Groupe-collectif franco-américain, Les Marquises est le nouveau projet de Jean-Sébastien Nouveau d'Immune, Recorded Home et Colo Colo. Entouré de Jordan Geiger (Minus Story, Shearwater, Hospital Ships) et du multi-instrumentiste Jonathan Grandcollot (Pan Pan Pan, Robe et Manteau), il rend hommage en musique à l'artiste solitaire Henry Darger (1892-1973) à travers un premier album intitulé Lost lost lost. Cet opus contemplatif sort début novembre 2010.
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Rubrique :
Immune
Electro-pop lyonnaise, mélancolique et minimaliste, du grand art...
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Interview : Les Marquises, Interview de J-S Nouveau (nov. 2010)
Les Marquises / Chronique LP > A night full of collapses
Trois ans après Pensée magique, un deuxième opus inspiré par le 7ème art, Jean-Sébastien Nouveau s'est illustré en début d'année en dévoilant sa nouvelle œuvre, A night full of collapses. Il y a toujours dans le cœur de ce compositeur des temps modernes et de surcroît multi-instrumentiste (chant, claviers, guitare, percussions, boite à rythmes) une envie de produire une musique inspirée ou faite pour le cinéma. Même si nous ne voyons toujours pas de bande-son de film à l'horizon dans la discographie des Marquises, ce troisième album pourrait (encore) tout à fait en être une. Et c'est bien, comme son titre l'indique clairement, des plages sonores qui célèbrent la nuit et toutes les interprétations qui peuvent en découler comme l'errance, le rêve, le repos, l'amour, le songe, le cauchemar ou l'insomnie, la liste n'est pas exhaustive. C'est à peu près par tous ses sentiments par lesquels nous passons en écoutant les huit titres d'A night full of collapses.
Pour mettre en forme tout ce dont nous venons d'évoquer ci-dessus, Jean-Sébastien a fait appel à un nombre conséquent de musiciens d'horizons divers dont les plus connus sont Matt Elliott de The Third Eye Fondation au chant sur quatre titres, d'Agathe Max (Ofield, Farewell Poetry) au violon, d'Olivier Mellano (Dominique A, Miossec, No Land) à la guitare, de Christian Quermalet de The Married Monk au piano, de Jeff Hallam (Dominique A) à la contrebasse et de son acolyte chez Immune, Martin Duru, aux claviers. Du beau monde pour un résultat, disons-le, absolument sublime faisant penser autant aux travaux à la fois satinés et rugueux de Dale Cooper Quartet & The Dictaphones qu'à la maîtrise du silence et de l'harmonie rampante de Bohren & Der Club Of Gore. Et si comparaison il faut faire avec des compositeurs de BO, la note du dossier de presse nous indique volontiers Angelo Badalamenti et son "Twin Peaks" réalisé par David Lynch. La nuit... oui, c'était évident.
Malgré l'intention portée par son géniteur de donner un caractère unique à ses œuvres, Les Marquises garde par moments certains propos entendus dans ses précédentes productions comme ses motifs répétitifs hypnotisant ("Vallées closes", "Lament", "Following strangers"). Pour le reste, le Lyonnais s'applique à orner sa marche somnambule en passant aisément d'une pop jazzy étincelante ("Feu pâle") à des d'ambiances tantôt glauques, tantôt mystérieuses ("A forest of lines", "Des nuits") pour varier les plaisirs. On ne saurait trop que vous conseiller d'explorer (de nuit, de préférence) cet album appliqué qui appelle sans détour à l'exaltation profonde des sens.
Publié dans le Mag #30
Les Marquises / Chronique LP > Pensée magique
Avant d'aborder le nouvel opus des Marquises, projet collectif instauré vers 2010 par Jean-Sébastien Nouveau d'Immune et Colo Colo, je recommande à tous ceux qui n'ont pas pu coller leurs fines oreilles expertes en musiques exigeantes sur Lost lost lost de le faire. Ne serait-ce que pour découvrir au préalable dans quel monde sonore vit son géniteur qui, lui-même influencé par l'art en général, se complaît à lui rendre hommage dans son processus de création. Après la vie solitaire de l'illustrateur Henry Darger sur un premier album aux accents post-pop, folk et électro-ambiant, Pensée magique met en lumière le 7ème art, celui dont "les thématiques de la jungle et du sauvage [...] permet de jouer avec l'imaginaire de l'auditeur", pour citer la note de présentation de ce deuxième album. Cet ancien étudiant en cinéma cite d'ailleurs volontiers les films "Fitzcarraldo" et "Aguirre, la colère de Dieu" de Werner Herzog, "Sa majesté des mouches" de Peter Brook ou encore "Les maîtres fous" de Jean Rouch pour justifier son propos. Ca peut vous situer l'univers sonore attendu avant l'écoute du disque : indomptable et sinueux.
Accompagné d'une ribambelle de potes musiciens (NDR : La liste complète se trouvant sur la fiche du disque), Jean-Sébastien Nouveau a composé, arrangé et mixé à la maison sept titres qui oscillent entre rock minimaliste répétitif et pop feutrée. Une musique extatique misant sur la pulsation rythmique pour procurer des effets psychoacoustiques à l'auditeur. Et ça marche ! Les Marquises nous bercent, nous hypnotise si bien que nous sommes prisonniers de cette densité de sons (chant, violon, trompette, percussions, claviers, melodica, violoncelle, basse, zither, saxophone) dans laquelle il est, en effet, difficile de s'échapper. Il y a quelque chose de très Can derrière tout ça, une envie herculéenne d'explorer, à travers des rythmes hétéroclites, de singuliers amalgames sonores convoquant autant la confusion ("In the forest") que l'imaginaire onirique aux effluves narcotiques ("The visitor"). On pourrait établir un rapprochement honnête entre Pensée magique et le dernier Ulan Bator, pour ne citer que lui, tant la lugubrité, l'anxiogénéité et le mystère rôde autour de ces œuvres.
Le nouvel album des Marquises est très marquant dans son approche introspective et risque fort de s'inscrire dans mon top de l'année tant sa conception, son rendu général et sa beauté sont exceptionnels. Ce disque vient suppléer un Lost lost lost qui, avec le recul, manque cruellement de cette folie créatrice et dont les limites ont pu être constatées avec l'écoute de Pensée magique. Un album hautement recommandable !
Les Marquises / Chronique LP > Lost lost lost
Inévitablement, Les Marquises nous évoque ces îles polynésiennes si chères au grand Jacques, mais aussi l'une de ses ultimes chansons. C'est d'ailleurs cette dernière qui a inspiré le nom du nouveau groupe de Jean-Sébastien Nouveau, multi-instrumentiste d'Immune (en stand-by pour le moment) notamment. Un substantif associé à une belle image paradisiaque qui sied parfaitement à ce trio à la recherche constante de l'esthétisme sonore. Les Marquises ont voulu rendre hommage à travers leur premier album à un artiste assez peu connu du grand public : Henry Darger. Cet auteur et peintre américain du XXème consacra une bonne partie de sa vie à l'élaboration d'un récit épique illustré de 15 143 pages intitulé "Realms of the unreal". Découvert après sa mort en 1973 dans la petite chambre qu'il occupait à Chicago, cette œuvre à l'univers graphique singulier (bande dessinée faite de grandes aquarelles naïves et hallucinées) reste un symbole de l'Art Brut. Lost lost lost, en rapport à la solitude qu'envahissait cet homme, est donc une sorte de bande-son sur le monde de la claustration constitué de tourments délivrés par la poésie. Ces 6 titres naviguent entre des styles pas forcément proches mais qui ouvrent les portes d'une atmosphère liée au rêve (bon ou mauvais), d'un endroit où se mêle à la fois la quiétude et le trouble. D'une post-pop aux tendances jazzy ("Only ghosts") à de l'électro-ambiant dérangé ("Terrible horses") en passant par de la folk mélancolique perchée ("This carnival of lights"), Les Marquises s'emploie à rendre leur œuvre sensible et contemplative à travers moults instruments. La richesse du son est soutenue par moment par la voix fragile et pleine d'amertume du Texan Jordan Geiger (Minus Story, Shearwater, Hospital Ships) et cette alchimie nous renvoie parfois aux travaux et à l'univers extatique de Radiohead, de Sigur Ros ou bien de Bowery Electric (la liste peut être très très longue). Avec ce nouveau projet, Jean-Sébastien Nouveau confirme le talent que l'on a pu lui louer avec Immune et prouve qu'en changeant de partenaires (ce projet compte également des invités) la donne reste la même. Il ne reste plus qu'à se plonger dans la création de Darger pour apprécier cet album à sa juste valeur.