Si Helen Ferguson prend beaucoup de lumière dans Queen Of The Meadow, elle n'est pas la seule à écrire et arranger les folk songs puisque Julien Pras (chanteur et guitariste de Mars Red Sky) l'accompagne depuis maintenant plusieurs années dans ce projet. Et pourquoi pas marier les deux ? La rugosité du trio stoner, allié à une voix féminine cristalline, ça peut provoquer des frissons, non ? Oui ! Les deux entités ont donc fusionné le temps de deux titres, diffusés sur les plates-formes et édité sur un vinyle 12 pouces (33 tours) pour profiter au maximum de l'artwork (et parce que les 10 pouces sont devenus plutôt rares). Cette porte ouverte sur l'espace (qui n'est pas sans me rappeler le monolithe de 2001, l'odyssée de l'espace) nous offre beaucoup de liberté mais également un atlas de l'Enfer. Décollage immédiat.
Introduction délicate pour "Maps of inferno", la batterie amène un peu de stress, s'efface, la guitare prend le relais puis tout le monde embraye de concert pour donner corps au riff principal du morceau phare de cet EP. Des notes électriques distordues se détachent, on semble être sur Mars, puis après près de deux minutes, le chant d'Helen vient briser cette sensation, une mélodie qui te prend aux tripes en quelques secondes, un chant éclairé, c'est tout simplement magique. Tout un univers se construit devant nos oreilles, un champ des possibles infini où nos émotions sont mises à rude épreuve. La rythmique a beau poursuivre l'histoire presque seule pendant un temps, on reste comme hypnotisé, excité par le retour de l'ensorceleuse... La guitare vient sourdement se débattre, mais rien ne peut empêcher le retour de cette douce harmonie à laquelle on est déjà complètement accro. La fuzz nous ramène quelque peu sur Terre en lançant "Out at large", la mélodie est moins puissante mais le petit côté Pink Floyd me ravit même si j'attendais la voix de Julien et donc un double chant qui aurait pu faire des étincelles. Pour compléter l'EP, la collaboration a accouché d'un "Maps of inferno (Shortcut)" qui reprend le premier titre en l'amputant de sa partie centrale plus aérienne, les mélodies vocales sont plus présentes, mais difficile de préférer cette version raccourcie à l'originelle. Celle-là même qui bénéficie d'un clip superbe (réalisation, scénario, photos...) qui t'oblige donc d'y consacrer au moins 7 minutes de ta vie. Et certainement d'autres ensuite pour en profiter encore et encore.
Publié dans le Mag #56