Pure coïncidence mais belle coïncidence qu'en ce printemps 2018, deux groupes cultes reviennent sur le devant de la scène, d'un côté Les Tétines Noires qui donnent des concerts pour fêter la réédition de ses albums, de l'autre The Married Monk qui vient de sortir un nouvel opus après 10 ans de silence. Et alors ? Le génial Christian Quermalet, principal compositeur de The Married Monk a été bassiste, trois années durant, des Tétines, c'était la fin des années 80, une autre vie... Et ces jours-ci, une nouvelle vie recommence alors qu'on pouvait imaginer les deux groupes rester dans leurs placards respectifs... Depuis l'album concept Elephant people paru en 2008, Christian s'était fait discret, on avait juste frissonné à l'idée de revoir son groupe en 2012 mais après quelques concerts, le leader est retourné à Lyon, loin de ses comparses et des possibilités d'un véritable retour. Pour autant, il a continué de composer... En 2016, à l'occasion de la réédition en vinyle de The belgian kick (juste un des meilleurs disques des années 2000), la flamme de l'espoir s'est rallumée et la rencontre avec le tromboniste Thomas Rocton (Orchestre National de Lorraine, Alone With King Kong, Toxic Kiss...) ravive The Married Monk qui peut de nouveau voir la vie en rose.
Headgearalienpoo, head gear alien poo, tête vitesse étranger caca, face matos extra-terrestre crotte, non, on ne va pas chercher à traduire ou comprendre ce titre, au mieux on posera la question aux intéressés, on n'en tirera aucune conclusion, si ce n'est qu'il sonne pas trop mal. Idem pour l'artwork, toujours soigné chez The Married Monk, il renvoie à la douceur, la délicatesse, la légèreté... Là, on se rapproche de leur idée directrice quand il s'agit d'écrire des pépites pop. Tendu, électronique, un peu froid, "Obnoxious one" ouvre l'opus sans être aussi "odieux" qu'annoncé, dès que la voix de Christian, toujours un poil trafiqué, fait surface, on est plongé dans l'histoire. Quelques bidouillages reprennent le dessus (les fans du Radiohead alambiqué apprécieront), le morceau s'arrête sur un souffle mais ne reprendra pas à la fin de l'album, "The obnoxious two" n'étant pas vraiment un prolongement du premier, laissant davantage s'exprimer la distorsion qui, comme les bidouillages, s'évapore pour laisser l'espace au chant clair histoire de transformer le morceau en tube intersidéral. Une des forces des MM, c'est leur facilité à dégoter des gimmicks mélodiques qui percutent et allument les neurones du bonheur dans le cerveau, les premières secondes de "Gravity" correspondent exactement à cela, le son, le rythme, le chant, les arrangements tout colle à la perfection et enchante l'atmosphère. Que le tempo s'accélère ("10.16 saturday night" ou " Bomb on blonde" dominés par la guitare) ou se ralentisse ("Love commander strikes again" dominé par le piano), la magie opère à chaque fois, l'univers du trio squatte toutes nos pensées, vampirise notre esprit à tel point qu'il ne reconnaît pas The Cure et son "Siamese twins", pas plus qu'il n'avait imaginé que "Bus" soit également une cover (de Dogbowl), non, dans Headgearalienpoo tout porte la marque de The Married Monk. Ils sont exceptionnels. Encore.
Publié dans le Mag #33