Mansfield.Tya : June Nos lecteurs (entre autres) commencent à vous connaître grâce à vos disques mais pouvez-vous néanmoins vous présenter succinctement ? Et en profiter pour nous expliquer le pourquoi du comment de la création de Mansfield.TYA.
Julia : Je vais plutôt te parler des vacances. On revient juste de Grèce (juillet 2009) c'était vraiment bien. On a carrément bronzé sur la côte du Péloponèse. Et même découvert une plage paradisiaque un peu comme dans ce film avec Di Caprio. Carla était déjà allée à Monenvassia tout en bas, mais c'était si joli qu'on y est retournées. Si tu veux, je peux t'envoyer des photos bien ratées. (On passe notre temps à rater les photos de vacances c'est notre hobbie avec le Snorkling.)
Carla : Mansfield parce qu'en plus de tout ça, nous aimons la musique et la faire ensemble. Se nourrir de ce que nous vivons pour l'exprimer en jouant. Et vu que notre chère Julia parle des vacances, je n'ai qu'à dire les évidences !

Au sujet du nom de votre association, nous croyons savoir que "Mansfield" est dû à June Mansfield. Mais à quoi correspond ".TYA" ? Parce qu'il y avait une musicalité avec Mansfield ?
J : Souvent quand on nous pose des questions auxquelles nous ne voulons pas répondre, on parle d'autres choses, des trucs qu'on à envie de dire mais qu'on ne nous demande jamais ! En même temps c'est un peu normal que tu ne me demandes pas comment étaient nos vacances en Grèce !!! T'es pas sensé savoir qu'on était en Grèce !! Si tu le savais ça me ferait flipper que tu le saches ! Ça pourrait vouloir dire 2 choses : soit que tu es un psychopathe qui nous poursuit et fouille dans notre vie, soit qu'on est connues au point que les gens connaissent notre calendrier. Pour être franche, je ne souhaite aucun des 2.
C : Mansfield on avait décidé et TYA on l'a gardé. Même s'il faut choisir (sinon notre nom ferait deux lignes maintenant), l'idée de ne pas évincer toutes les erreurs me plait. "TYA" voulait dire "The Yeat's Album", parce qu'au début nous chantions ses poèmes. C'était le nom de notre premier enregistrement. Suite à un malentendu, les initiales sont devenues partie du nom et peuvent signifier plein d'autres choses.

Musicalement, de qui vous sentez-vous le plus proche ?
J : C'est parfois difficile pour moi de ne citer que 2 ou 3 personnes, et puis il y a aussi souvent le coté affectif qui rentre en compte : les amis dont je suis fan et les fans dont je suis l'ami. J'aime vraiment vraiment le dernier album de Belone Quartet (1802) et je crois que même si je ne les connaissais pas je répondrais ça. J'aime aussi Arvö Part, Adult, Kap Bambino, The Cure et Battant. Mais bizarrement je ne pense pas que mes goûts musicaux soient audibles dans notre musique.
C : Le plaisir de reconnaître. Cela me fait penser que j'aime la musique baroque mais que je n'en écoute pas en ce moment et que cela me manque parfois. Mais découvrir encore cela me rassure et me donne des idées. X-Ray Spex 'faut que j'écoute plus par exemple.

Avant d'en venir à votre actualité, jetons un coup d'oeil dans le rétroviseur... Vous n'avez pas trop galéré pour en arriver à la sortie de June, votre premier album ? Agir en binôme sur le terrain qui est le vôtre est assez dangereux. Cela n'a peut-être pas été évident de se faire "repérer".
J : Ohhh le monde de la musique est chiant. Mais la musique ne l'est pas.
C : En parlant de retro je commence bientôt les cours de moto !

Mansfield.Tya : Fuck Sur Fuck, on apprend que vous avez participé à la musique d'un ciné-concert autour de l'écrivain Jean Genet. Cela a été une expérience enrichissante pour vous ? Et êtes-vous prêtes à la réitérer ou à tenter un autre type de collaboration (enregistrement avec orchestre, chorale, que sait-je encore...) ?
J : Le ciné-concert sur "Un chant d'amour" à été une superbe expérience. D'abord parce que ce film de Jean Genet est merveilleux et puis parce que faire 30 minutes de musique sans foutre tout le film en l'air ça à été autant difficile qu'intéressant. La majeure partie du temps nous sommes restées instrumentales mais, à 2 reprises, nous avons tenté de mettre en musique des poèmes de Genet ("La cour de l'est" qu'on retrouve sur Fuck et "The day goes pale" qui est une traduction et une extrapolation d'une autre de ses poésies). Pour ce qui est de la suite, nous avons prévu une collaboration avec une compagnie de danse, un spectacle qui je l'espère sera autant présenté dans des salles accueillant généralement des danseurs, que dans des salles de concerts. Le thème de ce spectacle sera "La normalité" mais au-delà de ça nous avons envie de proposer quelque chose qui puisse décloisonner le monde du spectacle Français parfois vieillot. Et puis aussi dans quelques semaines, un travail avec un autre groupe qui s'appelle Narrow Terence, là sans doute on va faire du rock pour Rocker !

Si on regarde l'impressionnante liste de concerts que vous avez assuré les années passées, si il ne fallait en garder qu'un, lequel serait-ce ? Si ce choix est trop cornélien, quel serait votre meilleur souvenir (ou anecdote.) à raconter ?
J : Hummmm . J'ai soudainement Alzheïmer !

On dirait que vous avez pris le temps pour mettre au jour Seules au bout de 23 secondes, c'était volontaire de votre part ou le fruit de déconvenues ? Ou je fais fausse route ?
J : Les 2. On ne voulait pas enregistrer en 10 jours comme le premier. On a maintenant un studio au bord de la mer "Sylvestre & Maucotel" où on peut rester le temps qu'on veut pour enregistrer, composer, ou nager.

Mansfield.Tya - Seules au bout de 23 secondes Seules au bout de 23 secondes est sorti chez Vicious Circle pour son édition CD et la version vinyle chez Kythibong Records. Par quel moyen êtes vous entrées en contact avec ces labels réputés de la scène indé ?
J : On aimait Vicious, on lui a demandé. Kythibong ce sont des amis, du coup on les a forcés.

L'album est sorti depuis près de 6 mois maintenant, quel accueil a-t-il reçu ?
J : J'en sais rien.
C : S'adresser à Guillaume pour cette question ! Ceci dit les concerts se passent bien et nous aimons ça !

Trouvez-vous que votre deuxième album vous a poussé à évoluer ? Si oui, sur quels points ?
Oui bien sûr. Déjà sur la partie "enregistrement" dont on parlait plus haut. On s'est permis de rajouter énormément de pistes pour essayer, quitte à les enlever après. On a voulu faire un album plus "studio" que pour le premier qui était vraiment le reflet du live. Du coup on a aussi pris le temps d'inviter des gens comme Vale Poher ou Antoine de Belone Quartet. Même si le résultat de Seules au bout de 23 secondes est encore assez épuré .

Qu'est-ce qui vous incite à écrire ? Car on sent chez vous qu'une large place est accordée à la poésie, parfois mélancolique, mais aussi un certain sentiment de gravité est palpable. Je trouve qu'une "texture" sombre, presque malsaine, d'ailleurs plus appuyée sur Seules au bout de 23 secondes que sur June, est perceptible autant par les instruments que les textes.
J : Nous sommes très attentives aux textes évidemment, nous savons que cela peut passer pour être une écriture angoissante mais nos albums sont simplement le reflet de nos vies.
C : Il n'y a rien de solennel ou grave. Nous essayons simplement d'être sincères. Après forcement, je veux bien admettre que le violon a vite une connotation mélancolique qui renforce certain propos, mais l'idée est en général d'exprimer une émotion quelle qu'elle soit.

Justement au sujet des textes, vous employez aussi bien l'anglais que le français sans que cela ne fasse tâche. C'est une nécessité pour vous de ne pas s'enfermer dans l'usage d'une seule langue ?
J : Ça nous a semblé naturel pour exprimer tel ou tel sentiment, la langue est comme un instrument, parfois plus adapté en anglais d'autres fois en français. Malheureusement nous ne jouons que de ses 2 là, j'aurais aimé jouer de l'allemand et du japonais aussi, qui ont de belles musicalités.

Mansfield.TYA sonne tour à tour pop, lo-fi, chanson, rock, blues, le tout ponctué de petits exercices de styles alors que vous n'êtes "que" deux à animer le groupe. Comment arrivez-vous à vous renouveler de la sorte ? Et, de surcroît, vous y parvenez sans sombrer dans le mièvre et superflu.
J : Carla est très attentive aux mièvreries, elles sont analysées et directement éliminées de manière définitive et radicale. Moi je gère tout ce qui est superflu.
C : Merci. J'ai très vite peur du culcul !

Mansfield.TYA live Mansfield.TYA live Une jolie tournée vous attend cet automne. Impatientes de reprendre la route ?
J : Oui, beaucoup, j'adore jouer. Nous voulons d'ailleurs proposer un concert "tout en tension" pour la rentrée, avec un jeu de jambe sur le fil du rasoir.

Est-ce que Mansfield.TYA caresse un rêve ? Faire la première partie d'un artiste ou groupe légendaire, enregistrer avec un titre avec un invité particulier, ...
J : Je caresse mon chat et c'est déjà bien ! Non je ne rêve à rien de ce genre. J'espère ne pas avoir à jouer avec Tryo !

Quels sont vos derniers coups de cœur en date (musique, littérature, cinéma, ou autre ...) ?
J : Marguerite Duras : "La vie matérielle", "Rome" : la saison I (je ne suis que là... mais j'adore "Dexter" aussi ! ), "Snorkling Magazine" en été et "Ski Magasine" en hiver.
C : "Aguirre", "Träume" de Francoise Hardy dans "Gouttes d'eau sur pierres brulantes" de Ozon, "Deathproof" de Tarentino, la Volvo Break P1800, la plage de galet blanc de Fokianos, le col de Mont Cenis dans les alpes, les salades grecques, le temphé et la Susuki SV !

Enfin, la sempiternelle question de routine avant de se quitter : quelle est la question à laquelle vous auriez aimer répondre ?
J : J'ai déjà répondu ce que je souhaitais, sans me soucier de tes questions !