Au début des années 2000, une vague émo-rock renversait l'Angleterre alors qu'émergeaient des groupes qui ont plus ou moins tenu la distance (Funeral For A Friend, The Blueprint, The Lost Prophets, Hundred Reasons, The Hurt Process...), c'est à eux que j'ai immédiatement pensé en découvrant Lonely The Brave. Le groupe s'est monté en 2009 sur les cendres de projets qui n'ont jamais vraiment aboutis avec autour de la voix de David Jakes, la guitare de Mark Trotter, la basse de Andrew Bushen et la batterie de Gavin Edgeley, les quatre n'enrôleront un second guitariste (Joel Mason) qu'un peu plus tard. En 2013, ils sortent un premier EP (Backroads) chez Hassle Records, un des labels londoniens les plus en vue (ils ont découverts Alexisonfire , Rolo Tomassi et 65daysofstatic et ont encore dans leur écurie Attack! Attack!, August Burns Red, Cancer Bats ou The Get Up Kids !). Enchaînant les festivals et les concerts avec Therapy? ou Deftones à Paris, par exemple, le groupe fait sensation auprès de tous ceux qui l'écoutent, leur premier album The day's war sort en septembre et ne fait que confirmer tout leur potentiel.
Lonely The Brave
Biographie > Eux ne sont pas seuls
Lonely The Brave / Chronique LP > Things will matter (Redux)
Rarement un groupe émergent comme Lonely The Brave aura sorti autant d'albums en si peu de temps (4 en 3 ans), surtout que pour la moitié d'entre eux, ce sont des versions "deluxe" ou ici "redux" qui valent vraiment le détour. Ici, le projet était simple sur le papier, pas forcément évident à réussir en studio car le groupe a repris tous les titres de Things will matter mais en virant toutes les guitares distordues ! Les mélodies sont mises en valeur par du piano, un peu d'électro, des arrangements, quelques effets, les morceaux trouvent un nouvel habillage, une nouvelle profondeur et il y a fort à parier que celles (oui, davantage "celles" que "ceux") qui n'avaient pas encore succombé aux charmes des Anglais finisse par tomber amoureuses. Jouer en version unplugged (pratique revenue à la mode ces derniers temps) n'est pas forcément aisé mais souvent efficace ("Diamond days" mais aussi l'inédit "Things will matter") mais cette solution "redux" n'est pas la plus utilisée, le combo ayant préféré totalement revisiter ses idées, ne conservant que les mélodies, véritable colonne vertébrale de leur travail. C'est beau, c'est délicat et ça va plaire à tout le monde (et donc peut-être pas à toi dont les poils se hérissent quand tout est trop poli).
Publié dans le Mag #30
Lonely The Brave / Chronique LP > The day's war - victory edition
Moins d'un an après la sortie (remarquée) de son premier album The day's war, Lonely the Brave le réédite en version double digipak luxueux avec comme surnom clin d'oeil "Victory edition". Artwork dans la continuité de la première sortie, premier disque identique, le "bonus" et l'intérêt de cette réédition réside dans la deuxième rondelle qui envoie, ni plus, ni moins que 12 "inédits".
Pour un groupe aussi jeune, ça semble incroyable, mais si on y regarde de plus près, pas tant que ça car parmi ces titres dits "inédits", il n'y a vraiment que quatre nouveautés. En effet, le groupe a retravaillé des compositions déjà existantes avec d'autres angles d'attaques, que ce soient les guitares, les arrangements ou les constructions de "Backroads", "Black saucers", "Deserter" ou "Islands", chacun de ces morceaux étant proposés en version "Redux", à toi de voir si tu préfères cette version ou celle que tu connais déjà. Oui, parce que si tu achètes ce double album, on peut imaginer que tu es déjà bien fan des Anglais... Sinon l'intérêt est assez limité... Et si jamais tu aimes disséquer les morceaux dans des versions différentes, tu n'en as pas terminé car le groupe est passé aux Angel Studios (comme Goldfrapp ou The XX avant eux) pour enregistrer quatre titres en live (les vidéos sont disponibles sur le net) dont "Trick of the light" et "Call of horses". Ils ont également capté leur interprétation de deux reprises : le superbe "Streets of Philadelphia" de Bruce Springsteen et le non moins éblouissant "All is full of love" de Bjork. Dans les deux cas, le combo arrive à poser sa patte sur des chansons qui ont une identité forte en conservant leurs forces. Un travail de grande classe surtout que le live ne permet pas trop les retouches... Si les comptes sont bons, restent donc un autre tiers de plages, celles qui sont vraiment inédites, "Control", "Oceana", "River, river" et "Science" sont dans la lignée des compositions présentes sur The day's war et on ne sait pas trop si ces titres ont été écartés au moment de l'enregistrement précédent ou s'ils ont été écrits ensuite, toujours est-il que la plupart sont déjà joués en live.
Au final, il y a trois solutions... Soit tu découvres l'emo-rock de Lonely the Brave avec la mise en avant de The day's war - Victory edition (ou leurs concerts en France du mois d'avril) et alors autant se procurer ce double album (vendu pour le prix d'un simple). Soit tu es déjà fan et, une fois l'objet acquis, tu pourras plus facilement prêter la première version à un pote (chacun sait qu'un grand nombre de bons CDs "prêtés" ne reviennent jamais jusqu'à leur propriétaire...). Soit tu t'en fous un peu et je me demande pourquoi tu as lu jusque là...
Lonely The Brave / Chronique LP > The day's war
Après une petite "Intro" instrumentale qui permet de découvrir la clarté du son du quintet, Lonely The Brave attaque avec les deux titres qu'il a choisi de mettre en avant ces derniers mois : "Trick of the light" et "Backroads", les deux singles, comme les autres morceaux, bénéficient d'un énorme capital sympathie de par la douceur de la disto des guitares et le timbre, si particulier, de David Jakes, à cela il faut ajouter des lignes mélodiques poignantes et une pluie de riffs sur une rythmique grave qui nous laissent contemplatifs. "Backroads" et l'un des trois titres déjà connus par le public averti (avec "Deserter" et "Black saucers" eux aussi présents sur l'EP) mais n'est pas selon moi le meilleur, la rage d'un "Islands", la vitesse d'un "Black saucers" ou à l'inverse la quiétude d'un "Dinosaurs" ou la pesanteur d'un "Call of horses" mettent tout autant les qualités d'écriture du groupe en avant, les singles choisis sont des morceaux médians, ni trop mous, ni trop enlevés, ils sont davantage passe-partout et ne reflètent pas l'étendue du talent de Lonely The Brave.
Car tout au long de ce premier album, les Anglais nous touchent avec une sensibilité à fleur de peau et savent doser leurs effets pour ne pas tomber dans le mélo larmoyant insupportable dont certains se sont fait une spécialité. Ainsi Lonely The Brave ressemble à un vrai groupe et pourrait être réellement un des meilleurs paris sur l'avenir à faire en cet été 2014. Certes, la presse anglaise a pour habitude de s'exciter un peu trop facilement mais pour le coup, ça n'est pas totalement inadéquat. Le plus dur pour eux commence maintenant, prouver qu'ils peuvent durer, résister aux pressions et continuer d'écrire de bons morceaux. Parce qu'on aimerait bien, dans le futur, éviter de se lamenter sur les qualités de ce premier album étalon en écoutant ses successeurs (confère Ash, Funeral For A Friend, Bloc Party...).