Rock Rock > Manu

Biographie > après Dolly

Emmanuelle a commencé à jouer de la guitare et à chanter avec Dolly & Co puis le groupe est devenu Dolly, aujourd'hui, c'est sous son diminutif, Manu, que la Nantaise continue d'écrire et de se produire. Nikko (Dolly) est resté à ses côtés et elle a demandé à Ben (Pause) de prendre la basse et à Nirox (Dawax) de s'asseoir derrière les futs. Ensemble ils ont enregistré Rendez-vous et ont créé leur petit label (Tekini) pour sortir l'album avec l'aide de Lez'Art (Goo Goo Blown, Daisybox...) à l'automne 2008.

Interview : Manu, Manu dévoile son horizon (sept. 2019)

Interview : Manu, Manu entre deux bières (mai 2018)

Interview : Manu, Intervi OU : Patrick Giordano (déc. 2015)

Interview : Manu, Manu : la première interview (juin 2013)

Manu / Chronique LP > L'horizon

Manu - L'horizon "Un nouveau cap, une aventure, mais qu'est-ce qu'on peut dire dans une chanson", ces mots extraits du titre "L'horizon" peuvent résumer l'album éponyme. Pour savoir si c'est un nouveau cap, il faudra attendre la suite, ce qui est sûr, c'est que c'est une aventure. Parce qu'autour d'excellents morceaux tout à fait réfléchis et écrits comme Manu sait le faire, on trouve un tas d'idées qui sont autant d'explorations que de liaisons.

Une "intro" énigmatique, une "buée" démo, la "Kiara song" empruntée, un "Lia progreso" traficoté, "Le gardien" stressant, "Kid" qui prolonge "Lia progreso" comme dans un vieux jeu vidéo, une "fin" qui laisse un blanc, voilà quelques-unes des pistes que L'horizon nous propose, on met de côté les codes, on oublie les exigences supérieures du rock pour assembler des idées qui collent les unes aux autres et forment un tout. Et cet esprit ne se retrouve pas que sur ces courtes escapades, Manu croise sa voix avec le rappeur Yaz sur "Lalala" ce qui donne un très bon titre hip-pop (dont l'ambiance assez tendue me rappelle le "911" des Guns of Brixton). "Entre deux eaux" dont on connaît la version harpcello nous est présenté ici avec un aspect bien plus rock mais garde sa magie et un côté onirique qui en fait également un titre "à part". "La sonate" est encore plus "différent" avec pas mal d'électroniques, quelques mots de japonais (on y est davantage habitué) et un cheminement tortueux qui m'a perdu. Comme son titre l'indique, "Play" est majoritairement en anglais, là encore, Manu sait faire mais privilégie "normalement" le français, donnant à ce "Play" et à sa rythmique marquée un goût plus acidulé. Davantage de libertés sont prises aussi avec l'écriture, en témoigne "M'aime pas en rêve" où le son et l'ambiance dominent une idée fixe. Pour clore la partie déroutante, "76 points" s'écoute comme une expérience sensorielle avec des bidouillages, de l'anglais et des effets à foison.

Pour ne pas perdre le fil et lier le tout, on a des morceaux, qui auraient pu former un album à la couleur différente s'ils avaient été isolés de leurs petits camarades. Côté "classique", on est donc également servi, des titres plus aisément interprétables en live et accessibles forment ainsi une ossature solide. Une grosse basse qui conduit "Regarde" où la voix de Manu se masque derrière un de ses filtres préférés pour entamer ce titre lent mais entraînant qui associe clarté et effets, français et anglais, tout est mesuré, tout est plaisant. "Tout est écrit" pour "L'horizon", titre étendard qui annonce la couleur mais plutôt sage au regard du reste, rock et délicat, c'est du pur Manu. Petit saut dans le passé qui influence "Mordre la poussière", entêtant et dansant, il tranche avec ses voisins et balise la route. "Tout est parfait" est agrémenté de quelques samples mais sa base rock fait que je l'ai mis de ce côté-ci de la chronique... Le délicat et éthéré "A partir" également, la mélodie et le chant l'emportent sur les petits ajouts comme les claviers et les sifflements. La question se pose moins pour le survolté "Nino", Patrick apporte sa touche garage, ça swingue, c'est un peu psyché halluciné sur la fin mais c'est l'excitation qui l'emporte. "Moments doux" ramène la délicatesse et une ambiance ouatée très pop.

L'horizon ? Une fissure avec ce qui a précédé, un nouveau cap. L'horizon ? De nouvelles chansons éprises de libertés, Manu va où ses aspirations et la brise la portent. L'avenir est toujours devant nous, l'horizon peut bien s'embrumer ou s'éclaircir, il reste au loin et le chemin pour y arriver est infini, reste donc à profiter du voyage, celui de cet album est semé de curiosités et de sucreries qui ne peuvent se séparer les unes des autres, autant d'étapes dans un itinéraire tracé pour faire un maximum de découvertes.

Publié dans le Mag #39

Manu / Chronique LP > Entre deux eaux vol 1

Manu - Entre deux eaux vol 1 En 2016, Manu a goûté à la formule "Harpcello" à l'occasion de quelques premières parties d'un Dionysos plus folk que jamais, le concept a si bien fonctionné que la petite équipe a décidé de prolonger l'aventure en studio. A Manu et Patrick Giordano se sont greffés Christophe Saunière et Damien J. Jarry. Christophe est un harpiste de renom qui a bossé pour et avec les plus grands compositeurs (genre Pierre Boulez !) mais aussi Natalie Cole, Pierre Perret, Benjamin Biolay, Sinclair... Aussi à l'aise quand il joue pour John Williams que quand il œuvre avec ses groupes (Wunderbach, Peter and the Test Tube Babies, The Toy Dolls...), il fait désormais partie d'une formule qui livrera quatre albums studios et de nombreux concerts. A ses côtés Damien joue du violoncelle, participant lui aussi à de nombreux projets comme les groupes Republic of Rock'n Roll, Dual ou Fancy Tune Lab et les shows Odino ou Queen Concerto.

Avec des emplois du temps très chargés et un album électrique en préparation, le temps accordé à ce concept a dû être limité, le studio n'a été réservé que pour trois jours et seules trois prises "live" ont été réalisées. Avec le parti pris de rester le plus "naturel" possible, quitte à laisser des sons d'inspirations, de déplacement de doigts sur les cordes et carrément à ne pas couper la fin de la piste de "Goodbye" comme si c'était l'enregistrement d'un concert, on a tous en mémoire ces petits défauts des "Unplugged" de Nirvana ou d'Alice in Chains (le "Fuck" de Layne Staley qui arrête "Sludge Factory" !) qui ont été conservés pour les versions CD/DVD afin qu'on fasse réellement partie de l'aventure. On garde le même esprit ici, histoire de donner encore plus de chaleur à un disque qui n'en manque pas. La bonne ambiance qui se sent à la fin de ce titre est bienvenue car les mots de "Goodbye" n'ont pas changé et portent avec eux beaucoup de mélancolie, Manu explique d'ailleurs dans l'interview avoir voulu "se débarrasser" d'un titre un peu lourd pour gagner en légèreté ensuite. Car même si certains thèmes restent poignants (le superbe "L'hiver" et son cello déchirant), les notes de harpe, de sitar, de guitare incitent davantage à afficher des sourires ("Amaku ochiru") et à aller de l'avant ("Entre deux eaux").

Conceptuel, l'album qui inaugure donc une série de 4 volumes, répond à un cahier des charges précis qui "impose" la présence de titres issus des différents albums de Manu mais également des raretés (disponibles sur des EPs comme "You call my name") et toujours dans des versions différentes de celles déjà parues. Dans cette optique, le titre le plus remarquable est celui qu'on a le plus entendu, "Je ne veux pas rester sage". Il permet à Damien de s'illustrer avec une introduction intrigante et un final tonitruant. Le hit est bouleversé et nous avec, même constat sur la cover "Je suis déjà parti" (de Taxi Girl) où de nouveau, les instruments classiques prennent beaucoup de libertés et nous épatent. Sur un inédit, l'effet est différent car on peut penser que chaque instrument prend sa place, sur "A bout pas au bout", ils échangent/discutent comme le font Noël Mattéï et Manu et offrent une vision plus optimiste du morceau que celle plus sombre de son compositeur original (le titre est sur l'album de Noël Mattéï).

En écoutant ce Entre deux eaux vol 1, on comprend l'engouement et l'excitation de Manu à propos de cette formule qui dépoussière autant qu'elle met en lumière des mélodies et des textes archiconnus ou méconnus. Avec d'aussi bons débuts dans ce registre, on attend forcément plus des volumes suivants et surtout des concerts qui seront autant d'expériences sensationnelles.

Publié dans le Mag #33

Manu / Chronique LP > La vérité

Manu - La vérité La vérité ? Manu n'a jamais été aussi proche de Dolly. Les concerts, le travail "en groupe", l'anglais, le moyen de sortir une certaine énergie ? Peu importe les raisons de ce retour aux sources plus rock car même si on adore la douce Manu en version pop, on l'apprécie encore davantage dans un nuage distorsion survolée par sa voix cajoleuse.

Si la guitare n'avait jamais vraiment quitté les bras de Manu, la saturation n'avait jamais été aussi présente que cet opus, elle est omniprésente, seul un titre y échappe, c'est "Je pense à toi" et son dépouillement musical d'où émergent essentiellement les sons graves du violoncelle qui rappellent fatalement Apocalyptica. L'autre plage de calme, c'est "A quelqu'un", qui commence comme une complainte un peu résignée avant de peu à peu se transformer en fougueux élan électrique. Pour le reste de l'album, l'électricité est déjà à tous les étages avec l'envie d'en découdre plus frontalement et carrément de faire honneur à une vieille gloire du punk rock. Manu reprend en effet "Teenage kicks", le titre de The Undertones qui s'il est écrit à l'été 77, sort en 78 alors que les Sex Pistols ont braqué tous les regards sur un nouveau genre musical. Ce morceau est devenu un standard du punk grâce entre autres à ses nombreuses reprises (parmi les groupes qui se sont amusés avec le riff entêtant on peut citer les Buzzcocks, Ash, Skunk Anansie, Therapy?, Green Day, Supergrass, Rasputina et même les One Direction), ici, à part la voix, moins chevrotante, on reste très proche de l'idée d'origine avec un fond sonore un peu brouillon d'où ressortent les notes qui, avec la dynamique, font le sel du tube. Et si là, l'anglais s'impose, on le retrouve aussi par ailleurs ("Toi et moi", "Bollywood"), par bribes comme si la langue du rock venait s'incruster naturellement dans le français maternel de Manu ("Happy end nous restons dans le mood / Take my hand et serrons-nous les coudes ..."), comme une évidence. L'anglais n'est pas nécessaire pour donner du rythme et du punch, notre idiome peut aussi sonner et faire claquer les mots ("Un baiser dans le cou", "Comme un gant") comme leur donner une harmonie qui nous emporte avec force (et rappelle un peu plus Dolly, "La vérité", "Encore de moi").

La vérité ? Peut-être que la vraie nature de Manu refait surface, qu'il lui est impossible de calmer ses démons "de jeunesse", que le Rock est plus fort que tout et comme, finalement, il s'adapte parfaitement à ses volontés de douceur et de mélodie, le mélange détonne plus qu'il n'étonne. De toute façon, avec Manu, le charme agit toujours, quelque soit son arme.

Manu / Chronique EP > Tenki ame

Manu - Tenki ame Depuis "Suteki ni" (paru en 2008 sur Rendez-vous, ici dans sa version live de Rendez-vous à l'Elysée Montmartre), on connaît l'attrait de Manu pour le japonais, sa collaboration avec Suzuka Asaoka s'est poursuivie jusqu'à sortir à l'automne 2014 ce "japanese EP", huit pistes à réserver aux plus fans de l'ex-Dolly car il n'y a que trois vrais nouveautés... "Tenki ame" qui donne son nom à l'EP (et dont la traduction apportée dans le livret est "Soleil de pluie") est un titre très mélancolique où le chant n'est soutenu que par un piano et un violoncelle. Très délicat, on le retrouve en fin d'EP dans une version "harpe" peut-être encore plus belle. Un court remix façon valse moderne essaye de donner du rythme mais ce n'était pas forcément une bonne idée. "Mo jikikai", c'est la traduction de "J'attends l'heure", c'était beau sur La dernière étoile, ça l'est toujours, quelque soit l'idiome, la harpe apportant encore plus de chaleur, c'est un régal. Reste "Amaku ochiru" ("Douce chute"), plus rythmé et qui me parle moins, la faute à une ambiance "lounge" en mode normal, une ambiance électro "magasin de fringues à la mode" sur le premier remix et à la déstructuration trop intense d'Alif Tree sur le second.
Sans les remix, l'EP aurait été plus consistant, plus agréable à réécouter et aurait davantage fait honneur à ce très bel artwork.

Manu / Chronique LP > La dernière étoile

Manu - La dernière étoile Cinq années se sont passées depuis le premier Rendez-vous avec Manu, mais les premières notes de ce nouvel opus rouvrent rapidement la boîte à souvenirs. On constate alors que ses belles mélodies ("Tes cicatrices", "T'es bô t'es con", "Suteki ni"...) ne nous ont pas vraiment quittées et qu'elles viennent nous hanter en même temps que l'on découvre leurs petites soeurs.

Quelques murmures, quelques notes, un rythme qui monte, le petit instrumental "Oh dear !" donne les trois coups, son successeur immédiat "J'attends l'heure" n'en donne lui qu'un seul, mais un sacré coup ... de vieux ! Ambiance maison de retraite dépressive pour le texte, petites mélodies guillerettes tout en contraste pour la musique et la ligne de chant, Manu a le don de faire passer des instants fades comme des bonbons acidulés. Le thème est différent pour "Que fais-tu ?" mais l'idée reste la même, les mots sont ici dédiées à la jalousie alors que la rythmique cadencée va de l'avant et le ton semble insouciant. "La routine" des amants qui se manquent faute de prendre du temps continuent la course de l'album qui apprécie le mouvement et marque une première pause avec le titre éponyme "La dernière étoile". Très émouvante, Emmanuelle alourdit le tempo et partage une partie de son fardeau pour alléger son coeur, malgré la pluie de soleils, la solitude est sombre, ce titre rompt l'enchantement et plonge dans la triste réalité ceux qui se seraient laissés porter par les douces harmonies jusque-là. Mais ça pourrait être pire, tant qu'on ne perd pas le sourire, pour le garder, il suffit d'oublier, de travestir ses souvenirs, cette recette idéale pour rester heureux s'oppose à "A toute vitesse" où l'on revit et retient tout.

Musique, texte (de France Cartigny, comme pour "La routine" où la démoiselle fait également les choeurs) et chant sont à l'unisson, le peu d'allant laisse peu d'espoir et nous laisse bel et bien sur terre. La réponse donnée par Manu est la même que pour "J'oublie" : il faut prendre l'affaire "A la légère", comme ce petit gimmick à la guitare, on repart comme si de rien n'était... Pour aiguiser de nouveau nos oreilles, un peu d'anglais désabusé par des mensonges et un saxophone qui comme le sujet de la chanson la joue un peu perso ("Talk (about)"). La basse redonne du pep's et illumine de nouveau les yeux avec quelques jeux de mots à propos des maux que Manu rencontre (aussi bien lors d'une tempête sentimentale que pour écrire). Et à la fin, où se retrouve-t-on ? Au paradis bien sûr... Une douceur pleine de nostalgie où l'on se met à regretter les écorchures du passé.

La dernière étoile est un très bel album, contrasté, centré sur les souvenirs et les émotions, porté par des mélodies touchantes, un album à la fois personnel et à partager pour gagner en légèreté.

Manu / Chronique DVD > Rendez-vous à l'Elysée Montmartre

Manu - Rendez-vous à l'Elysée Montmartre 28 novembre 2009, Manu nous donne Rendez-vous à l'Elysée Montmartre pour jouer live son album, le concert durera presque 2h et sera capté par plusieurs caméras pour devenir un DVD... A peu près un an plus tard, on peut trouver le joli digipak avec non seulement ce concert en DVD mais aussi une version CD (amputée de 2 morceaux parce que la durée des CDs est toujours limitée à environ 1h20), un CD est très appréciable si on veut écouter le live ailleurs qu'avec un lecteur DVD (et que bon nombre de groupes ferait bien d'inclure avec leurs DVDs live). Les deux morceaux qui ne sont pas sur l'album sont les deux où Manu invite des amis (et des ballons) à monter sur scène pour le rappel : le tube "T'es bô t'es con" enrichi de la guitare de Manu Lanvin (oui, c'est le fils de Gérard) qui rend la pareille à Manu (qui était venue chanter sur son titre "Tout ou presque") et de la trompette de Benoît (Maximum Kouette et donc Maxi Monster Music Show) et l'inédit "Sourire cassé" où c'est Patrick Matt Giordano (et ses nouvelles cordes ?) qui vient placer quelques riffs, la vieille connaissance du rock et du jeu est un vieil ami de Nirox avec qui il a joué (il y a longtemps, bien avant Dawax) dans Les Bandits. Bref, pour le tube, le bel inédit et les guests de qualité, il faut mater le DVD ! Faut-il en parler ? Le son est bien entendu impeccable, tout comme les images et la réalisation qui bénéficie de la superbe lumière des shows de Manu. Rien à dire de ce côté là évidemment. Côté musique, on a en plus de superbes interprétations des morceaux de Rendez-vous dont un épique "Dans les yeux" (qui rappelle les envolées Dollyesques de "Régis" ou "Love and money") et pas moins de 5 inédits : "On refait tout" (l'occasion de jouer avec les mots et la disto), "Le ciel nous donne" (une douceur charmeuse), "Le jour est venu" (construit sur la basse de Ben), "Ne me demande rien" (le meilleur des cinq ? Enernique et mélodique à souhait) et "Sourire cassé" (long à démarrer puis trop vite terminé !).
En bonus, le DVD offre près d'une heure de vidéo autour de l'enregistrement de l'album à Carpentras avec en plus des prises du ping-pong, un barbecue, un petit gag... puis à La Chocolaterie (Paris) où on recroise forcément quelques invités (Manu Lanvin et Nikko y sont réalisateurs), où on est touché par "GoodBye" et où on révise son japonais ("Suteki ni"), au Studio de la Reine (Paris) pour le mixage et enfin quelques images live. C'est un cadeau assez sympathique, comme les photos ou le clip de "Tes cicatrices" et ses masques.
Fan de Dolly puis de Manu, ce DVD est à posséder absolument parce qu'en studio ou sur scène les deux visages d'Emmanuelle, sa guitare à fleurs et ses amis sont différents et complémentaires...

Manu / Chronique LP > Rendez-vous

Manu - Rendez-vous Bien que composé d'une moitié de Dolly, le projet de Manu est assez différent (ne serait-ce que la couleur de sa voix !), on avait un groupe de rock très électrique (Dolly !!!) qui tirait peu à peu vers la pop, en "solo", Manu est clairement pop même si elle se laisse parfois déborder par son énergie rock. Rendez-vous est donc très pop dans le sens où les titres sont simples, touchent l'auditeur dès la première écoute grâce à la voix sucrée de Manu qui sait comment nous accrocher mais aussi par de petits arrangements discrets mais efficaces. Quelques titres électrisent tout de même l'atmosphère, le superbe "Tes cicatrices" mais aussi "Cow-boy" et surtout "Sur mes lèvres" où la guitare monte en saturation et le rythme s'emballe, une composition qui rappelle la construction d'un "Régis" ou "Love and money" dans la gradation, ici, on s'arrête avant les cinq minutes et on enchaîne avec des notes très délicates et une voix caline ("Dis-moi un secret").
Les sentiments, le partage d'une vie à deux, la présence de son enfant, parfois l'ombre de Micka et la volonté d'aller de l'avant sont les principaux thèmes abordés dans des textes plus ou moins simples à décrypter (la pureté d'"Un beau jour" face aux quelques zones de mystère laissées par "Allée des tilleuls"). Manu offre une petite pépite en japonais avec le ravissant "Suteki ni", écrit par Suzuka Asaoka (une traductrice japonaise installée à Paris), c'est un morceau ultra dynamique qui sonne très bien dans une langue qu'on ne comprend pas et qui pourrait faire fondre les nippons même si ce n'est pas le but...
Manu continue donc son parcours artistique, fidèle à ses amours que sont la pop et le rock, la guitare et le micro, les mots et les accords, touchant les coeurs et les corps.