Le premier mot que mon esprit projette après une succession d'écoutes du nouvel album du quatuor russe féminin Lucidvox est "densité". On peut dire qu'avec That's what remained, Alina (chant), Galla (guitariste), Nadya (batterie) et Anna (basse) occupent le terrain sonore, c'en est même oppressant sur le long terme. Mais il y a une raison : elles ne sont pas seules, puisque le trompettiste Timur Mizinov (Wooden Whales), la violoniste Dasha Avramova, le guitariste Dmitry Chesnov, la choriste Ella Bayisbaeva et une chorale d'enfants sont venus apporter leur contribution à cette œuvre sortie chez Glitterbeat Records et Modulor. Leur rock psychédélique, chanté en russe et teinté de shoegaze, de post-punk et d'un soupçon de prog parfois, dévoile un univers riche en harmonies (le travail des voix est majestueux) dans un décorum varié en rythmes et en styles. Tantôt sombre et mélancolique, tantôt puissante et salvatrice, la musique hypnotisante de Lucidvox est méthodique et sait merveilleusement bien orchestrer les ressentiments de ses génitrices suite aux bouleversements qu'elles ont subi (COVID, guerre russo-ukrainienne...). En bref, une œuvre cathartique dont l'odeur est celle de braises encore fumantes.
Publié dans le Mag #60