Madame Robert Madame Robert qui pose derrière un comptoir, vous n'avez pas eu peur de la Cancel culture ?
Quand je regarde notre pochette, je vois une femme magnifique avec une attitude fière qui suggère une personnalité affirmée. En peut-être un peu moins sympa au premier abord, ma grand-mère était ce genre de femme derrière son comptoir et inspirait un profond respect à ceux qui entraient dans son bar. Divina Boom, notre égérie, était absolument ravie d'incarner une patronne de bistrot.
Même si sur la photo, on a retourné les bouteilles d'alcool pour s'éviter des "problèmes" avec l'Arcom, je n'ai jamais eu peur de la censure et encore moins de la "cancel culture", à part de celle qui a consisté à effacer les minorités et les femmes des livres d'histoire ou des manuels scolaires durant des siècles. J'ai l'impression que ce terme, comme celui de "wokisme", sont surtout des épouvantails utilisés par les réactionnaires crispés sur leurs positions pour discréditer ceux qui luttent pour l'égalité des droits, des salaires, des chances....

Afficher autant les inspirations seventies, c'est pour le clin d'œil ou c'est une évidence ?
Comme notre domaine de prédilection se situe autour du rhythm 'n' blues, de la soul et du rock 'n' roll, il va de soit que la période de référence se situe principalement entre 65 et 75. Ce qui ne nous empêche pas d'appuyer nos références par quelques clins d'œil. C'est plus conscient pour ce qui est des paroles... les instrus se construisent surtout en répète, au feeling avec beaucoup de jam.

Est-ce que l'on peut dire que Madame Robert, c'est le "peuple" ?
Bien populistes ceux qui se prétendent être "le peuple" ou sa voix, et on ne mange pas de ce pain rassis. Madame Robert, c'est juste une bande de potes dont la seule volonté est de faire, sans prétention mais avec passion, une musique qui colle la banane et qui fait remuer les fesses le plus souvent avec légèreté.

Donc le titre de l'album n'est-il pas une volonté de montrer l'opposition entre la réalité et une élite ou tout au moins un monde déconnecté ?
Vous pouvez répéter la question ??? (rires) Le titre est extrait de la chanson "Chez Madame Robert". On avait pensé à un titre long comme un clin d'œil aux titres à rallonge des films de Audiard père, du genre "Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages" ou "Comment réussir quand on est con et pleurnichard", finalement on a fait assez court. Le seul message que l'on peut y voir, c'est que nous vivons une époque où les modèles féminins sont enfin en train de changer et nous sommes les premiers à nous en réjouir, même s'il y a encore du gros boulot à faire.

Après De Niro, vous n'avez pas voulu un nom d'album avec Mitchum ou Redford ?
On avait pensé à "Comme Hue" à un moment... Mais comme on préférait éviter les questions politiques dans les interviews...

Le fait de chanter en français fait que l'on peut trouver des références chez de grands rockers francophones, est-ce que c'est votre principale inspiration ou il faut davantage aller chercher les "vieux" Américains ?
On ne se demande pas vraiment qui ou quoi nous influence le plus à quel moment. Ça toujours été un malin plaisir pour moi de ne jamais faire de la musique de puriste et aussi de laisser transparaître mon goût pour un certain volet de la chanson française. Mis à part notre guitariste qui n'écoute que les Stones, avec les copains, nous écoutons bien trop de choses différentes pour pouvoir définir quelles sont celles qui vont alimenter une chanson ou une compo.

Madame Robert C'est pas Blanche-Neige ni Cendrillon Il y a un gros travail pour le son qui est un marqueur du style, vous avez des demandes particulières en terme de production ?
C'est à Bruno Preynat qui avait déjà mixé notre premier disque que nous avons confié l'enregistrement et le mix de celui-ci afin d'emmener plus loin son travail et notre son par la même occasion. Les instrumentaux de 13 titres ont été enregistrés live sur 6 jours en très peu de prises. Comme mes potes sont des cadors et qu'ils en sont capables, ça permet de garder de la spontanéité dans l'interprétation, dans l'énergie d'un morceau. On avait envie d'une couleur de son assez "à l'ancienne", mais avec un traitement et une patate assez actuelle. Il a trouvé une façon de rendre tout ça cohérent. Et puis, le petit plus qui fait aussi la différence, c'est la participation de Hawa, chanteuse du groupe Da Break aux chœurs qui a fait un travail qui nous enchante.

Entre la pandémie et le changement de line-up, y a-t-il eu des moments de découragement, genre "on laisse tomber" ? Ou alors cela n'a pas effleuré vos esprits ?
Des grands moments de doute, oui, mais on aime trop Madame Robert pour l'abandonner sur une aire d'autoroute.

Je trouve cet album plus groovy, c'est du fait du nouveau batteur ou c'est une volonté collective ?
On a vraiment découvert le potentiel et ce qui nous régalait le plus avec Madame Robert lors de la première tournée. On s'est vite rendu compte qu'on prenait tous un grand plaisir à voir le public danser avec la banane, et comme notre musique à une prédisposition naturelle pour cette pratique, cela nous est venu tout naturellement pour les compos du deuxième.

Le clip de "Chez Madame Robert" fonctionne plutôt bien, qu'est-ce qui explique ce succès alors que les vidéos plus anciennes étaient bien aussi ?
On avait un seul clip sur le précédent. Celui ci est fun, il s'est fait comme le reste à base de rencontres et de bonnes volontés en une journée. Romain Perno et son équipe ont géré grave. Les potes qui ont participé se sont avérés être doués en comédie et tout s'est passé dans une ambiance très cool. J'imagine que c'est plus le travail de notre label qui est responsable de son succès, tout à fait relatif tout de même, mais encourageant ma foi.

Il n'y a pas encore de concerts d'annoncés, les festivals ont déjà bouclé leur prog', l'été sera calme ?
Trois dates sont tombées pour la fin aout, mais c'est vrai qu'à notre grande surprise nous n'étions pas le groupe dont tout le monde attendait le nouveau disque et que les contrats sont rares. On sait qu'on été absent longtemps, que l'offre est importante et que le public est aussi frivole que beaucoup de programmateur frileux. On a confiance en notre disque et espoir que les très bons retours qu'il suscite décoince un peu le bouzin.

Concernant le calendrier, Lofofora passe en priorité ?
Même si ce n'est pas évident, mais j'essaie de combiner les agendas des deux du mieux que je peux, il en va de même pour mes collègues qui ont aussi d'autres engagements. Après, on voit au coup par coup en privilégiant la formule : "premier arrivé, premier servi".