A Lucky Pilot - Echoes Of Weird Nostalgia Ancien guitariste de Lust - groupe de (post-)rock originaire de Besançon, auteur de quelques albums dans les années 2000 dont un enregistré sous la houlette de Steve Albini - Bruno de Bona a pris un virage en solo en 2004. C'est sous le patronyme A Lucky Pilot qu'il a conçu trois albums dont le premier est sorti en 2006, suivi d'un deuxième en 2014, puis d'un troisième qui est paru en septembre de l'année dernière. Cela fait peu de production en 17 ans, mais le désormais Bourguignon (il était basé à Londres pendant plus de dix ans) est du genre patient. Voire peut-être ultra-méticuleux. Et ça se ressent dans cet Echoes of weird nostalgia, une œuvre musicale faite-maison soignée dans les détails, riche en émotions et passionnante pour laquelle son géniteur est passé par pas mal de phases de découragements et de remises en question. Le fait d'être seul, sans aucun doute.

Les racines post-rock de Bruno se fondent inévitablement dans les plages de ce nouvel album ("Yerself", "Glitches"), mais le réduire uniquement à cela serait totalement stupide et malhonnête. A Lucky Pilot exploite d'autres pistes sonores comme le drone ("Attention span deficit"), l'ambient ("Things you have never seen", "Winter blues"), des tissages rythmiques électroniques entremêlées de guitares plus ou moins délicates ("A little fire", "D.U.S.K.") et des réminiscences d'airs mélancoliques d'indie-rock (dont l'envoutante "Departures" guidée par un talk-over désespéré). Un cocktail de frissons propices aux bons comme mauvais souvenirs, à la nostalgie, aux rêves, au voyage assurément (au sens propre comme au figuré), avec une esthétique sonore apostrophant grandement ce spleen que tout le monde a connu un jour ou l'autre dans sa vie.

Dans le cas de son auteur, il s'agit peut-être d'une crise de la quarantaine, du bouleversement de son retour en France ou simplement les sentiments profonds qui l'ont hanté durant la conception de ce disque et les conséquences d'une solitude compliqué à endurer. Peu importe, Echoes of weird nostalgia m'a touché, et pour un gars comme moi qui n'est plus très fan de post-rock et de plages instrumentales lentes et mollettes, c'est plus qu'un compliment.