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Biographie > June.Tya

Tout commence en octobre 2002, avec la rencontre de Carla Pallone avec Julia Lanoë par l'entremise de Julia Pallone (la soeur de Carla). Vous me suivez ? Bref, les deux jeunes femmes (Carla P. et Julia L.) montent leur petit groupe (de par la taille) Mansfield.Tya. "Mansfield" en référence à June Mansfield (femme de Henry Miller) et "Tya" juste comme ça, "pour rien" disent les intéressées. Installé à Nantes, le duo sort un 8-titres autoproduit, un maxi May, participe à quelques compils (Ada, Inrockuptibles, .) et monte une cinquantaine de fois sur scène pour faire partager son minutieux travail. Mais tout cela, c'était avant la sortie il y a un an déjà de June (toujours pour June Mansfield), ce premier album de chansons écrues et vibrantes que Carla et Julia ont mis sur pieds. Depuis, le groupe a participé à une belle tournée (en passant par Le Cabaret Vert) et continue actuellement de défendre les couleurs de June à travers la France mais aussi la Tchéquie ou l'Allemagne.
Se partageant le jeu du piano et usant toute les deux de l'harmonium, les jeunes femmes ont tout de même des instruments de prédilection. Le chant et la guitare sont occupés par Julia alors que Carla étreint son violon et participe aux choeurs.
27 novembre 2006, en guise d'intermède avant la préparation d'un nouvel opus, June bénéficie d'une réédition augmentée d'un maxi-CD intitulé Fuck.
Février 2009, le duo sort Seules au bout de 23 secondes via Vicious Circle et la version vinyl (augmentée de 2 titres) voit le jour grâce à Kythibong Records.

Interview : Mansfield.Tya, Mansfield.ITW (août 2009)

Mansfield.Tya / Chronique LP > Corpo inferno

Mansfield.TYA - Corpo Inferno Toujours en course, le duo Mansfield.Tya a sorti à la rentrée 2015 son quatrième album, soit dix ans après leur début discographique réussi avec l'excellent June avec lequel j'ai découvert le groupe. Que le temps passe vite. Depuis, je n'ai que très peu pris le temps de suivre Julia et Carla jusqu'à récemment avec la sortie de ce nouveau disque nommé Corpo inferno, chaleureusement recommandé par une amie. Bien que la méthode de composition change à chaque fois, la formule sonore bigarrée des Nantaises n'a, à quelques nuances près, pas prise une seule ride. On navigue toujours dans un univers varié qui oscille entre chanson française, folk, électro pop, techno, baroque et dans lequel s'immiscent des indéracinables petites comptines dont elles seules ont le secret.

La première écoute intégrale de la galette ne déçoit pas, à défaut de prendre une claque. Comme à l'accoutumé avec ces Nantaises, on a toujours cette précieuse et agréable sensation de ne pas tout avoir saisi sur leurs intentions. Et puis, plus le processus de découverte s'affine, plus les émotions procurées par les ruptures de styles et les arrangements électroniques et acoustiques s'amplifient. On ne peut que s'incliner devant des petits bijoux sonores comme "La fin des temps", titre d'une profondeur inquiétante mais éblouissante, ou la cadencée "BB" qui fait œuvre de triturations électro. En somme, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec Mansfield.Tya tant le télescopage entre ombre et lumière est prégnant.

Les voix vêtues de nonchalances et d'effronteries qui résonnent dans ce Corpo inferno, rendent hommage aux écrits de plusieurs belles plumes de la langue française tels que Victor Hugo ("Les contemplations" où l'on trouve un extrait de son poème "Je respire où tu palpites") ou Proust, et savent s'effacer un peu comme sur "Loup noir". Sur cette dernière, c'est l'américaine Shannon Wright copine du label Vicious Circle, qui vient poser sur le sillon une délicatesse vocale familière accompagnée d'un clavier feutré et de violons portant la chanson vers un sentiment d'affliction. Tout le contraire de "Palais noir", le titre suivant à l'accent tapageur.

Composé dans leur studio à Nantes en 3 mois, Corpo inferno a étonnamment le don de se faire adopter assez aisément. Avec son lot de compositions attendrissantes ("Gilbert de Clerc", "Le monde du silence") et des textes que l'on peut s'approprier, le tout avec une prise totale de liberté et de risque, Mansfield.Tya tape encore dans le mille 4 ans après le très recommandable Nyx.

Mansfield.Tya / Chronique LP > Seules au bout de 23 secondes

Mansfield.Tya - Seules au bout de 23 secondes Intrépides, délicates, irrésistibles, délicieuses, impétueuses, déterminées, insouciantes : Julia et Carla sont tout cela à la fois, et certainement plus encore. Mais on le savait déjà. A travers Seules au bout de 23 secondes, le duo conserve ses caractéristiques tout en les affirmant, a pris le malin plaisir de les nourrir (au sein, serait-je tenté de dire), de les associer brillamment afin de les élever au rang de joyaux inaccessibles. Vous me voyez déjà venir avec mes gros sabots : cet album est magique, splendide, sans anicroche, accompli, complet et intense.
Sans se standardiser ni se banaliser, Mansfield.Tya a gagné en charisme, d'abord par une production offrant une saisissante profondeur aux compos sur tout l'album, en accordant une nouvelle fois une place de choix aux textes (signés en français et en anglais) et par un travail remarquable d'équilibriste entre les constructions tendues ("Silver silences II") et mélancoliques ("My lover is gone"), évoluant parfois au cœur d'un même morceau ("You're the woman"). Mansfield.Tya créer des espaces où la fébrilité avoisine la folie ("Je ne rêve plus"), laisse une place au baroque et attachant "Dé-programmé", à la sublime envolée de "Wasting my time", lorsque le duo ne se révèle pas intégralement tempétueux (l'exercice de style "So long") ou plongé dans un coma captivant ("Why not die together").
On sirote tendrement cet enchevêtrement de fausses comptines, on est aux anges quelque soit le terrain abordé par le duo, on a pas de mal à succomber aux couplets "Votre tête est un tombeau ou une cage de soucis, puis-je vous ouvrir le crâne ma chère amie ?" ou "Je ne rêve plus, je ne fais que pleurer, comme une malade mentale qu'on aurait pas soigner" tour à tour scandés, chantés ou chuchotés par des voix dont on ne peut se détacher. Et si le ton est grave, Carla et Julia savent aussi nous arracher de petits sourires par l'usage de piques à tendances drolatiques (par le biais des instruments) ou... en ne débutant qu'au bout de 23 secondes le titre éponyme placé en toute fin tracklist.
Histoire de parachever le parfait tableau de Seules au bout de 23 secondes, frétillante série de pépites piochant entre folk, pop, indie, lo-fi, rock et influences soul et bluesy, il ne reste plus qu'à écrire que l'objet a bénéficié du concours de Vicious Circle (Elysian Fields, Calc, Men Without Pants,...) pour son édition CD et de Kythibong Records (Fordamage, Argument, Belone Quartet,...) pour l'édition vinyl augmentée de 2 titres, elle.

Mansfield.Tya / Chronique EP > Fuck

Mansfield.Tya : Fuck Composée d'une reprise, d'un titre inédit, de deux morceaux extraits du ciné-concert Un chant d'amour, de trois versions lives de titres présents sur June, et d'une piste non identifiée dans la tracklist, Fuck est une micro-compilation avant l'heure de "raretés, faces-b et inédits".
L'audace est au rendez-vous de cet entremet proposé par les nantaises. Tout d'abord l'audace de reprendre Dominique A ("En secret") car si je ne connais pas le morceau original, on sent bien que Julia et Carla y ont mis du coeur, loin de passer l'exercice avec désinvolture. On trouvera "I love you goodbye" -musicalement, rien à voir avec "I love you fuck off" de Lucrate Milk mais je ne peux m'empêcher d'y penser, d'autant plus que ce maxi se nomme Fuck !- inédit, pour l'heure, au bataillon des titres publiés par Mansfield.Tya. A l'image de la démonstration faite avec chacun des titres de June, les 90 secondes de "I love you goodbye", sont d'un lyrisme léché et d'une pureté irrésistible. Aussi le duo est audacieux en plaçant des extraits d'Un chant d'amour, ciné-concert autour de Jean Genet et de la mise en musique de ses textes. Le morceau éponyme et instrumental servant d'ouverture au maxi, transmet des émotions uniques grâce aux frémissements des cordes des instrumentistes. Et c'est avec tact que le groupe dévoile "La cour de l'Est" (texte de l'écrivain chanté par Julia) sur lequel le duo a apposé une guitare très prenante.
Pour couronner le tout, deux de mes titres préférés de June ont été retenus pour figurer ici en version live ! Je parle de "Mon amoureuse" (suivi d'une dizaine de minutes de blanc) et "The day goes pale". Se trouve aussi "One million eyes". Dans chacun des cas (les deux derniers capturés lors d'une "White session" de Bernard Lenoir en mai denier), l'interprétation et l'enregistrement sont tout aussi réussis, respectueux des ambivalences développées par le groupe.
Ultimes instants sonores en compagnie des deux belles, un titre bonus, une partie de piano d'à peine plus d'une minute clos le disque, symbolisant un intermède entre June et le futur opus de Mansfield.Tya.
Accompagnant la réédition de June mais aussi disponible seul auprès du groupe (concerts et VPC), ce Fuck est un doigt levé qui permet de faire les cent pas avant de prendre une nouvelle fois son pied en compagnie de Julia et Carla.

Mansfield.Tya / Chronique LP > June

Mansfield.Tya : June Fragile comme le papier qui compose le livret, la musique que Mansfield.Tya a choisi de propager est délicate, épurée et aussi très touchante. C'est un peu comme si elles nous faisaient siroter des comptines presque enfantines ("Et demain déjà"), réalistes ("Tes faiblesses") ou plus cruelles ("Pour oublier je dors"). Chantés par la voix on ne peu plus claire et presque timorée de Carla, les textes (alternativement en anglais et en français), qui savent se faire poignants ("One million eyes"), font mouche en s'alliant à l'alchimie qui se dégage des compositions.
Délicieusement écorchées, les Nantaises peuvent être charnelles, osant créer le malin malaise de "Mon amoureuse", établissent un témoignage à fleur de peau ("Tomorrow") ou laissent même transpirer un rock sous-jacent ("The shout of rain"). On s'arrêtera aussi devant l'intime reprise de Léonard Cohen, en l'occurrence le vibrant "For you", qui ne perd rien de sa sobriété. Mansfield.Tya nous montre qu'elles ont plus d'une corde à leur arc en envoyant "Doesn't matter who you are" glisser vers une pop sucrée/salée et expédiant avec justesse "The day goes pale" sur une piste pop-folk réconfortante. C'est avec "Bella done" et une certaine mélancolie que le disque se referme, laissant pour ultime trace sonore une piste instrumentale dense qui invite davantage à l'introspection.
Bien en marge de cette "nouvelle scène française" moribonde et de moins en moins pertinente, les instigatrices de Mansfield.Tya ont fait de June un album frémissant, large dans la gamme des émotions transmises. Si Mansfield.Tya semble petit par sa taille, Julia et Carla font bien partie des plus grandes, de par leur talent !