur tropicale met certes du poids dans certaines rythmiques mais, le psychédélisme bordelais est toujours méga cool. Même quand ça s'emballe un peu ("Holy mondays"), on revient vite sur un tempo mesuré, les riffs étant distordus et saturés à souhait, il s'agit donc de ne pas les jouer trop vite pour bien profiter de toute leur puissance... voire de toute leur beauté quand la pédale s'allège et que les notes se délient pour fendre l'atmosphère ("Arcadia").

Maîtrisant parfaitement son sujet, Mars Red Sky se permet même quelques fantaisies comme terminer la galette avec "Beyond the light", un petit instrumental en mode enregistrement dans un bocal qui fait écho à l'ouverture "The light beyond". Pas de doute au final, canicule ou pas dans les mois à venir, Stranded in Arcadia est le disque de l'été, enfin... si tu veux que celui-ci soit chaud, très chaud.