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Numéro :
Mag #59
Il est beau, il est vert fluo, voici le Mag #59 avec Shaârghot en tête d'affiche, ils font partie des groupes interviewés avec Karras, Neighboring Sounds, It It Anita, BBCC et aussi un membre de La Fabsonic. Tu trouveras également dans ce nouveau magazine un gros dossier Nantes Metal Fest avec live report, photos et interview d'un des organisateurs ! Au menu encore des compte-rendu des concerts de LLNN, Forever Pavot, Mass Hysteria ou Girls In Hawaii et comme d'habitude, des dizaines de photos de concerts, des chroniques et un partage de tuyaux made in HuGuiGui !
Après Eric, Guillaume Circus et JC Forestier, c'est à mon humble personne qu'il revient de se pencher sur la nouvelle production de Lysistrata pour le W-Fenec mag. Dire que tout le monde aime le groupe au sein de la rédac' semble une évidence. Tout comme écrire que la nouvelle prod du trio de Saintes est redoutablement réussie !
Troisième album de la formation (toujours chez l'excellent label Vicious Circle) et pensé dès les évènements sanitaires de ce début de décennie (presque un bail, en quelque sorte), Veil est une œuvre sonore pantagruélique qui nécessite une certaine attention pour profiter de tous ses secrets. Et le cœur bien accroché aussi, tant le groupe explore et imbrique avec brio et sans condescendance des univers musicaux divers et variés pour façonner une musique d'une violence émotionnelle et d'un raffinement rare. Naviguant sans chavirer dans les eaux troubles de la noise déstructurée ("Rise up" au final hypnotique, "Trouble don't last") et menant sa barque avec vigueur et volupté dans les vagues turbulentes de l'indie post-hardcore ("Acid to the burn" rappelant les belles heures d'At The Drive-In, "Artifice"), Lysistrata ne change pas de cap quand il s'agit d'expérimenter, construire, assembler et faire voler en éclats les cases dans lesquelles on pourrait classifier sa musique. L'un des points communs de toutes ces missives (dix au total) réside dans l'intelligence et la fraîcheur des compositions, sans oublier une exécution impeccable. L'apport d'un producteur extérieur (une première pour le groupe) en la personne de Ben Greenberg (Metz, Beach Fossils) n'est peut-être pas étranger à tout ce remue-ménage savamment orchestré et brillamment torturé, mais il est indéniable que les trois Lysistrata maîtrisent la noise et les tubes ("Feel the shine" va faire un carton, croyez-moi).
Sans brouiller les pistes (même si le morceau acoustique ouvrant le disque peut sembler surprenant) et doté d'un indéniable talent (qui ne date pas d'aujourd'hui), on ne peut que constater que Lysistrata est dans une forme olympique (les musiciens ont choisi la bonne année, on dirait !), et que la tournée qui s'annonce va être chaude bouillante.
Partons d'une des dernières phrases du press kit : "Park c'est un peu la fête de fin d'année en entreprise, où les collègues désinhibés finissent par montrer leur vrai visage !" suivant les propres mots de Frànçois Atlas, qui représente la moitié du groupe en "tête d'affiche" ou un quart de l'effectif. L'autre moitié ou les 3 quarts restants sont constitués de Lysistrata.
Et donc cette phrase de la bio intrigue tant il est facile d'imaginer que la désinhibition des uns peut être aux antipodes de l'autre... et que ce point de rencontre entre les deux entités se fera au détriment des uns ou de l'autre. Il n'en est rien. Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas dit-on, Lysistrata a donc rencontré l'Atlas. Après une rencontre lors d'un festival, les quatre ont décidé de créer ce projet et grand bien leur en a pris. Johannes Buff à qui ils ont confié l'enregistrement et qui a entre autres travaillé avec Thurstone Moore a pu donner du relief aux compositions enregistrées sur cassettes lors des répétitions. La nouvelle formation a donc produit 10 titres dont un en français pour sceller cette union. Et finalement les collègues de travail ont un beau visage quand ils sont désinhibés. Le groupe peut ainsi citer sans rougir Pavement, Sparklehorse ou Yo La Tengo tant ce LP est bien ficelé. C'est assez étonnant de voir les deux formations sur un terrain d'entente rock alternatif, bien plus énervé que ce que peut faire Frànçois et bien plus calme que le tumulte habituel de Lysistrata.
Et c'est un rock indé qui ressort de cette écoute, une ballade dans le "Park" et une certaine sérénité qui ne rime en aucun cas avec mollesse. Un album que personne n'attendait, que personne n'imaginait et que tout le monde risque d'apprécier.
On ne va pas présenter les p'tits Charentais. Normalement, si vous suivez le W-Fenec, vous vous intéressez un minimum (voire plus) au rock et vous devriez forcément avoir entendu parler de Lysistrata, ça fait trois ans qu'ils sont partout et notamment dans nos pages. C'était déjà amplement mérité mais le tremplin boisson apéritif anisé est bien loin maintenant et ce n'est pas ce deuxième album, Breathe in/out qui va changer la donne. Au contraire, aurais-je envie de dire.
Que s'est-il donc passé depuis The thread, sorti quasi deux ans, jour pour jour avant celui-ci ? De l'expérience, des rencontres, des tournées, plus d'une centaine de concerts et l'envie de composer, proposer des nouveaux morceaux, comme pour tout jeune groupe bouillonnant de leur trempe. Neuf en l'occurrence, sur un disque de cinquante minutes, qui marie à merveille cohérence, continuité et évolution. Cohérence car l'album s'écoute d'une traite (ou de quatre traites quand tu retournes les faces transparentes du double LP), sans aucun temps mort mais avec quelques respirations bienvenues, néanmoins. Continuité car dès les premières secondes, premiers riffs de "Différentes créatures", on n'est nullement surpris. Ils ne se sont pas mis au doom ou à la J-pop, on retrouve bien l'indie noisy rock catchy du trio (mélangé à du post hardcore et math rock), qui nous attrape d'entrée pour ne plus nous lâcher, à base de breaks, montées, changements de rythmes, contretemps, guitares et basse saturées et autres passages plus posés. Les influences de Fugazi, At The Drive-In, Battles (mais pas que) sont toujours là. Évolution enfin car si j'aimais bien ce qu'ils faisaient avant, je ne m'y retrouvais personnellement pas toujours dans la durée, avec les nombreux enchaînements de plans et morceaux qui partaient tous azimuts, s'étiraient sur la longueur... Bon, ça c'est mon côté pop, couplets - refrains. Et là, donc, j'ai l'impression qu'ils ont davantage écrit des chansons que des morceaux, justement et j'adhère, j'adore. Le chant, un peu emo (et crié sur "Boot on a thistle") est bien plus présent et si les titres conservent leur complexité (5 minutes en moyenne), on retient plus de structures, de mélodies. C'est le cas par exemple sur "Scissors", où l'on ne peut que saluer l'utilisation osée mais bien trouvée de la cowbell à la batterie mais aussi "Mourn", "Everyone out" ou encore "Against the rain". Tous en fait avec cependant un morceau épilogue, "Middle of march" quelque peu différent, qui rappelle Microfilm de Poitiers, pas très loin de leur contrée.
Pour conclure, on peut affirmer sans sourciller que le job a été plus que bien fait et s'enorgueillir d'avoir un tel groupe qui marche en France. Un conseil peut-être, qu'ils continuent à faire comme bon leur semble, ça leur réussit plutôt pas mal mais à l'image du titre de l'album, qu'ils prennent aussi le temps de souffler pour éviter l'hypoxie et le split. On a envie de toujours parler d'eux pour leur cinq ou sixième album.
Alors, il faut le savoir : Ben Amos Cooper, Max Roy et Théo Guéneau, les membres de Lysistrata ont découvert la potion magique pour ne plus devoir passer un tiers de la journée à dormir, afin de satisfaire ce type de besoin vital primaire. Autrement, comment expliquer que dans la seule année 2017, ils puissent remporter le prix Ricard Tour S.A. Live Music, sortir leur deuxième EP Pale blue skin, enchaîner une centaine de concerts en France avec quelques dates européennes, sortir leur premier LP The thread, en octobre 2017 et continuer de tourner dans toutes les salles ? Alors, oui, cela pourrait être humainement possible si The thread était dans la continuité de Pale blue skin, une extension de leur première oeuvre, un prolongement stylistique : on glisse quelques réinterprétations, on ressort un titre écarté lors du premier album, on peut même finir par une petite séquence live histoire de montrer qu'on est un groupe de scène. Bon, ils ont tout de même réinterprété deux tracks issus de leurs deux précédents mini albums. Pour le reste, eh bien Lysistrata a surtout pris le temps de faire évoluer son style, de peaufiner l'atmosphère, de travailler les textes.
AvecThe thread, Lysistrata continue de proposer un rock complexe et polymorphe. On pourrait essayer d'y rattacher plusieurs étiquettes, comme math-rock, post rock, noise... disons simplement qu'ils s'amusent à jouer du rock, tout en cassant les codes et les structures classiques. On oublie le intro / couplet / refrain / (....) / pont / refrain / outro, on se fiche des 3 minutes 30 de rigueur pour une bonne chanson. Lysistrata explose les schémas préconçus, balance des titres de moins de 2 minutes ou qui dépassent les 11 minutes, en sectionne certains en plusieurs actes, enchaîne les gifles sonores avec les caresses mélodiques. Mais le trio ne cherche pas non plus à partir dans l'expérimentation débridée voire inaudible. Dans toute l'exubérance de The thread, il y a une réelle cohérence musicale, un style personnel que l'on avait apprécié dans les premiers albums, qui se prolonge avec une teinte plus sombre. Les textes traitent de mal être, d'angoisses, de tentative de suicide avortée. Avec des airs de At The Drive-In, Lysistrata attaque et secoue l'auditoire avec "The thread", ou "Answer machine". Il chatouille aussi sur "Dawn", petite instru dissonante, sympathique et atmosphérique. Et il conclue avec une énorme pépite de 11 minutes, "The boy who stood above the earth" : la mise en abyme d'un fait divers raconté par l'écrivain Joseph Campbell pour illustrer le thème de l'héroïsme dans la société moderne. L'acte de bravoure d'un policier qui, à Hawaï dans les années 80, voulant empêcher un suicidaire de sauter d'une falaise, manqua de tomber avec lui.Lysistrata intègre des bribes de son récit, rajoute sa vision de l'histoire et envoie une bande son superbe envoûtante et imprégnante. Une splendide réflexion philosophique humaniste et introspective.
Lysistrata est une comédie d'Aristophane de moins 411 avant JC et la société Ricard est surtout connue pour ses boissons anisées qui font un malheur dans les campings. Le rapport dans tout ça ? Eh bien si la société Ricard a fait tourner pas mal de groupes depuis 1988, avec des styles assez variés mais plutôt orientés radio yaourt dans des séries de concerts gratuits (oui, il y a eu Johnny, Yannick Noah, Shy'm...), elle attribue depuis 2010 le prix Ricard SA Live Music, dont la finalité est autrement plus sympathique : car au lieu de donner encore de l'espace médiatique à des artistes qui en ont déjà parfois bien assez (Johnny quoi !), elle file un bon coup de pouce à un groupe émergent (clip, EP, série de concerts, et accompagnement pendant une année). Et soyons honnêtes, si les derniers lauréats proposaient du rock sympathique mais calibré pop rock, pour 2017 c'est Lysistrata et son excellent post rock qui gagne la timbale. Et je remercie grandement les vendeurs d'anisettes d'avoir souhaité mettre en lumière Lysistrata et son style musical plutôt atypique au regard des précédents récompensés.
Assez parlé marketing et parlons musique : Lysistrata est un trio originaire de Saintes, de vingt ans de moyenne d'âge. Il se compose de Théo Guéneau (guitare/chant), Max Roy (basse/chant), Ben Amos Cooper (batterie/chant). Après avoir sorti un premier un premier LP en janvier 2016 (Bicycle holiday), ils viennent de signer chez Vicious Circle et sont en préparation d'un nouvel album fin 2017. Ils définissent leur style musical « post un peu tout » mais c'est loin d'être du n'importe quoi. Pale blue skin, leur carte de visite de 4 titres, le démontre parfaitement : le mini album commence pourtant avec « Small box », un bon rock classique, tout est en place, structuré, chants en anglais, très brit rock, on pense être partis pour une balade un peu plombante mais au bout d'une minute trente, l'enveloppe se craquelle, la guitare se contorsionne, les hurlements apparaissent et on change de dimension. Ça part en live, ça hurle, la ballade tourne à l'épreuve de force. On enchaîne sur « Pantalonpantacourt », dans un post rock énergique et délicieux, technique et mélodique, quasi instrumental. S'ensuit « Pierre feuille ciseaux », endiablé et sautillant, morceau instrumental seulement ponctué de quelques joyeux «houhouh» insolites. Et la ballade se termine sur « Sugar and anxiety », une séance de 7'27 minutes de tutti frutti noisy, math rock, rock, bref, la totale.
Lysistrata joue déjà avec toutes les nuances du rock. Avec vingt ans de moyenne d'âge, ils ont le talent et la vie devant eux pour en explorer tous les chemins, et c'est avec plaisir et beaucoup d'attente que l'on va prendre la route avec eux.
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