Lysistrata - Pale blue skin Lysistrata est une comédie d'Aristophane de moins 411 avant JC et la société Ricard est surtout connue pour ses boissons anisées qui font un malheur dans les campings. Le rapport dans tout ça ? Eh bien si la société Ricard a fait tourner pas mal de groupes depuis 1988, avec des styles assez variés mais plutôt orientés radio yaourt dans des séries de concerts gratuits (oui, il y a eu Johnny, Yannick Noah, Shy'm...), elle attribue depuis 2010 le prix Ricard SA Live Music, dont la finalité est autrement plus sympathique : car au lieu de donner encore de l'espace médiatique à des artistes qui en ont déjà parfois bien assez (Johnny quoi !), elle file un bon coup de pouce à un groupe émergent (clip, EP, série de concerts, et accompagnement pendant une année). Et soyons honnêtes, si les derniers lauréats proposaient du rock sympathique mais calibré pop rock, pour 2017 c'est Lysistrata et son excellent post rock qui gagne la timbale. Et je remercie grandement les vendeurs d'anisettes d'avoir souhaité mettre en lumière Lysistrata et son style musical plutôt atypique au regard des précédents récompensés.

Assez parlé marketing et parlons musique : Lysistrata est un trio originaire de Saintes, de vingt ans de moyenne d'âge. Il se compose de Théo Guéneau (guitare/chant), Max Roy (basse/chant), Ben Amos Cooper (batterie/chant). Après avoir sorti un premier un premier LP en janvier 2016 (Bicycle holiday), ils viennent de signer chez Vicious Circle et sont en préparation d'un nouvel album fin 2017. Ils définissent leur style musical « post un peu tout » mais c'est loin d'être du n'importe quoi. Pale blue skin, leur carte de visite de 4 titres, le démontre parfaitement : le mini album commence pourtant avec « Small box », un bon rock classique, tout est en place, structuré, chants en anglais, très brit rock, on pense être partis pour une balade un peu plombante mais au bout d'une minute trente, l'enveloppe se craquelle, la guitare se contorsionne, les hurlements apparaissent et on change de dimension. Ça part en live, ça hurle, la ballade tourne à l'épreuve de force. On enchaîne sur « Pantalonpantacourt », dans un post rock énergique et délicieux, technique et mélodique, quasi instrumental. S'ensuit « Pierre feuille ciseaux », endiablé et sautillant, morceau instrumental seulement ponctué de quelques joyeux «houhouh» insolites. Et la ballade se termine sur « Sugar and anxiety », une séance de 7'27 minutes de tutti frutti noisy, math rock, rock, bref, la totale.

Lysistrata joue déjà avec toutes les nuances du rock. Avec vingt ans de moyenne d'âge, ils ont le talent et la vie devant eux pour en explorer tous les chemins, et c'est avec plaisir et beaucoup d'attente que l'on va prendre la route avec eux.