Loons - Cold flames On pourrait se croire du côté de Seattle en 1990 mais non, on est bien en 2022, proche de Montpellier. C'est en tout cas l'impression que j'ai eue en découvrant le très très jeune trio, pour un concert tout en larsens et en cris à la Secret Place TAF début mai.

C'est piqué d'une certaine curiosité que j'avais écourté l'apéro pour arriver à l'heure et ne pas rater cette première partie. En effet, le label Head-Records, bien que relativement diversifié est généralement plutôt orienté vers des groupes math / noise hxc / doom, tels Marvin, Pneu, Verdun pour ne citer qu'eux. S'il s'intéresse à un groupe moins torturé, moins complexe, plus « rock » (comme Classe Mannequin en 2016, "I don't mind", ce tube !), il doit forcément y avoir une bonne raison. En l'occurrence ici il y en a cinq des bonnes raisons, comme autant de morceaux qui composent ce premier EP, livré dans un cd digipak.

Quand je parlais de très jeune trio, c'est un doux euphémisme car je ne crois pas qu'un seul des trois musiciens ait encore soufflé ses 20 bougies. Déjà ça force le respect et une certaine bienveillance et la surprise était d'autant plus grande en voyant le guitariste / chanteur arborer un teesh Drive Blind. Ça change de Jul et Sexion d'Assaut. Bon, Rémi Saboul (guitar hérault) étant spécialement remercié pour ce disque, il doit y avoir quelques liens et connexions à démêler. Et si vous ne connaissez pas Drive Blind, foncez sur Be a vegetable, album sorti en 1996 et réédité trente ans après par... oh comme c'est bizarre, Head-Records, avec quelques bonus dont l'inédit tubesque "Wrecking". Mais revenons à nos jouvenceaux qui tentent d'entretenir la flamme. Du fait de cette jeunesse, la fougue qui va avec, de ce teesh, ils marquent plein de points sympathie et on va excuser quelques petites imperfections. Un son qui gagnerait à être plus massif, ce à quoi on pourrait me rétorquer que c'est cohérent de sonner comme dans les 90's pour un groupe se revendiquant de ces années. Des chansons peut-être un poil trop longues, ça m'avait marqué en concert et cela se vérifie sur disque (26 minutes pour 5 titres), alors qu'elles renferment de très bonnes idées comme sur "Wings", "Blizzard" ou "Bliss". Après c'est vraiment pour chipoter car force est de constater qu'ils affichent pour leur âge une maturité plus qu'impressionnante et qu'à l'instar de Lysistrata, dont ils se sentent proches, à juste titre et pour qui j'avais les mêmes réserves au début, ils ont tout pour jouer eux aussi dans la cour des grands. C'est tout le mal que je leur souhaite et je vais suivre leur évolution et la façon dont ils soufflent sur les braises du rock de près.