Si on ajoute les errances du label, notre retard et le planning ultra chargé des Mars Red Sky, tu as une interview qui arrive bien après la période chaude pour le groupe mais alors qu'il est en pleine tournée, il a toujours des choses à dire... et des conneries à balancer.
mars red sky
Des études sérieuses démontrent que le ciel de Mars aurait une teinte bleutée, vous pensez à changer de nom ?
Mat : Non mais je pensais justement à changer de batterie pour en avoir une bleue transparente. Et surtout la guitare de Julien est bleue alors c'est bon, on peut continuer.
Jimmy : La guitare de Julien est verte comme une coccinelle !
Vous auriez aimer jouer dans les seventies ?
Mat : Non, on est bien là en 2015, tu trouves pas ?
Jimmy : Pour ma part, j'ai déjà joué dans les années 70, j'ai joué au "Télécran" par exemple quand j'avais 4 ou 5 ans notamment, je vous conseille...
Doom, sludge, psychédélique, stoner, quel adjectif préférez-vous entendre ?
Mat : Il y a pas si longtemps, je ne connaissais guère l'existence de ces styles / adjectifs, et j'avoue ne pas encore maîtriser totalement leur signification alors je préfère parler de "Heavy Rock Psychedelic", celui-là, je vois à peu près ce que ça veut dire.
Jimmy : Oui c'est ce qu'on dit avec le groupe "Heavy Rock Psychedelic".
Vous êtes plutôt fans de John Garcia ou Josh Homme ?
Mat : Ni l'un, ni l'autre, en ce qui me concerne. Demande nous plutôt si on est plutôt Simon ou Garfunkel, ou plus Robert que Redford pendant que t'y es !
Il y a beaucoup de groupes stoners en France mais peu ont autant de succès que vous, comment vous l'expliquez ?
Mat : Tu te trompes, pas mal de groupes français dit stoner ou affiliés roulent leur bosse tout comme nous le faisons, chacun à sa manière : Glowsun, 7 Weeks, Loading Data, Datcha Mandala, Libido Fuzz, Space Fisters...
Parmi ces groupes, vous vous sentez plus proches de certains ?
Mat : Glowsun sont des bons potes, on a l'occasion de jouer ensemble régulièrement, Datcha Mandala et Libido Fuzz sont de Bordeaux, donc on se connaît bien, on s'apprécie beaucoup, on les a d'ailleurs invité sur scène avec nous pour un concert spécial pour célébrer nos cinq ans d'existence.
Vous êtes du genre à ne pas refuser une date, il n'y a pas de lassitude à être sur la route ?
Jimmy : Effectivement, nous jouons beaucoup, on doit faire dans les 80 dates par an minimum mais pour le moment on ne se lasse pas, vu qu'on tourne beaucoup à l'étranger, on voit du pays...
Vous faites quoi durant les trajets ?
Mat : Pendant les trajets, ces derniers temps on écoute des sketchs de Lafesse, on a trouvé l'intégral des canulars téléphoniques, c'est vraiment dément ! Puis aussi Jimmy bosse sur son ordi, Julien dort ou lit, Geoffrey Pierre et moi conduisons à tour de rôle, puis on parle entre nous de la vie ! Ah, et quand on arrive en ville, Jimmy sort la tête par la fenêtre et aboie sur les passants.
Faire de nombreuses dates, c'est indispensable à la survie d'un groupe ?
Mat : Non pas à la survie mais à la vie tout court. Je veux dire par là qu'un groupe comme le nôtre et comme pas mal d'autres dans le monde, se doit d'être sur la route, c'est là que les choses se passent, qu'on rencontre des gens et qu'on imagine d'autres projets... Si un groupe ne tourne pas, il n'existe pas.
mars red sky - Geoffrey Torres
Vous jouez aussi pas mal à l'étranger, un pays vous a mieux reçu que les autres ?
Mat : Sur notre dernière tournée, les dates en Pologne étaient particulièrement chaleureuses.
Vous avez joué aussi bien avec Detroit qu'avec Year Of No Light, les publics sont différents, vous avez une préférence ?
Mat : C'est deux choses très différentes, puisque les dates avec Year Of No Light étaient des plateaux ce qui veut dire qu'il y a un public commun. Des gens viennent plus pour YONL ou plus pour nous ou pour les deux groupes, c'est le but d'un plateau. Ce qui n'était pas du tout le cas avec Détroit bien sûr. Là on était en ouverture, une demi heure de set et ciao. Donc à la fois c'est grisant de jouer devant 2000 personnes dans un cirque d'hiver à Amiens, ou dans une Cigale pleine à Paris, mais même si les gens sont très contents sur le moment, on peut être sûr qu'ils nous auront oublié une fois rentrés chez eux. Ce qui n'est pas le cas des 400 personnes venues à Lyon par exemple pour voir YONL et MRS. Donc pour répondre à ta question je préfère jouer devant des gens venus nous écouter même s'ils sont moins nombreux, mais cela dit on prend beaucoup de plaisir à jouer en ouverture de plus gros groupes que nous devant un public différent mais heureusement, nous ne faisons pas que ça. Sinon on devient un groupe de première partie, ce que nous ne sommes pas et ne voulons pas être.
Vous avez d'ailleurs sorti un split avec les YONL, d'autres choses du genre sont prévues ?
Mat : Oui, on a quelques idées, dans nos têtes mais rien à annoncer pour le moment.
Jimmy : Perso, mes idées sont plutôt dans mon chu...
Vous êtes allé à Rio pour enregistrer avec Gabriel Zander, pourquoi ce choix ?
Mat : C'est pas du tout un choix !
Julien : Ca a été un heureux hasard... Nous étions coincés à Rio pour cause de problème de visas avec les USA où nous devions initialement enregistrer l'album. Et la date des vols abordables pour rentrer chez nous nous laissait une semaine à rester sur place. Durant ces quelques jours nous avons cherché un studio, nous disant que quitte à être bloqués là-bas pour une semaine, autant en profiter pour essayer d'enregistrer quelques titres. Felipe notre tourneur Brésilien, qui nous hébergeait a finalement trouvé un lieu, un studio dans Rio, Superfuzz, chez Gabriel Zander. Il était disponible, on s'est donc mis au travail et nous nous sommes retrouvés à enregistrer quasiment l'intégralité de l'album que nous avions prévu de réaliser à Palm Spring, avec Harper Hug. On a été directement sur la même longueur d'onde, le studio de Gabriel est assez petit mais il a une façon de travailler bien à lui, on a pu enregistrer toutes les bases des morceaux live, puis rajouter tous les overdubs de basses, quelques rectifications, tous les rajouts de guitares, les solos... Il a fait un travail admirable avec un enthousiasme très communicatif, on était vraiment à fond durant ces quatre jours. Je n'ai eu le temps d'enregistrer les chants que sur "Circles". On est parti du studio au petit matin, juste à temps pour aller prendre notre avion et rentrer chez nous. J'ai ensuite enregistré les voix pour les autres titres chez moi, dans mon studio. On ne savait pas encore qui allait mixer tout ça. On avait pensé à Harper qui aurait du produire l'album mais ses essais, à l'exception du live de "Arcadia" qui sera sur la face B du 7" à venir, "Hovering satellites", n'étaient pas vraiment satisfaisant. Après plusieurs essais, il s'est avéré que Gabriel était le plus à même de faire le boulot, connaissant bien les morceaux et les ayant enregistrés et peaufinés avec nous. On a échangé par mail pour les détails de mix, il avait très peu de temps mais il a fait un super boulot encore une fois. La rencontre avec Gabriel a été une chance incroyable, on l'appelle d'ailleurs l'Ange Gabriel, l'homme qui nous a sauvé la mise et avec qui on a réalisé un album dont on est au final très fiers.
Gabriel Zander a assez peu d'expérience comme producteur, le risque était calculé ?
Mat : Attention, tu confonds avoir un nom et avoir de l'expérience ! Il est vrai que quand tu as un nom tu as de l'expérience, c'est logique, par contre c'est parce qu'on te connaît pas, que t'as pas déjà quelques bornes au compteur. Gabriel enregistre beaucoup de groupes au Brésil dans son studio, il va parfois aux USA bosser quand on l'appelle. Le problème est que le marché au Brésil est encore moins développé qu'en France, donc les groupes ont du mal à émerger et leurs productions restent très confidentielles, ce qui n'a rien à voir avec la notion de qualité. C'est ce que nous expliquait Gabriel quand on l'a rencontré et c'est aussi pour ça qu'il était très heureux de nous enregistrer car notre album allait au moins sortir sur un label et le groupe allait tourner. On est tellement content de son boulot qu'il va produire notre prochain album, mais cette fois c'est lui qui vient chez nous !
Oui, l'album n'est pas sorti il y a si longtemps que ça et on vous annonce déjà bientôt en studio...
Mat : Le nouveau disque est sorti en avril 2014, donc il y a 1 an. Là on est en train de travailler, de composer les morceaux d'un nouvel album. Pas de date de sortie pour le moment, mais on sera sûrement en studio cet été.
Il a donné son avis artistiquement, fait modifier des compositions ?
Mat : Non car on avait déjà les morceaux bien en main puisqu'on les jouait sur scène pendant la tournée en Amérique du sud. Par contre, son mix est assez typé je trouve.
L'autre changement important depuis le premier album, c'est le recrutement de Matgaz, comment ça c'est fait ?
Mat : Je suis arrivé dans le groupe il y a 3 ans en 2012. Un matin, j'ai eu un coup de fil de Julien que je connaissais déjà, m'indiquant que Benoit le batteur de son groupe Mars Red Sky, avait décidé de quitter le navire. Je ne connaissais pas le groupe. Je connaissais Julien pour ses groupes Calc, Pull et aussi son premier album solo que j'apprécie beaucoup. Quand il m'a décrit le truc, ça avait l'air excitant. J'ai écouté et l'ai rappelé en lui disant que j'en étais. Je pouvais pas rejoindre le groupe tout de suite car j'avais des projets en cours, mais on s'est vu tous les trois une fois à Bordeaux et on s'est dit qu'on commençait les dates au mois de mai 2012. Ce qu'on a fait et nous y voilà.
Les clips de "Circles", "Join the race" ou "Hovering satellites" correspondent à l'image qu'on se fait de votre musique, comment vous décidez de ce que vous mettez dedans ?
Jimmy : A la base, les vidéos étaient destinées à être projetées pendant les concerts, on le fait toujours d'ailleurs, ce ne sont pas de "véritables clips" sauf le dernier que nous venons de sortir qui a été réalisé par Seb Antoine pour le titre "The light beyond".
Avec toutes ces vidéos, plus de la moitié des titres sont en ligne, pourquoi acheter l'album ?
Mat : Tu veux dire tous les titres sont en ligne ! En tout cas c'est le cas pour le premier album. On est en 2015, si tu veux l'album gratuitement, tu prends ta mule et tu le charges sur ton disque dur, ensuite tu le mets sur ta clé et tu l'écoutes en faisant ton footing ou tes courses. Nous on fait mieux, on le met en ligne mais en plus t'as des images. C'est beau, non ? Non, c'est une histoire de public, les gens qui achètent nos disques ont la culture du disque, et on le voit au merch' pendant les concerts. Donc je ne vois pas d'inconvénient à mettre les titres en ligne, au contraire ça circule et la musique se partage, c'est ça à la base !
Une édition vinyle en différentes couleurs est prévue pour Stranded in Arcadia, vous pourriez ne pas sortir de CDs ?
Mat : Il y a je crois du vinyle orange, du noir et peut être du rouge ou du transparent ! On s'en fout ! Le CD est sorti ainsi que le numérique.
Merci à Mat', Julien et Jimmy et donc aux Mars Red Sky pour leur disponibilité et leur sympathie.
Photos : Geoffrey Torres (couleur) & DR (N&B)