Madame Robert c'est peut-être ta prof de français en Seconde 12, c'est peut-être le surnom de la vieille péripatéticienne qui squatte le rond-point à la sortie de l'autoroute, c'est peut-être la femme de Paul qui a réinventé le dictionnaire, c'est peut-être un hommage au relief thoracique de certaines ou encore le titre d'un morceau de Nino Ferrer, l'artwork laisse penser qu'il faut mettre une pièce au moins sur les deux dernières propositions. Madame Robert c'est à coup sûr un groupe de musiciens que tu connais déjà un peu pour certains... Au chant, Reuno, celui deLofofora mais aussi de Mudweiser et une des pièces maîtresses du Bal des Enragés où il a côtoyé Xa (batteur de Parabellum ou de Punish Yourself) et Stef (bassiste des Parabellum ou du Harvest Blues Band). Partageant leur amour du blues autour d'une bière, il leur est venu à l'idée de monter leur groupe pour honorer les racines du rock. Julien, guitariste avec Stef chez HBB, rejoint le combo à qui il ne manquait qu'un clavier pour restituer ce son chaleureux indispensable, et c'est Léa, qui joue des fois seules et parfois en invité avec les blueseux, qui décroche la timbale. Comme une évidence, c'est le label de Lofofora et du Bal des Enragés, à savoir At(h)ome, qui s'occupe de la naissance du beau bébé (on ne dit pas gros quand c'est un bébé) en ce mois de septembre...
Madame Robert
Biographie > Mme Robert
Interview : Madame Robert, Monsieur Reuno (mai 2024)
Madame Robert / Chronique LP > C'est pas Blanche-Neige ni Cendrillon
Tu veux faire la fête tout le week-end ? Rigoler ? Passer un bon moment avec des vrais gens ? Alors, tu as deux solutions, soit tu viens chez Madame Robert pour boire un coup et enflammer la piste de danse avec ton meilleur déhanché, mais on est dans un album de blues rock ! Soit tu te dégotes une bonne adresse comme Le Cheval Blanc à Wazemmes (un quartier dans le Sud ... de Lille) où tu risques de retrouver cette ambiance. Comme on ne peut pas inviter tout le monde au restau, on te propose juste une virée au comptoir de Madame Robert avec C'est pas Blanche-Neige ni Cendrillon.
10 chansons, 10 histoires, 10 titres portés par la voix la gouaille de Reuno à la fois moqueur ("Parisien") et charmeur ("Presley"), 10 tracks rhythm and blues aux racines américaines qui respectent le son du rock (ce délicieux orgue Hammond), 10 raisons de changer de son quotidien post-metal, néo-punk, brit-pop ou hardcore. Parce que je ne vais pas te mentir, ce genre de rock est assez peu présent sur mes étagères donc c'est une belle bouffée d'airs frais que je me prends quand je lance la galette. Les notes fusent, ça groove encore plus que sur le premier opus, en partie parce que le groupe a pris goût à voir son public suer et en partie par le jeu de Fabien, leur nouveau batteur qui est également à l'œuvre chez Little Odetta, ne reste donc qu'à ajouter quelques guitares, un clavier, quelques chœurs féminins (voire plus sur "A ciel ouvert" par exemple) et le temps défile à toute vitesse. En plus de nous divertir au son d'un rock old school, Madame Robert a des textes sur lesquels il faut prêter attention, soit parce qu'ils nous racontent des histoires ("La fille du Dr Jekyll", "Les dancefloors") soit parce qu'ils portent des messages ("L'effet pervers" ou l'excellent "Toutarien" qui nous fait réfléchir avec quelques lignes humoristiques comme Sans perchoir à quoi serviraient les canaris et sans la mort aimerais-je autant la vie ?).
Il y a donc de bonnes idées sur toutes les étagères de Madame Robert, tu peux demander ce que tu veux, aussi bien de bons riffs que de belles mélodies, autant de jolis sons que du groove, avec ou sans glaçon, au comptoir comme en salle, tu seras servi.
Publié dans le Mag #61
Madame Robert / Chronique LP > Comme de Niro
"Comme de Niro" (Robert de son prénom au cas où t'aurais pas fait le rapprochement) ouvre le bal, on savait avec la pochette qu'on ferait un saut dans le passé, ça se confirme de suite avec ce goût seventies des instrus et la gouaille de Reuno pour sublimer ce projet blues/rock/boogie/rockabilly selon les tempos et les sonorités et on y reste pour quatorze titres qui sortent bien tous du même tonneau même si quelques-uns se distinguent davantage. Côté références, je suis un peu paumé alors je ne citerais que Paul Personne et Dick Rivers car oui, Madame Robert chante en français et brouille ainsi toutes les pistes américaines. Plutôt légers, les textes abordent la vie quotidienne ("Mieux avant", "Blabla"), dessinent des personnages ("Nabab", "Captain"), laissent un peu de place à l'humour ("Comme de Niro" et sa rime chat-oyante) comme à l'amour ("Derrière la porte" et sa rime baudelairienne) et évitent même de devenir trop sérieux quand il faut saluer leur vieux camarade ("Schultzy blues"). Côté instrumentations, c'est peut-être un peu trop académique, comme si le groupe ne voulait pas outrepasser les règles du genre et s'en tenir aux immuables codes qui exigent quelques chœurs, quelques appuis de clavier et pas trop de guitare. Dommage car j'apprécie davantage les titres (comme "Papa Legba") où la bande se lâche un peu plus.
Attachante, sympathique, divertissante, atypique, Madame Robert surprend l'auditeur que je suis, moins habitué à ce genre musical, un album qui ne sera peut-être qu'une parenthèse, une autre forme de récréation mais qui a été réalisé avec sérieux, envie et passion.
Publié dans le Mag #34



