Lysistrata - Breathe in/out On ne va pas présenter les p'tits Charentais. Normalement, si vous suivez le W-Fenec, vous vous intéressez un minimum (voire plus) au rock et vous devriez forcément avoir entendu parler de Lysistrata, ça fait trois ans qu'ils sont partout et notamment dans nos pages. C'était déjà amplement mérité mais le tremplin boisson apéritif anisé est bien loin maintenant et ce n'est pas ce deuxième album, Breathe in/out qui va changer la donne. Au contraire, aurais-je envie de dire.

Que s'est-il donc passé depuis The thread, sorti quasi deux ans, jour pour jour avant celui-ci ? De l'expérience, des rencontres, des tournées, plus d'une centaine de concerts et l'envie de composer, proposer des nouveaux morceaux, comme pour tout jeune groupe bouillonnant de leur trempe. Neuf en l'occurrence, sur un disque de cinquante minutes, qui marie à merveille cohérence, continuité et évolution. Cohérence car l'album s'écoute d'une traite (ou de quatre traites quand tu retournes les faces transparentes du double LP), sans aucun temps mort mais avec quelques respirations bienvenues, néanmoins. Continuité car dès les premières secondes, premiers riffs de "Différentes créatures", on n'est nullement surpris. Ils ne se sont pas mis au doom ou à la J-pop, on retrouve bien l'indie noisy rock catchy du trio (mélangé à du post hardcore et math rock), qui nous attrape d'entrée pour ne plus nous lâcher, à base de breaks, montées, changements de rythmes, contretemps, guitares et basse saturées et autres passages plus posés. Les influences de Fugazi, At The Drive-In, Battles (mais pas que) sont toujours là. Évolution enfin car si j'aimais bien ce qu'ils faisaient avant, je ne m'y retrouvais personnellement pas toujours dans la durée, avec les nombreux enchaînements de plans et morceaux qui partaient tous azimuts, s'étiraient sur la longueur... Bon, ça c'est mon côté pop, couplets - refrains. Et là, donc, j'ai l'impression qu'ils ont davantage écrit des chansons que des morceaux, justement et j'adhère, j'adore. Le chant, un peu emo (et crié sur "Boot on a thistle") est bien plus présent et si les titres conservent leur complexité (5 minutes en moyenne), on retient plus de structures, de mélodies. C'est le cas par exemple sur "Scissors", où l'on ne peut que saluer l'utilisation osée mais bien trouvée de la cowbell à la batterie mais aussi "Mourn", "Everyone out" ou encore "Against the rain". Tous en fait avec cependant un morceau épilogue, "Middle of march" quelque peu différent, qui rappelle Microfilm de Poitiers, pas très loin de leur contrée.

Pour conclure, on peut affirmer sans sourciller que le job a été plus que bien fait et s'enorgueillir d'avoir un tel groupe qui marche en France. Un conseil peut-être, qu'ils continuent à faire comme bon leur semble, ça leur réussit plutôt pas mal mais à l'image du titre de l'album, qu'ils prennent aussi le temps de souffler pour éviter l'hypoxie et le split. On a envie de toujours parler d'eux pour leur cinq ou sixième album.