Lysistrata 2017 a été énorme pour vous (ndlr : plus de 70 concerts, sortie de l'EP Pale blue skin, du LP The thread, les inouïs du Printemps de Bourges, le trophée Ricard S.A. Live Music), c'était l'année de Lysistrata ?
C'est vrai que ça a bien carburé cette année, c'était un peu la course.

Le déclic, ça a surtout été le trophée Ricard ?
Bon, concernant les questions sur le trophée Ricard, on n'y répond plus. On en a trop parlé, il y a des articles sur Internet si vous avez besoin d'informations à ce sujet. Et puis on ne voit pas ça comme un trophée, mais plutôt comme une expérience. À chaque expérience avec Lysistrata, on en sort toujours un peu plus grand.

Désolé mais concernant le trophée Ricard, c'est une prouesse d'avoir été choisi par un jury qui est toujours resté dans un pop rock assez classique ces dernières années.
Je vais faire un effort pour répondre à celle-là... On trouve ça cool qu'ils aient choisi un groupe comme nous. La tournée Ricard était au-delà de l'éclectisme. C'était le choc des cultures mais on y est allé sans rien lisser du tout. Tant mieux que Ricard ait fait ce choix de mettre du rock au menu cette année. On espère que ça va continuer d'ailleurs.

The thread est arrivé très rapidement, qu'est-ce qui a motivé la sortie de l'album malgré une année très chargée et Pale blue skin qui venait à peine de sortir ?
On avait prévu de sortir l'album avant que Ricard n'entre en jeu. Ça faisait longtemps qu'on voulait sortir nos morceaux sur un truc officiel. C'est quelque chose qui nous tenait vraiment à cœur. Du coup, on a dû sortir Pale blue skin avec Ricard et de toute façon on savait qu'on voulait enregistrer l'album. Un EP n'a pas une vie très longue et on voulait vite passer à l'enregistrement de nos morceaux. On était vraiment excité à l'idée d'enregistrer. Donc notre seule motivation de sortir cet album, c'était l'envie.

Parlons de The thread, les textes sont plus présents et le chant évolue également. On trouve parfois des similitudes avec At The Drive-In, c'est l'une de vos influences ?
At The Drive-In fait partie de nos influences, au même titre que toute la musique qu'on écoute aujourd'hui nous influence d'une certaine manière. L'idée étant de prendre du recul par rapport à toute cette masse influente pour en faire un truc qui te ressemble. On écoute Karate, Polvo, Peter Kernel, Russian Circles, Erik Satie et les Beatles.

L'atmosphère et les thèmes abordés sont plus sombres. C'est fini les titres comme "Pierre feuille ciseaux" ?
Le truc étant de ne jamais se fixer de limite, dans la compo comme dans les textes, sinon t'es fichu. Peut-être qu'on abordera des thèmes méga innocents encore, on ne sait pas. On aime bien quand les textes qu'on écrit nous prennent aux tripes. C'est là que la dépression, la peur, l'anxiété, le doute, sont des thèmes qui nous touchent. Après, peut-être qu'on écrira des textes plus engagés un jour parce que ça nous tient aussi à cœur. On n'en sait rien du tout.

Il y a notamment "The boy who stood above the earth", superbe et étonnant morceau qui prend son origine sur les dialogues télévisés entre Bill Moyers et l'écrivain joseph Campbell. Comment s'est passé le processus de création ?
Le morceau est parti de ce sample de Joseph Campbell. C'était incroyable la façon dont il parle. Il utilise des termes simples pour parler de quelque chose de sensible et n'utilise pas un langage de philosophe qui se regarde parler. Le riff de départ s'est trouvé en résidence. Puis il s'est étoffé. Ça a pris beaucoup de temps pour finir de composer ce morceau. Toute la fin à partir du spoken word de Ben (batterie) a pris naissance en concert. C'était de l'impro ce passage en live, puis au fur et à mesure tout s'est clarifié.

Lysistrata - Pale blue skin En 2018, vous continuez à écumer les salles, les vacances c'est pour quand ?
"On dormira quand on sera mort." Jeanne D'Arc.

Internet, les réseaux sociaux, vous les utilisez beaucoup, vous êtes très actifs sur Facebook. C'est indispensable ou cela est naturel pour vous ?
On aime bien faire ça. On le prend beaucoup au second degré, on trouve l'outil ludique pour le groupe. Pour Lysistrata, ça nous fait marrer de poster des photos à la con. C'est assez naturel en fait. Si ça nous faisait chier, on ne posterait rien.

D'ailleurs, sur votre page de présentation Facebook, vous changez souvent les items (en ce moment, "artistes que nous aimons : Maroon 5, Gorgoroth, Pierre Billon", "genre : Loud"), vous en avez marre qu'on vous colle des étiquettes ?
Encore un signe qu'on utilise Facebook pas vraiment au super sérieux. On avait envie de marquer des conneries. Sinon oui, c'est chiant de coller des étiquettes. L'autre jour on discutait avec We Insist! et on se disait qu'on se mettait un peu dans une sorte de rock inclassable. Du coup, on dit rock "alternatif" parce que parfois ça alterne.

Vous avez tourné avec beaucoup de groupes, lesquels sont, selon vous, à ne absolument pas rater ?
We Insist!, Papier Tigre, It It Anita, Totorro, Ropoporose, tRuckks (oui ça s'écrit comme ça), No Metal In This Battle, Robot Orchestra, Nursery, Lingua Nada, PAUS, Equipe de Foot. Après ça, vous pourrez mourir tranquille.

Vous avez grandi et fait votre culture musicale avec quels artistes ?
Au début des trucs basiques de rock 70's. Chacun avait une culture différente. Quand j'ai rencontré Max et Ben, j'avais vraiment l'impression de rien connaître à la musique. Eux ils connaissaient Ian Dury et les Beastie Boys. C'était la révolution. Puis on a remonté les années jusqu'à la décennie de notre naissance. Donc les années 90's et là on a vraiment switché. On a découvert les Thugs, Sonic Youth, Radiohead, Papier Tigre, We Insist!, Zarboth, Fugazi.

Vous avez rejoint Vicious Circle, label de qualité. Comment s'est fait la rencontre, et qu'attendez vous de ce label, grandir un peu plus ?
La rencontre s'est faite aux Transmusicales de Rennes en décembre 2016, puis on s'est revu sur Bordeaux autour d'un thé pour discuter. On a tout ce qui nous plait dans ce label. La passion de la musique, la bonne entente, la confiance. Philippe et Guillaume sont devenus des amis. Comme tous ceux qui travaillent avec nous d'ailleurs.

Le W-Fenec a fêté ses 20 ans, votre moyenne d'âge est environ de 20 ans, vous vous voyez où dans 20 ans ?
On a pas envie de s'imaginer où on sera. En tout cas pas dans un Zénith.