Mansfield.Tya - Seules au bout de 23 secondes Intrépides, délicates, irrésistibles, délicieuses, impétueuses, déterminées, insouciantes : Julia et Carla sont tout cela à la fois, et certainement plus encore. Mais on le savait déjà. A travers Seules au bout de 23 secondes, le duo conserve ses caractéristiques tout en les affirmant, a pris le malin plaisir de les nourrir (au sein, serait-je tenté de dire), de les associer brillamment afin de les élever au rang de joyaux inaccessibles. Vous me voyez déjà venir avec mes gros sabots : cet album est magique, splendide, sans anicroche, accompli, complet et intense.
Sans se standardiser ni se banaliser, Mansfield.TYA a gagné en charisme, d'abord par une production offrant une saisissante profondeur aux compos sur tout l'album, en accordant une nouvelle fois une place de choix aux textes (signés en français et en anglais) et par un travail remarquable d'équilibriste entre les constructions tendues ("Silver silences II") et mélancoliques ("My lover is gone"), évoluant parfois au cœur d'un même morceau ("You're the woman"). Mansfield.TYA créer des espaces où la fébrilité avoisine la folie ("Je ne rêve plus"), laisse une place au baroque et attachant "Dé-programmé", à la sublime envolée de "Wasting my time", lorsque le duo ne se révèle pas intégralement tempétueux (l'exercice de style "So long") ou plongé dans un coma captivant ("Why not die together").
On sirote tendrement cet enchevêtrement de fausses comptines, on est aux anges quelque soit le terrain abordé par le duo, on a pas de mal à succomber aux couplets "Votre tête est un tombeau ou une cage de soucis, puis-je vous ouvrir le crâne ma chère amie ?" ou "Je ne rêve plus, je ne fais que pleurer, comme une malade mentale qu'on aurait pas soigner" tour à tour scandés, chantés ou chuchotés par des voix dont on ne peut se détacher. Et si le ton est grave, Carla et Julia savent aussi nous arracher de petits sourires par l'usage de piques à tendances drolatiques (par le biais des instruments) ou... en ne débutant qu'au bout de 23 secondes le titre éponyme placé en toute fin tracklist.
Histoire de parachever le parfait tableau de Seules au bout de 23 secondes, frétillante série de pépites piochant entre folk, pop, indie, lo-fi, rock et influences soul et bluesy, il ne reste plus qu'à écrire que l'objet a bénéficié du concours de Vicious Circle (Elysian Fields, Calc, Men Without Pants,...) pour son édition CD et de Kythibong Records (Fordamage, Argument, Belone Quartet,...) pour l'édition vinyl augmentée de 2 titres, elle.